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Muséum d'Histoire Naturelle

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TOME SIXIEME

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MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE

MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE

BULLETIN

DU

MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE

TOME SIXIÈME

1900

'Nr:VV VOJ?K

PARIS

LMPRIMERIE NATIONALE

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BULLETIN "' ,,

DU

MUSÉUM D'HISTOIUK NATURfc:LLE.

ANNÉE 1900. J

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/il' RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSEUM.

00 .I.WVIER 1900.

PRÉSIDENCE DE i\I. MILNE EDWARDS,

DIRECTEUR DU MCSÉtlM.

M. LE PiîÉsiDENT dépose sur le bureau le huitième l'asoiculc du Bulletin pour Tannée 1899, paru le 3o janvier. Ce fascicule con- tient les communications faites dans la réunion du 26 décembre 1899, le titre et les tables du tome V.

Par arrêté niiniste'riel en date du 18 jan\ier, M. Robert du BuYssoN, délégué dans les fonctions de pn-paraleur de la chaire de Zoologie (lusecles et Crustacés), a été nommé préparateur (itu- lairc de la chaire, en remplacement de M. Teutrin, décédé.

Par arrêté ministériel du 1-2 janvier, M. (Jaudry, professeur de Paléontologie au Muséum d'histoire natui-elle, a été nommé asses- seur du directeur de cet établissement pour Tannée 1900.

COUKESPOiNDANCE.

M. L. Ardouin, capitaine au T'' tirailleurs tonkinois, écrit d'Ha- noï, le 1 -'i décembre 1899 :

Monsiem- le Directeur ,

Je viens d'être lixc déhnitivemeat sui- ma destination, et je m'empresse de vous en faire part.

iMllSKUM. VI. 1

2

Je dois rester à Hanoï peiiflant deux ans , à moins d'éve'neaieiils in- espérés.

Tout est calme au Tonkin ; la région elle-mèine de Quang-'IVliéou- Wan, la seule (jui pouvait laisser entrevoir quelques opérations de guerre, n'a jamais été si tranquille.

Aussi suis-je décidé à faire tout au monde pour obtenir nne mission scientifique qui me permettrait d'utiliser les quelques connaissances que jai ac(juises précédemment.

Le gouverneur général, M. Dounier, est d'ailleurs très partisan ilc ce genre de inissi;)n.

D'après les renseignements que j'ai recueillis, il favoriserait partictdiè- rement, je crois, une mission dirig('e sur le territoire de (Juang-Tchéou- Wan et sur file d'ffaïnan.

C'est nne contrée (t'actualité, sur laquelle on ne connaît encore que que très peu de chose, presque rien.

L'entomologie, parait-il, y serait assez curieuse à étudier.

M. M. WiLLAUMK adresse la ieltrc suivante, datée do Nossi-Hé, le 26 décenibi'e 1899

Monsieur le Directeur,

Au conrs d'une mission en France, an début de i8()(), j'ai eu riionneur d'entrer en relations avec M. Lacroix, professeur au Muséum.

Hevenu à Madagascar, en mai, pour y poursuivre mes études des ter- rains liouillers, je suis en mesure de donner des indications intéressantes, après sept mois de recherches pénibles sous ce climat débilitant de la zone maritime.

Grâce an bienveillant intérêt que M. Lacroix m'a témoigne' et aux faci- lités qu'il m'a donni'es . j'adresse au Muséum environ Aoo échantillons de la flore, de la faune et des dilTérenles roches constituant le terrain houilfer de la côte nord-ouest; je joins à cet envoi des coupes, une carte géo- l(»;;i(jue et un l'apport sommaire.

J'ai donc le grand honneur, Monsieur le Directeur, de vous prier de vouloir l)ien faire bon accueil aux résidlats de mes prennei's travaux. Je sei'ais heureux que la question fut surtout envisagée au point de vue in- dustriel, en dehors de ce qu'elle peut avoir d'inti'ressant au point de vue delà science, car la houille à Madagascar, c'est notre marine maîtresse de la mer des Indes, si elle le veut ; c'est du moins la secrète pensée qui me soutient dans mes efforts.

3

M. Lii D' JoLY, médecin-major de la Rance, écrit de Majunga, le 23 décembre 1899 :

J'ai le plaisir de vous envoyer, par ce même com-ier, pour les collections du Musdum , trois petites caisses. L'une contient les échantillons des roches composant tous les terrains de la baie d'Amposindana et des îles avoisi- sinantes ; l'autre, des fossiles provenant de la même région ; la Iroisième, des tubes renfermant des Insectes, quelques Poissons et quelques animaux marins. En outie , j'ai adressé à M. Boule , qui s'occupe spécialement de la géologie de Madagascar, des notes détaillées sur ce que j'ai constaté de la composilion des n'jjions nous avons mis le pied.

Les circonstances dépendant de ma vie maritime m"o:it empéclié de re- cueillir autant de documents divers que je l'aurais souhaité ; j'espère, du moins, que le peu que je vous envoie présentera quelque intérêt. D'ail- leurs, nous apprenons qu'au lieu de rester un an, comme nous le pensions au départ, nous passerons encore deux années à l'aire de l'hydrographie sur les côles malgaches; aussi j'espère pouvoir vous expédier de nombreux renseignements et échantillons d'histoire naturelle.

Nous resterons toujours entre le cap d'Ambre et le cap Saint- André. Nous avons déjà travaillé en ce dernier point ; mais je n'ai pu que très rarement et pendant peu de temps descendre sur la côte, toute de sable, de marais et de Palétuviers. Les équipes engagées pour faire la triangulation n'ont à peu près rien pu me rapporter. Elles y ont perdu un homme, et l'ingénieur, M. Driencourt, a , à la suite, être rapatrié.

Il y aurait bien des choses intéressantes à étudier ici, et en particulier les Coraux, mais, seul dans l'étroitesse de ma chandire, qui me sert de laboratoire , je ne me sens pas capable de tout entreprendre comme j'en auiais envie. Pounpioi une expédition scientitîque, comme une expédition hydrographique , ne serait-elle pas complétée par la présence à bord d'un naturaliste? A deux, on pourrait arriver à un sérieux résultat,

M. le professeur Bureau donne en ces termes un aperçu des collections entrées on 1899 et au mois de janvier 1900 dans les galeries de Botanique :

La publication des rapports annuels du Muséum , qui a duré un certain temps et a être suspendue pour des raisons économiques, nous donnait l'occasion d'exposer péiiodiqiiement le mouvement d'entrée des collections dans nos galeries, mouvement plus considérable qu'on ne se l'imagine généralement, surtout pour les chaires qui, comme la botanique, l'ento- mologie, la paléontologie, ont à recevoir et à classer un nombre considé- rable d'êtres.

1 .

Je crois qu une revision n'ayant pas l'ampleur de nos anciens ra])|Mtrls, mais sommaire, de ce (]ui a ('■lé lern dans l'année, n'esl })as sans ulilid' el peut trouver sa place dans le UiiUelin de la llôunhni. des n/ilui-dlislcs du Muscinn.

Dans l'année 1899, la chaire de botanique (classilicalion cl ramilles nalurelles) a reçu 18,162 échantillons, (l'est une année moyenne.

L'entrée de ces objets se décompose ainsi :

Par dons 5,5 a ^1

Par achats 5,1 30

Par les voyageurs de l'Etal ou du Muséum i:9*''

Par voie d'éiiiaiijje 5 37

lOTAL l.),lO'J

(lonime toujours , ce sont les dons qui donnent le chiiTie le [)lus l'oit, (jes échanlillons, suivant leur nature, se répartissent ainsi :

Eclianlilloiis d'herbiers 1 -iM^^h

l^Vuils 7^

Piaules fossiles 99

Bois usuels -ig/i

Produits el végétaux divers 54

Dessins et gravures 177

ToTVL ) 3,163

Tous, assnrc-ment. ne mi-ritenl pas A'tAiv conser\('s; ainsi la plupart do bois usuels ollerls par M"" La\ allée étaient (i('jà représentés dans les collec- tions. Ils [)rendiont, lorsqu'il y aiu'a lieu, la place d'échantillons moins beaux, et permettront de constituer une série de doubles fort instrucli\e, (pu pourra être oll'erle à quelque établissement public.

Des doubles se trouveront aussi dans les envois de nos voyageurs : dans ceux de M. Geay, qui a expion' le territoire contesté franco-brésilien: de M. Pobéguin, qui nous a envoyé un herbim- de la Grande-Gomore ; de M. Maclaud, à qui nous devons une connaissance plus conqilèle du Fouta- Djallon; de M. Chevalier, qui n'a pas ap[)orlé du Soudan moins de 1,200 échanlillons. Ces doubles ne seroiil jamais trop nombirux : car c'est seule- ment (^n les offrant coMuue (■clum<;e que nous pourrons olileiiir les collec- tions botaniques recneillies par les missionnaires scienlili([ues des gouver- nements étrangers , importantes séries cpii ne sont pas dans le commerce.

Des collecli(ms laites au Para, à (jayenne, à la Trinilad, etc., par M. Eugvne Poisson , lils de mon di-vom- assistant, il n'est pas à croire qu'on jtuisse prélever (pielque chose ; car M. Eugène Poisson les a faites dans un but particulier : l'étude des plantes à caoutchouc, et il lésa com-

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posées avec \m lel soin , qn'heihiers, fruits, produils, troncs incisés, tout se correspond, tout a été prc-pai'é de telle sorte qu'un botaniste ayant une lonpjUe expérience des voyages scientillques n'aurait pas mieux réussi.

Parmi les dons, nous trouverons aussi des doul)les dans les 3,5oo échan- lilions envoyés de la province du Se-Tchuen ((Ihinc) par le P. Farges, dans les 187 plantes de la Guinée française de \I. Paroisse, et dans les /iaa recueillies à Luçon par M. Loher et données par M. Bing- : mais les collec- tions numérotées qui nous ont ét(' offertes devront ("videjument entrer en entier dans nos herbiers. Tels sont , par exemple , Je nouvel envoi de la Société Rochelaise (i56 échantillons), les l^iscicules III, IV et V de VHie- raciotheca gallica et hispanicn, de MM. Harvey-Touvet et Gautier (296 ('chanlillous), etc.

Les collections numérotées dont je viens de parler sont des dons; mais il y en a bien d'autres qu'on ne peut avoir que par achat. L'habitude s'est introduite, depuis longtemps déjà, de publier des herbiers connue on pu- blie des livi'es. On fait 10, 90 et jusqu'à 100 herbiers semblables, et on les met en vente par fascicules généralement de 100 plantes, par cciiluries. Ce mot, bien français, a même donné naissance à un verbe qu'on cherche- rail vainement dans le dictionnaii-e de l'Académie : en langage de collec- tionneur, recueillir une espèce à cent exemplaires, pour une publication, c'est ce qu'on appelle centurie)' une ])lante. Les grandes collections numé- l'olées foi-ftiées de la sorte sont tellement conqiarables à des livres usuels de bolanique descriptive, qu'eu Allemajgne, et parfois en France, elles sont vendues par des libraires. Quoi qu'il en soit, elles ont leur place ol)ligée dans tous les grands musées botaniques, dont elles constituent peut-être le fonds le plus important, par la concordance et les termes de conq)araison lîxes qui résultent de leur présence dans ces établissements.

Nous n'avons eu garde de les négliger et de laisser se former dans notre herbier général des lacunes irréparables. C'est ainsi que nous avons acquis les trois derniers fascicules de ïHerbarium normale de Scbultz. aujourd'hui arrivé au trenle-neuvième; les plantes de Kabylie, de Reverchon; la Flora e.vaiccotrd amtro-hungarica , dont deux centuries, allant juscpi'à la ti'ente- dcuxième, ont paru cette année; une centurie de X Herbanuni Grœcum nor- male, de Heldi'eich; h^s Plantœ Schlechtcrianœ aiisiro-nfriranœ , cinquième envoi (^100 échantdlons) ; ÏHerbarium ausiro-africanum de Mac Owan. centuries 19 et 90; les plantes du Camerun, de Benker: les piaules de Por(o-Rico. de Sinlenis. etc.

Parmi les collections botaniques qui ont pris place dans nos galeries, par dons, par achats ou par voyageurs, pendant le cours de l'année iH()<), ce sont les plantes africaines qui dominent de beaucoup. Cela n'a rien d'étomiani , l'alhMilion gén(Tale ("tant porlt'C sur l'Afrique depuis cpiehpies années; e( je me félicite parliculièrement d'avoir pu faire entrer l'année (h'rnière dans les collections du Muséum G3o espèces de l'Afrique australe

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provenant en partie de rt^gions il ne serait peut-être pas prudent d'iier- boriser en ce moment-ci.

Pour la paléontologie végëtalo. j'ai à mentionner deux dons importants : l'un, des plantes fossiles du bassin de Paris recueillies par M, Fritel. pn'pa- ratenrau Muséum; l'autre, de tufs d'Algérie à empreintes végétales , dus aux rechercbes de M. Joleaud , sous-intendant militaire.

1! est entré au mois de janvier 1900 :

Par l'intermédiaii-e de M»' Biet, vicaire apostolique du Thibel, mie importante collection de plantes deTsé-Kou, localité de la province du Se-Tcbuen (Chine) située sur la frontière dn Thibet. C'est la première fois que le Muséum reçoit un herbier de celte région. 11 en possc^dait jusqu'ici seulement quelques échantillons, (jue le prince Henri d'Orléans avait pu se procurer.

9." Un herbier recueilli dans les en\ irons de Vladivostock et du lac llanka (Sibérie orientale), par M. Hugo lîobnhof, qui était parti avec une subvention du Muséum. Cet herbier renferme environ lioo espèces, cpii ne sont pas représenlées par moins de laoo échantillons. Il sera l'objet d'une étude ultérieure.

M. le D-" Gley offre à la Bibliothi'que, au nom do la Société de biologie, le volume jubilaire publié par cette Société à roccasion de son centenaire. Ce volume comprend 92 mémoires, dont |)lii- sienrs sont dus à des professeurs, assistants et préparateurs du Mu- séum.

M. Gley offre également, en son ^nom personnel, un mémoire intitulé : Les iroubles vasculnires, extrait du tome lll du Trculc de pnlhohgie générale du professeur Bouchard.

S. A. S. Albert I", prince de Monaco, dépose sur le bureau de la Bibliothèque du Muséum deux nouveaux fascicules (Xlll et XIV) du grand ouvrage intitulé : Résultats tics campagnes scientifiques ac- complies sur son yacht par Albert I", prince de Monaco, publiées snus la direction du D' Jules Richard.

Le fascicule XIH, par MM. Milne Kdwards et Bouvier, est con- sacré aux Crnstacées; le fascicule XV, par M. Berg, de Copen- hague, est consacré aux Nudibranches.

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M. le D' .1. HicnARD lait lioiiiniafre à la Bibliothèque de sou

lassai sur 1rs CrusUicés, thèse pour lo doctorat eu médeciue.

M. le directeur dépose sur le bureau, au nom de M. le D"" Victor Falio, de Genève, le deuxième volume de la Faune des Vertébrés de la Suisse {Oiseaux) qui vient de paraître et dont Tauteur offre un exemplaire à la Bibliothèque du Muséum. Depuis de longues années, M. Fatio s'occupe de l'étude des Vertébrés de la Suisse, auxquels il a déjà consacré plusieurs volumes. Il a décrit successivement les Mainmiteres, les Reptiles et les Poissons de ce pays, et il aborde aujourd'hui la foinie ornithologique qui est particulièrement riche et variée en raison de la configuration accidente'e du sol de la Suisse.

COMMIJIVICATIONS.

Deuxième voyage au SpirsuEnc,

PAU AlBICHT, prince Dli MoNAOO.

L'année dernière j'ai communiqué à la Société des Naturalistes cpielques inqMvssions d'une campagne que je venais de faire dans la région du Spils- ])('[■(>;. Vne campagne semblable. accompHe en 1899, me permet d'apporter anjourd'liui à la Société une note conqilémentaire sur le même sujet.

Mon itinéraire m'a conduit, cette fois, dii-eclement dans le nord du Spilsberg, 011 je voidais connnencer des travaux hydrographiques très né- cessaires pour la sécurité des navigateurs, car les seules cartes existantes des côtes de ce pays sont faites d'incertitude et d'erreur.

Six personnes étaient attaclii-es à mon laboratoire. MM. le docteur Ri- chard et Bruce pour la zoologie, Guissez, lieutenant de vaisseau dans la marine française, pour l'hydrographie, les docteurs Chauveau et Portier pour des recherches bactériologiques, et Smith, artiste peintre.

La Princesse-Alice quitta Tromsô le 38 juillet, doubla rextrémité' nord- ouest du Spitsborg le -16 et fut arrêtée ce même jour par les glaces, vers le 1 h" degré de longitude Est, sur sa route vers le détroit Hinlopen. Aussitôt je résolus de chercher un mouilhige le plus près possible de cette barrière, |)0ur y attendre qu'un passage s'ouvrît.

L'échancrure de côte située entre Fiat hook et «Biscayers hook^ et ap-

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poléo sur los carlos anglaises rrlicd bayr allira mon allenlinn ol . nialjnr les répujjnances de mon ])ilole des glaees Jolianssen, je lis roule veis ce (jiii paraissait en élre le fond. Le navire marehail, dans celle ciironslance, avir la plus grande lenteur possihle, et deux sondes foiiclionnaient sans inter- rupLion à l'avant el à l'anière, car la jirofondeur de l'eau diminuait ])arfois d'une manière inquiétante. Mais je persistai dans ma résolution, paice que la comparaison de la côte développée sous mes yeux avec les lignes indi- quées sur la carie me faisait sou|)çonner au delà de celles-ci un espace in- coiuui.

Effectivement, dans i'aprés-niidi , la Princcssc-Aitrc occupa derrière une pointe, que j'ai nonunée la rrPointe Bruce îi un mouillage ([ui me seinijleplus sûr, plus commode et plus vaste que tous ceux précédemmeul Aisitc'S par moi au Spitsberg. ( Fig. i . ).

"ij;. I . Vue du IoiilI de la J)aic' lied.

Notre tâche pour la saison en cours était tout indiqu('e |)ar cette décou- verte et , après avoir di'linitivemeut mouilli' la Priiicr.ssc-Alicr au point le plus favorable, je mis cha([ue mendirc de rexj)édilion à sa hesogne. Lliy- drograplue disposa de trois eud)a)Talions : un canot h vapeur, un ranol à |)(''lrole et une baleinière, montée par une douzaine d'hommes.

La première semaine s'écoula dans un travail assidu, (pii prenait la journée entière et qui entraînait presque tout le persoiuiel du laboratoire jusqu'à de grandes distances vers différents points de l'horizon. On lit des

(|u;iiitiLés (le soikIsjOCs et lOii mesura une Joule d'iuigles au lliéoflolite: on oscalarla les nionlagnes el les olaciers ponr l'iablir la lopograpliie soniniain' (lu ffliinlerlandn par la [)! (tiofjrammi'lrie. et, on rassembla beaucoup i\\'\<- menls zoologiqnes. botaniques et minfTaloojqnes. Knfin les nonibrpux glaciers (pii descendent des siqierbes montagnes de la côte occidentale et lancent à la mer des glaçons de toutes les tailles, par leur vêlage continu, furent (étudies et reproduits par la photographie ou la peinture.

Parmi les faits qui ont attiré mon attention dans ces circonstances, il en est deux que je mentionnerai ici, mais sans pouvoir leur donner une expli- cation. D'abord, et, du reste, parlant en général de tous les glaciers que j'ai vus au Spitsberg- . j'ai fait cette observation , que leur front avancé dans la mer semble, de loin, ilolter sur celle-ci, mais (jue, de près, il luontre sa séparation avec la sui'face de l'eau par un vide très régulier de o m. ao ou un peu plus, qui paraît se prolonger loin sous le glacier. Ceci s'ex{»li- querait facilement par l'usure de la glace baignée dans une eau relativement chaude et si le front du glacier s'appuyait par quelques points sur le fond de la mer; mais alors la différence des marées augmenterait et diminuerait, dans une oscillation régulière, la hauteur du vide. Or, je n'ai jamais pu constater la moindre variation de celte hauteur.

En second lieu, il semble que certains phfinomènes comparables à de petits raz de marée visitent assez fréquenunent les baies dans des condi- tions particulières. Un jour, tandis (jue le peinli'e de rex[)édilion travaillait au boi-d même de la baie Red, et que la mer était absolument calme, mic vague soudaine Ijalaya le rivage, laissant à forliste le temps de sau\er sa personne mais rien de plus.

D'autre pai'l. la Princesse Alice , mouillée dans divei'ses baies, a plusieurs fois ressenti, par un toTiips tout à fait beau, le passage subit de quehpics ondes qui lui donnaient un roulis assez fort pour i-éveiller beaucoiq) th'. gens, si c'était pendant les heiu'es de sommeil. Il ne semble pas que ce phi'nomène fût caiis{^ pai- le vêlage des glaciers, car on le constatait sans <{u'il eut été pn'cédé par le coup de tonnerre qui accompagne une pro- duction d'isberg c..j»able d'agiter ainsi la mer, et (|ui s'entend jus(|u'à hiiil ou dix kilomètres.

L'un des événements les plus remarquables de mon séjour à la baie Red fut la découverte, tout près de notre mouillage, d'un giand lac ayant quatre ou cinq kilomètres de longueur sur un ou deux de largeur, et qui. avec la dc'pression qui le contient, sépare nettement le massif du cap rrRis- cayersT) de la teire ferme. Il met prescpie en comuumication la baie IVd avec la mer et fait du massif rrRiscayersn uni' presqu'île, .le lui ai doniK- le nom de crRichardîi.

Le 2G juillet, ce lac était (Uicore gelé sur sa jilus grande étendue: i'(^s- sayai néanmoins de l'explorer assez |)our savoir s'il contenait des Poissons.

Un (ilet du genre trémail fut descendu sur le ïom] . avçc l'aide d'im canot

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lîertlion el non sans grande peine; mais il falliil construire un radeau pour le retirer. Il esl de'monlré, par cette expérience, que le lac Richard est habité [)ar un Sahnonidé (Sdlino (tlpimis): on obtint ces mêmes Poissons au moyen de lignes amorcéi's avec de la viande crue et, chose curieuse, on recueillit dans l'estomac de l'un d'eux un Bruant des neiges. Toutefois, ce lac n'offrant presque aucune nourriture pour des animaux aussi voraces, je pense qu'il leur sert surtout connue terrain de reproduction; et ce qui confirme une telle opinion, c'est la présence de beaucoup de ces Poissons, à un âge très tendre, sous les pierres du rivage.

Un déversoir composé d'un réseau de petits torrents, qui s'élargissent parfois en des séries d'étangs, met le lac Pdchard en communication avec la mer par son extrémité nord-est, à travers plusieurs kilomètres de terrain plat et rocheux. (Fig. -2).

Vlg.

Extiviuilé nord-usl ut déversoir du lac Ricliard.

Des Oies sauvages, des Eiders. des ('oltjinbiis et des Oiseaux marins fré(pientent ces parages: des Bruants des neiges voltigent sur la glace, oi'i ils trouvent des Podurelles; des traces de Bennes et de Benards mollirent que ces animaux visitent aussi les environs.

Enfin la d<''bâcle qui s'accentua sur le lac me permit d'assister à la pro- duction d'un phénomène qui , dans les régions septentrionales, peut modi- fier profondément la forme de certaines côtes et que l'on désigne sous le nom de rftorossT. Les glaçons poussés ])ar le vent contre le l'ivage de la

mer ou d'un lac s'accumuleiU autour de pronioiiloires plais cl. si leur sur- face et leur épaisseur sont uniformes, ils se brisent en blocs identiques ([ni grimpent les nns sur les aulres; on voit alors se formel' une haute muraille dont les éléments seraient d'énormes morceaux de sucre et qui présente son ('lévaliou maximum à l'extrémité du promontoire. (Fig. 3 ).

Fig. 3. Toross sur la rivière du lac Richard.

Ce phénomène marche avec une rapitlite singulière : autour du lac j'.ichard il produisit en douze heures des murailles beaucoup^plus hautes qu'un homme.

Le travail mécanique dévelop])é dans ces circonstances est assez fort pour déplacer les terrains meubles du rivage, y compris des fragments de roche; aussi les promontoires susdits portent-ils sur leur pourtour une l)etite nmraille de pierres qui se forme à la longue, conserve le dessin schématique du ff toross 5i de glace, et peut devenir une falaise quand elle naît sur le rivage d'une grande nappe d'eau et que la nature et la forme du terrain s'y prêtent.

On trouve aux environs du lac Richard ainsi, du reste, que sur une foule d'autres points du Spitsberg, un état particulier de quelques terrains plats, humides, composés de boue et de pierres, et dont je n'ai pu encore trouver l'explication; les pierres, depuis celles de la grosseur d'un œuf jusqu'à d'autres qui atteignent plusieijrs kilograumies , sont séparées de la

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Itnilo cl «livisenl colle-ci on piales-handos innonilirablos, i-oiules on o\ale8, (le (iiiohjiies nièiros. el iaiip.oiilos los unos aux aiilros avec une régula ril(' parl'nilo.

Mon sojour à !a haio ]\<m\ m"a Ibiiini, à côlo (les salislaclious qui accoMi|»a<;noii! un Icavail considérable oL iililo, dos soucis j>raves. Kn y ro- vonanl, après une sortie do quelques jours, pendant laquelle mes hydro- <;raplics campés sur une jjlage avaient continué leur besogne, la Princcfisr- Micr s'est échouée sur un bas-fond que les sondages n'avaient pas encore révélé. Tous les moyens suggérés ])ar rex|)érioiice que possèdent des vieux marins comme nous furent mis pendant cinq jours en action pour tirer le navire de ce mauvais pas, mais ils ne produisii-onl aucun résultat, bien (pi'ils fussent appuyés sur l'étude des marées faite avec un marégraphe depuis notre inslailalion dans la baie. Plusieurs centaines de tonnes de matériel et de charbon avaient été débarquées ou jetées à la mer, et je m'accoutumais à l'idée d'un hivernage forcé dans les plus fâcheuses cnndi- tions lorsrpie, le lo août, une manœuvre tentée à la dernière mnuilo de la ])lus haute marée du mois di'livra la Princesse- Alice.

Dos le lendemain, les travaux hydrographicines ainsi ([ue les explora- tions lopographiqnes furent repris ; ils continuèrent pendant une semaine encore et, le ik, je sortis de la baie Red après que M. Guissez y eût exécuté o.,/i()o sondag-es et /i,200 mesures d'angles avec lesquels il construit un travail, sans doute le plus conqilet de Ions ceux du môme genre dont les l'égions arctiques auront été l'objet.

Je résolus ensuite, avec la presque certitude que mon bateau n'avait aucune avarie grave dans sa coque, de tenter une visite du détroit Hin- lo|)e, qui sépare le Spilsbei'g de la terre du Nord-Est, et je savais (pi'une importante mission suédoise venait de s'installer pour réaliser en un an ou tleux la mesure d'un arc do mc-ridion.

Le S! 8, je parvins effectivement, après avoir traversé un cluuup Ao glace d'une dizaine de milles, à mouiller dans la baie Treurenberg, oii la mission avait construit un refuge en bois, m\ chalet de deux (Hages, très supi'rieur à ceux qui ont eu. pri'cédemment, une destination semblable, et disposé selon les meilleurs [)iincipos do l'hygiène et de la s('curité' pour un liivornage polaire. (Fig'. ^).

Il y avait une douzaine de savants et quelques marins très absorbés par l'achèvement de cette installation. Les uns réglaient de ma- gniliqnes instruments, posaient des téléphones pour conuuunicpier avec dos stations secondaires ou mesuraient des arcs: les autres rangeaient lo bagage ap[)arlonant à la vie matérielle. Enlni un petit croiseiu-, leSeeiisk- siiHil , (pii avait amon('' la mission et une partie de son matériel, sp trouvait pour aider jusqu'à la lin de cette première saison et remmener quelques ouvriers sp(riau\.

Il ('lait bien l'ail pour encourager les honunes d'élite (pii d('vouent leur

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exislence an progrès intellecliicl. le specîacle offeit alors dans celle l)aie, an milieu fies glaces et par 80 degrés de latitude : cent vingt personnes de

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Fi». /i. Inslall.ilions de la inissioii scienliri([iio suédoise de Ti"i?ur,:'nberg.

plusieurs nationalités appli(pianl toute leur énergie à la poursuite d'un but élevé! Et je songeais que, bien loin dans le Sud , les masses humaines con- tinuaient leurs querelles autoar d'un peu tl'or ou de pouvoir.

La Priiiccsse-Alicc a qnilit' IVcnrcnherg dès le lendemain, parce que les glaces s'accunudaieni rapidenicul dans ses environs et (pie, si tard dans la saison, je craiî'iiais de p-rosses dillicultés si je devais mener un ,i;rand navir(> à (piel([ue assaut violent de glaces com[)ilniées. Il ralSit déjà, jus- qu'au voisinage de liic MDflen. ■•driltis" [)oui' gagner la nici' libre.

forcer vignureusi'iiieiit au inilii'U du

famille de Guy de la Brosse, PAR M. E.-T. Haiiv.

J'aime à supposer que les lecteurs de ce lluUcliii auroni [)ris (pielque intérêt aux recberclies (pie je poursuis sous leurs yeux depuis plusieurs années, aOn d'(.'(daircir le myslfVe dont s'enveloppent les origines du pre- mier l'oiidaleur du Jardin du Uoi.

A l'époque j'ai conunencé celle empiète, Guy de la Brosse n'était

comiii que par ses œuvres, encore ne les avail-on pas consultées toutes! ''^ C'était h peine si l'on savait, tlepuis la publication du Diclton)iairc critique d(\ Jal, l'épocpie exicte de sa mort *^' et, par contre, la date approximative de sa naissance '^'.

11 avait bien fixé lui-même à Tannée 1616 le début de ses tentatives eu laveur de la création du Jardin des Plantes médicinales'''^; mais pour en savoir un peu plus, il fallait lire, la plume à la main, le Traité il' lu nature des pf/ditcs de 1628 <^' cl l'on y trouvait seulement un passage qui mon- trait l'auteur herborisant rf sur le terire du Mont Valérien n pendant l'été de iGi/i, et par consécpient adirmait que, dès lors, il habitait la capi- tale. Malheureusement, les autres petits événements mentionnés à la hâte, les voyages en diverses contrées (jue l'auteur rappelle avec une regrettable concision, ne se rattachent à aucune date fixe et ne peuvent, par suite, doiuier aucun élément nouveau à une biographie indécise et llottante.

C'est vaguement aussi qu'il parle de son père, dans le seul passage consacré à sa mémoire, ce père ^que Dieu absolve^! qui rfn'estoit point uiédiocrement entendue dans la connaissance des plantes et dont le frsça- voir a esté coiïeu dedans les cours des Roys ot des Princes, et par nondjre de gens de bieni.

rrAu sentiment des plus doctes, continue-t-ii, il a été jugé très bon médecin et très bon sinqiliste "'\-^

C'est ce père de Guy de la Brosse dont nous apprenons enfin les noms, prénoms et qualités, révélés par deux jiièces authentic[ues que je vais rapi- dement examiner.

La première est ïacte de fiançailles des parents du célèbre Fagon, méde- cin de Louis XIV, que je retrouve parmi d'anciennes copies de Saint-Mé- dard, conservées au Cabinet des Titres de la Bibliothèipie nationale '' :

f) Le Traité de In Phisionomic, qu'on conscrvo à la bibliothèque nationale dans les manuscrits de Coisiin (Ms. fr. 19958) est resté inconnu à tous les bio- graphes, et je n'en vols qu'un seul qui mentionne VEdaircisseiiieiit contre le livre de Beaugrand , !)(/(Y«/e tr Géostatiquen, publié à Paris en 1637 (in-f°).

'^^ Cf. E.-T. Hamy. Quelques notes sur la mort et la succession de Guy de la Brosse {Bull, dit Mus. d'Uist. nat. , 1897, P- '^2).

'^) L'acte que j'ai reproduit, d'après ,Ial, dit que Guy de la Brosse était, au mo- ment de sa mort (i64i), trâgéde 55 ans 5? , ce qui reporte sa naissance àfannée i5S6.

''') Guy de la Brosse écrivait, en elTel, en 16 '10 (\'. L'ouverture du Jardin Boyal de Paris pour la démonstration des p!antes médicinales par Guy de la I^rosse , Paris, i6ho, br. in-8°, p. i5) que ce jardin crest le fruit des travaux de vingt-quatre années, dix-huicl de pnursuilte el six de culluroîi.

'•■'> Glv db la Biîosse. Dj la Nature, Vertu et fltililé des Plantes, divisé en ciu(| livres. Paris, Bollin Baragres, 1 vol. in-i 9, p. 75.

(") Ibid. p., 767.

") Exlr. des Reg. de VEglise Paroissiale de S' Médard au. Fauxhourg S' Marcel lez Paris {Bibl. nat., Ms.fr. n" 39 585 , f 69 v°).

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friGo7 '^^ Jiiil[leL], Fian[(;ai]le3] de Henry Fagon, lils d<' r[eu] Pierre fFagon et de Louise Roclier, d:^ la P[aroi]sse Saint-Gerinain-l'AuxïiMTois], rfâgé de 29 ans, comni[issai]re ord[inai]re des guerres, avec d[ainois[elle -Louise de la Brosse, fdle de feu Isaye de la Brosse, Médecin du B[oyj , el ^de D[ainois|eile Judith de la Rivoire, dem[euran]t chez i\L de lu Brosse, n-rae'decin du Roi, son frère. Pressent] Louis de la Chausse'e, beau-frère ffdudit Fagon. 55

Cet acle nous a|)|)rend , comme l'on voit, 1" que le fondateur du Jardin du Roi était fils d'Isaïe de la Brosse et de Judith de h Rivoire; que Louise, dont la tendre affection pour Guy s'est manifestée d'une manière si touchante à diverses reprises , était non point sa nièce , mais sa sœur.

Pierre Fagon, le père de Pépoux, mort après 1682 et avant 1607, était frescuier porte-manleau ordinaire du Roii; Henry, le mari de Louise avait été successivement nommé conseiller du Roi, commissaire ordinaire des guerres, capitaine de cavalerie. H est mort après 16A2, séparé de biens avec sa femme. Enfin Louis de la Chausse'e avait ("pousé Marguerite Fagon, sœur d'Henry.

Revenons aux proches parents de Guy de la Brosse, nommés dans l'acte de 1687, pour compléter ce qui le concerne, à l'aide d'un autre docu- ment plus explicite.

J'ai trouvé aux Archives nationales (Yi56,fol. ln^S v°) une note rela- tive à un certain r- Jacques de Roffiniac , sieur de Marsac, demeuratit à Marsac en Périgordn , et à rrMadeleine de Sardinis, sa femmes , logés, à la date du 17 octobre 161/1 , à Paris, ^^rue de la Calanlre, en la maison de la Blanque, paroisse de Saint-Germain le Vieux??. Les deux époux font rr dona- tion à Ksther de la Rivoire, damoiselle ordinaire de la dame de Sardinis, d'une pension viagère de 100 livres louinois, d'une rente de grains, de la jouissance de la maison seigneuriale de Vdlemaheu, près Soulaines en Champagne, et d'une créance 1?.

Et dans le texte de l'insinuation , [)lacé comme d'habitude au bas du contrat, le copiste de 161 1 a pu lire que rrla procuralrice des parties y mentionnées est damoiselle Judith La Rivoire, veuve d'Isaïe de Vtreneau, sieur de la Brosse, conseiller et médecin ordinaire du prince de Contiii, la mère de (îuy et de Louise, vivante encore vingt-lrois ans plus tard, au mo- ment du mariage de cette dernièi-e en 1687.

Guy de la Brosse était, connue on le voit, des mieux apparentés, et l'on s'expliquerait diflicilemeot le soin qu'il met à s'isoler de toute cette généa- logie, si ces noms bibliques, /««/e, Judilh, Esllier, qui entourent son berceau , ne manifestaient pas assez clairement des origines prolestantes, fort mal vues dans l'entourage du vainqueur de La Rochelle, l'un des grands protecteurs de Guy.

Au surplus , certains La Brosse pratiquaient encore la religion prétendue réformée quelques années plus lard, et les Archives nationales nous ont

coiisci-V(' les pièces d'un piocès de iG5i entre Jacques de la Brosse, pr.il.icieu soupçonné d'hérésie, et M" Christophe lloubereaii , rrsciudic de la coMuniuiaulé des notlaii-es de la Ville de Tours^i, qui. après de nombreux incidculs judiciaires, se termine enlin par un arrêt du Conseil privé, (pii ordonne que le sieur de la Brosse sera reçu, en remplacement du sieur Bertrand, en l'office de notaire.

Ce La Brosse est d'ailleurs le seul que j'aie rencontré, au cours de celte petite enquête, qui ne soit pas établi dans la capitale, dont rien n'enq)èche d'ailleurs qu'il ait pu être ori,oinaire. Tous les autres et ils sont nom- breux — sont des Parisiens, et j'en trouve dans les actes consultés jus- quen 167/1.

Aussi me parait-il qu'il faut tout à fait renoncer à ces origines normande ou bretonne assignées sans preuve à Guy. Fils d'un médecin ju-atiquant à la Cour, il a naître, non à llouen on à Nantes, ainsi qu'on l'a si souvent ré|)été, mais bien à Paris même. Peut être linirai-je j)ar trouver une pièce décisive dans quelque coin d'archives inexplorées !

DEsanivrios dune .\ouvelle espèce d'Insecte colÊovtÈre (Calosoma Grandidieri)

DÉCOUVERTE DANS LE SUD DE MADAGASCAR PAU M. AlFRED GrANDIDIER,

PAR M. Maurice Maindron.

Calosoma Grandidieri.

Mugiius, robustiis, supra obscure œneus; clytioruin costis imbricalis, quarla , oc- tavn, fluoilociina Covcnli.s viriiloa'nois oxcavat.is; olytronun margine |Mir'|iuioa, j;raiui- lala; coriioiu iiilVa, auleniiis pedibiisque iiijjri'^. Long, r!.') à ■>7 Muitiniùliv-.

Hal)ilal liisiitaiii Alailajjascar, atl ripas uiei'idionuies Ibivii Oiiilahy. Detexit I). Alt'. <!i-;uuli(lirr. anno 1875.

Ce beau (Adosoinii piésentc les formes g('nérales de notre C. siicopluiiild ; il est toutefois plus allongé. En dessus, il est complètement d'ini bronzé jnordoré assez terne, qui devient poin-pir vers l(> bord extérieur desélytres. Le prothorax, cordiforme, est assez fortement chagriné, connue la tête. Les élytres ont leurs seize interstries côtelées, nettement divisées transversale- ment par des inq)ressions serrées, ré'gulières, <pii les lont paraitrii imbri- quées. La (|uatj'ième inlersti-ie et la douzième portent six fossettes (la huitième en porte sept), d'un ronge cuivreux brillant passant pai'fois au vert. Ces fossetts, cordilbrmos, présentent à leur bord supérieur, très ex- cavé intérieurement, une petite saillie noire. Le dessous du corps et de la tête, les palpes, les antennes, les pattes, sont d Un noir peu brillant, av(!C rcllets vcrdâtres.

Je laisse à celte espèce remarquable le nom qui lui fut donné dans le Ca- talogue inédit du Muséum. Elle a clé figurée, sans desciiplion, dans Tou- vi'age de M. Alfred Grandidier sur Madagascar [Insectes coléoptères, pai- J.Kiinckel. Vol. II, pi. aSyifig. 19. i887,in4",pl. color.). On nepou- \ail niif'ux la nommer qu'en la dédiant au savant cl courageux voya- geur (pii a consacré sa vie et sa fortune à celle iie de Madagascar dont la France lui doit en toule juslice la conquête. C'est vers 1876 que M. E. Grandidier a dé- couvert ce superbe Galosome dans le sud de l'île, près de la rivière Onilahy, dans ces régions nul explorateur n'a pénétré après lui. Le Calosoma Gramlidieri , dont je doime ici une très bonne figure exécutée par M. A. Millot, d'après un des qualie individus faisant partie des colleclions du Muséum, ap[>arlient au\ (]alusoma vrais, et se range dans la première division qui a pour type le (]. scrutator F. de l'Amérique du Nord. Cependant on remarquera qu'il présente aussi beaucou[) des caractères propres aux ('((llisirhja, connue les trocbanlers longs et pointus. Nous ne connaissons malbeureuse-

laenl ([ue des indi\idus femelles de ce (mIosouhi (iinii(lidicri. (Jnand on possédera des mâles, on pourra classer plus strictement celle nouvelle et rare espèce (jui, en somme, ne ressemble à aucune autre.

Qilos(im/i Gvawhdini.

TllUIS CoLÙoi'TÈliF.S yoUiEAV.Ï POUI'. LA I'IUM: M.ilMItllE.

i>,\n Ch. Alluaud.

1. Taciivs ounaïus. y\[)elz iH^h [orienlalis Metner i858).

Es[)èce décrite de la liante-Egypte (Dongola, Louqsorjel de Gi-ylau. M. Guillaume Grandidier en a pris une série d'exemplaires sur les bords de l'Onilahy, au sud-ouest de Madagascar. Cette découverte, jointe à celle de YEpaclius (Oinophroii), que j'ai décrit dernièrement, et d'autres espèces telles que Ciciudela dongolemis Klug, Calosoma seiiegalense Dej., Scarahœus Ra~ dama Fairm. , de divers Brachijcerus , etc., apporte un nouvel exemple de la ressemblance de la faune de l'ouest et surtout du sud-ouest de Madagascar avec celle de l'Africine orientale.

M

USEUM.

VI.

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i. Anémia Sakalava n. sp. Long. 3 millim. 5.

Antennes de ii articles, les deux premiers g-rands, bien disliiicts; les quatre suivants petits, intimement unis; les cinq deniier-s allant en s'élar- gissant giaduellement et formant la massue. Epistome sans rebord élevé en avant. Thorax en quadrilatère très transversal avec les côtés assez di'oiis, les angles antérieurs [)roéminonts, le rebord antérieur dislinct sur les côtés seulement et cfl'acé au milieu, le reliord postérieur continu et régulier. Les tibias antérieurs émettent au côté exierne deux dents lon<;ues et minces, celle du sommet étant notablement plus grande que la suivante dont elle est séparée par une échancrure large et pi-olonde. Ongles des tarses à peine écartés, soudés ensemble à la base. Tète denséiuenl ponctuée et hérissée de pods clairs. Thorax moins densément ponctué et boiwN' de longs poils. Elytres très ii'régulièrement granuleux et très finement pubescents sur toute leur surface.

dette espèce est remarquable pai- sa pclite taille, la gracilité exce[)tion- nelle de ses tibias antérieui's et la pubescence de ses élytres. (Test encore une découverte intéressante de M. Guilhiume (îrandidiei- dans Touiist de Ma- dagascar: il en a pris (pielques exeuqjlaires près de Morondava.

3. AcTKNODES Ali.uaudi Kerrcmaus, sub.ip. chloroderus n. subsp. Long'. iG il a 3 millimètres.

J'ai eu à examiner un envoi d'Insectes de Cekodia (bassin de la Maha- vavy, Madagascar nord-ouest ), parmi lesquels se trouvaient (|uelques beaux lîupi-estes. J'ai reconnu (jue c'(''laient des Acteiiodes /l/Z/wa/r// Kerremans, espèce que j'ai découverte en i8()3 à Diego-Suarez, dans le cirque de la Montagne des Français. Mais, tandis que le type de cette espèce a la tête et le thorax d'un beau blu, la i-ace de liekodia a ces mêmes parties vertes avec seulement un vague rellet bleu sur les côtés du thorax; le sonnnet tles é'iylres est d'un rouge moins vif. En résumé, cette nouvelle race a été envahie par le vert et ne prc'sente |)as à un degré aussi parfait l'ordre nalurel des couleurs du spectre solaire qui caractérise le type de .1. Alluaitdi.

Types au Musimuu de Paris et dans ma collection.

Sun Vi\K ESPECE NOUVELLE DE CiIRÏSOMÉlIDE APPARTENANT AU GENRE CORYNODES,

PAR P. LeSNE.

M. Gh. Michel a récemment olTeit au Muséum les intéi-essantes récoltes enlomologiques faites en Abyssinie par lui et par l'infortuné Maurice Potter au cours de leur voyage d'exploration dans cette contrée à tili-e de mendjres

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de Ja mission de IJoncliamps. Ces récolles i-eufernieiil nombre de i'ormes piccieuses pour nos collections. Parmi elles, nous voulons signaler aujour- d'hui une belle espèce de Ghrysomélide, ap[)arlenanl au genre Corijnodes et qui ëtait encore inconnue. Nous la décjivons ci-dessous, en la dédiant au voyageur à qui est due sa découverte.

Curynodvs Mtcheli.

Corynodes Micheli. nov. sp.

Ijoti;^. ii-i'i inilliinèlres Elongalo-ovoidous, nilidissimiis, inelalliciis, rulDre viridi, vel cupico-i<[rieo , elytris ?£ope obscurioribus; antennis basi nielallicis, arli- nilis iiltiiiiis nigris, labro iiigro, larsis supra viridibus. Corpus supra glabrum, subtus setulis tenuissimis parce adspersum. Caput sat fortiter punctalum, ironie paruin convoxa, liaud gibbosa, uiedio longitudiiialiler leviter sulcata. Clypeus niedio poslice fovcnlii Iransversa ab froiile oiiiiiino divisus "'. Sulci orl)itaIi poslice liaud dilaliili 110(1110 allius impressi. Aiitennœ arliculis 6-11 gradalim modice dilatalis, niiiniljus elongalis. Prolliorax conoideus, ialiludine baseos brevior, ialeribusroctis, suliua laloiali iiiedio lato ol)lilorala '-- : supra lenuiler vol sat l'ortiler plus uiiiuisve doii-c punrliilus. Sculelium rolundalum, basi trniicalum, iuipunclalum. Elylra ialiludine bumeraii fere duplo iongiora, pone médium leviter ampliata, lenuiler sat dense [mnclala, nullo modo alutacea '■", carinula subsutuiali deficienle ^''^ de- [tiessione marginali versus apiceni magis conspirua latoraliler impressa. Abdomen nilidissinium, lenuissime paruni dense punctalum.

"' Cbez les Corynodes d'AI'ri([uo, l'épistomc est presque loujours complolenient séparé du fronl en arrière : C. Dejeani Bert. , rnureus Sabib. , laulissimns Marsli., coinpressicoriùs Fabr. , nbyssinica Jacoby, Micheli mibi, Raffrayi Lef. , etc. D'autres i'ois il existe une sorte d'isthme rallachant au fronl le sommet de l'angle postérieur de l'épistome : C. aernle-sceiis Fairm., djaiieus Fabr. (d'après un individu déter- miné par E. Lefèvre).

'"^' Je ne connais que deux Corynodes africains présentant ce caractère : l'espèce actuelle oii il parait être constant , et le C. nbyssinica lac. la suture latérale protboracique est tantôt entière, tantôt efl'acée au milieu.

''' C'est bien à tort que les auteurs n'insistent pas dans leurs descriptions sur l'état du tégument élytial. On trouve là, chez les Corynodes, un excellent élément de distinction des espèces. Parfois les élytres ne sont que très faiblement alutacés (C. loutissimus Marsli.).

>''^ La carinirle dont il e^t question ici est celle que l'on observe longeant la su- tui'o sur la déclivité apicale chez le Corynodes îautissiintis et cbez quelques autres espèces.

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cf Tibia- aiitica' longiores, levilor curvaUi-, iiitiis pilis deiisis, ereclis, sal lou- ;{is ornalœ. Tarsi anlici arlicuio primo majore.

Ç Tihiii' anlii-;i' lockn, breviores, iiilus pube brevi, rocliruila, vesliUi'. Arlii'ulus primas tarsorum auticonim minimus "l

Corynodes MIclieli. Tibias anléiiours du cf (%• rie jjauche ) et fie ia V (lijr. de droite).

C\iH[ individus ont été recueillis par M. Gh. Michel dans le |)ays des Galla; un sixième individu a été récolté par feu Maurice Potier. L'espèce se tient sur les fleurs de Carduacées.

Espèce nouvelle D'IlÉMU'TÈnE de la famille des I'yuruocokid*;,

PAR JoANNY Martin.

Myrinoplasta Potteri . nov. sp.

9 long. 7 millimètres à 7 mdlini. 5; plus grande largeui' du prothorax : 1 millim. 76.

Noii', dos de Tabdomen hrun rouge; la partie basilaii'c du prolhorax. m dessus et sur les flancs, une tache près du sunnuel de chaque squanude élytral, Irochanter et moitié hasilaire des fémurs postérieurs, taches allon- gées transversalement, latérales, sur chacun des anneaux inférieurs de

<') La plupart des leniios de comparaison (pii ont permis de rédiger la descrip- tion précédente ont été pris dans la collection du Muséum, étudiée partiellement en 1892 par E. Lol'èvre, en co qni concerne les Euniolpides. Nous avons eu, en outre, sons les yenx des spi-rimens authentiques des C. oljifnninira Jac. , cœrulescms Fairm. et crihrateUiiK Kairm., que M. René ()l)erthiir a bien voulu nous communi- quer. Les deux dernières espèces n'étaient pas représentées dans nos collections. M. Oberlliùr a généreusement abandonné un exemplaire de chacune d'elles au Muséum.

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r;ib(loi)ien . sauf \o deniier, jaune pâle. Des poils noirs, plus nombreux stu- la lèle (pie sui' les autres parties du corps.

Tète convexe, transversale, fortement déclive en avant, en triangle écpu'- laléral vue de face. Antennes noires, plus courtes que le corps. Premier et deuxième articles subégaux; le troisième égal aux trois cpiarls du précé- dent; le quatrième, le plus long de tous, cylindrique, presque égal au double de la longueur du troisième. Protborax aussi long que large dans sa partie étranglée, divisé transvei'salement en deux portions presque égales : l'antérieure, cordifoi-me, très linement ponctuée, à côtés latéraux arrondis, rélh^chis; la basilaire en trapèze transvei'sal , lisse, à côtés laté- raux droits. Hémélylres squamiformes. ponctués-rugueux , à bords un peu relevés. Abdomen non pétiole, plus ou moins orbicukiire, à bords latéraux très fortement lélléchis, se recourbant même sur la face dorsale de l'ab- domen. Rostre long, grêle, dépassant les banches postérieures, à premier article plus long que la tête. Orilice odorifique en fente étroite, courte, entourée d'un léger bourrelet. Partie interne des ftMuuis antérieurs munie de poils. Les tacbes latérales jaune pâle des deux premiers segments de l'abdomen seulement atteignent les bords de l'abdomen. Elles s'allongent, comme les autres, en une languette étroite, plus ou ntoins aiguë, n'attei- gnant pas le milieu de l'abdomeii. Sixième segment entier.

d Le mâle n'a que 6 millimètres de longueur. Les fémurs antérieurs portent trois épines au côté interne. Les taches jaunes allongées sur les côtés de l'alidomen, eu dessous, ne se montrent que sur les deux premiers segments basilaires. Il y a un coumiencement de tache sur le troisième.

Plusieurs femelles et un seul mâle, récoltés en Abyssinie par M. Maurice Potier et à la mémoiie de qui nous dédions ce curieux Hémiptère.

Notre espèce diffère de M. mira Gerslàcker par son système de colora- tion, par son prothorax plus raccourci et par son abdomen non p('tiolé.

Le catalogue de Lethierry et Severin (189A) place à la fois le genre Mijrtnophisia dans la tribu des Larginœ , p. -ik-i, et dans celle des Pijrrhn- corinœ, p. 260. C'est dans cette dernière tribu qu'il convient de ranger ce genre remarquable.

Une espèce nouvelle d'HïménoptÈbe appartenant

À LA FAMILLE DES TeNTHRÉDINIDES ,

PAR Robert du Buysson.

Les Hyménoptères recueillis par M. (Ih. Michel en Abyssinie sont peu nombreux. Il se trouve cependant parmi eux une très belle espèce (Ylhjlo- loiiHi Latreille. à bupielle je suis heureux de donner h' nom de notre géné- l'cux e\|)loraleur.

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Hylotoma Micheli 1\. du Bnysson. n. sp.

Corps robuste, large, jaune teslacë, avec la lête, les antennes, le méso- notuni, IV'cusson, le postécusson, les hanches, leslrochanlers, les cuisses, des bandes interrompues sur l'abdomen et enfin les valves g.'nilales noir- bleu. Palpes noirs; front jaune-testacé, très convexe; clypeus largement émarginé, les tempes derrière les yeux jaune-testacé et dilatées; ])onctua- tion à peu près nulle ; ailes amples, jaunes, rexlrémité apicale légèrement enfumée, le stigma noir-bleu et une tache arrondie, au-dessous de celui-ci et le touchant, fortement enfumée avec des reflets bleus; l'extrémité des tibias et des deux | renners articles des tarses ainsi que les trois derniers articles en entier, noirs. Abdomen plus laigequele thorax, avec une bande transversale noir-bleu sur quatre segments ou sur les huit premiers (ce qui, sans doute, est chose variable): une ligne jaune médiane, longitudi- nale sur toute la longueur de l'abdomen, sépare ces bandes , excepté parfois sur les deux ])remier3; la couleur noir-bleu n'atteint pas les côtés; le dernier segment est jaune-testacé en entier, a 9 Long, i-^ millimètres.

Observations svr le Termes cARBoyARivs Haviland (^',

PAR M"" Erriagton de la Croix. ^

Nid de Termes carboiinrius étudié dans la presqu'île de Malacca, à Negri Sembilan (Cherubang), le i a lévrier 1899. Hauteur du nid. o. '"0,0; diamètre;! la base, fJ mètres.

(loiipo du uiil du Ti'vmes carbonari .s Haviland.

INid conique en argile jaune très dure et renfermant de nombreuses cavités remplies d'une matière cloisonnée ou spongieuse tendre et l'ri;d)!e,

(') Le Muséum doit la délermination des exomplaires rapporl(''s par M"" do la Croix à l'oljlijjoance cîc M. 1). Sliarp, niraloiir de Zoologie au Miiséinn <li' iM'ni- versilé, à (laudiridge.

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mais se durcissant rapidemeiil au soleil, Ibrmée (peut-ètio?) par dos (ï'ufs agglomérés dans une sushtance nulritive (des éclianlilloas de celle substance ont été recueillies pour le Muséum).

Les Fourmis noires [Kekia, en malais) rpii construisent des nids de cette sorte cii'culenl généralement en longues colonnes de quinze à vingt individus de front, gardées et protégées sur les flancs par des Fourmis beaucouj) plus grosses, échelonnées de dix en dix centimètres de chaque côté.

Ces grosses Fourmis, armées d'énormes mandibules, sont très guerrières et féroces et s'attaquent à tout intrus, quelle que soit sa taille.

Les premiers cou[)s de pioche dans le nid provoquèrent un bruit sourd, inexplicable, (pie les ouvriers malais altribuèrent à la présence de "-han- tons « (des esprits).

Us refusèrent de continuer le travail et je dus les remplacer par des Indiens.

C'étaient les grosses Fourmis, les soldats qui, au fur et à mesure que le nid croulait, repoussaient les ouvrières dans l'intérieur et se jetaient en avant de façon menaçante. Levant la tète verticalement en l'air, elles hi rabattaient subitement comme en un éternuement. Cette ma- nœuvre, cadencée de deux en deux secondes, se faisait avec une régulai'it(' pai'faite et l'ensemble donnait un son , ou bruissement très intense, conqia- rable à celui que produiraient des poignées de sable violemment projetées contre une feuille de papier. Les soldats que nous prînies nous mordirent jiis(p)'au sang.

Dans la plupart des cavités se trouvaient déjeunes individus, entière ment blancs, à divers états de croissance.

A la base du nid, au niveau du sol, de nombreuses Fourmis adées parais- saient prêtes à émigrer.

Au centre, nous découvrîmes la reine, entourée d'ouvrières et de soldats.

Ln ilacon renfermant tous les tvpes contenus dans le nid a été dé|)osé dans les collections d'entomologie du Muséum.

S(]R QUELQUES MaCROURES DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR, PAR H. COUTIÈRE.

Palaemon (Eupalaemon) multidens n. sp.

Cette espèce est très voisine de P. Dmiœ , P. superbus , P. sumhiïcus llcllcr '■', de P. Mnorci Caïman '^', de P. Hllspmœ eX Tro)i)pir {\(^ Mau'"'.

('^ i{EiLF.R, fteise der Norara , i). 118-120.

'-' Calmvn, Crusl. fivm Tangdnyil.ii . Pror. Zoal. Soc, Londnn, p. 709, pl.XI, , fig. ao-a/i, 1899.

(•''' De Maji, Zoo/. Jahrh. 9 Bd , p. 77'), pi. XXXVII, tljj. 70, 1897. ol Notca frtini Leyden Mvaeuni, vol XX, p. lA.'), pi. \l[, 1898.

n ~

Elle fil diffèi-f» j)ar les points suivanis : le roslio porlo sni- le bord supé- rieur i:>-i A dénis, dont 9 denièi-e le bord oibilnire. Le bord inlerienr ])orle 5-7 dénis. Le bord snpérieur du rostre est concave, et sa pointe dé- liasse léfjèrement le scaphocérite.

Les pattes de la première paire, lorsqu'elles sont étendues, dépassent le bord du scaphocérite de la pince presque entière.

Les pattes de la deuxième paire sont très égales, grêles et lisses; elles dépassent le scaphocérite de la moitié environ du carpe. Ce dernier article est un peu plus long que le méropodite, un peu j)his com-t que la pince entière. Dans celle-ci, les doigts égalent environ la paume ou sont un peu plus longs. La paume n'est pas plus large que l'extrémité du carpe, les doigis sontinermes, glabres, etjoigneni exactement.

Deux spécimens, dont les dimensions sont les suivantes :

1 (C?) -2 (?)

I.ongueur totfile 6o hs

Deuxième paire, longueur totale '?,') 2.3

Méropodite •- /j ^ 5

<^a''P<? () 0,5

Paume /i 3 //j 3 1 / 5

Doigts C, M ,//,

Riv. Kolofotsy (lîras de POnilaby). M. G. (îrandidier.

Palaemon ( Eupalœmon ) Mariae n. sp.

Très voisine de P. Wcbcri , de .Vlan <'', celte espèce s'en distingue jiar les caractères suivants ;

La carapace est fortement rugueuse sur le C('plialolhora\ , le toison , le sixième segment al)doniinal, les pattes de la deuxième paire, et même sin- les pattes thoraci(pies des paires 3, /i el 5.

Le rostre est large, lancéolé, régulièrement convexe sur son bord supé- rieur, qui porte 9-11 dents ( derrière le bord orbitaire). Le bord infé- rieur porte 3-4 dents. Le rostre est à peu près égal en longueur au sca- phocérite.

La première paire de pattes dépasse le bord antérieur du scaphocérite de la moitié du carpe.

Les pattes de la première paire sont très inégales , mais semblables comme forme, La plus petite est une fois un quart, son opposée pi-esque deux fois anssi longue que le corps tout entier. Le carpe du pins grand de ces mem-

(" Dr Mas, Mn.r Melwr'.t C/wisr. ,Ips Imlisch. Archiiwh . p./|oa. pi. XXXV, tig.33,

l8()2 .

So- bres est égal environ aux /i/3 de la pince entière , et son extrémile distale renllée est nolaMement plus épaisse que la paume, donl la forme est cylin- drique. liC i'a[)port des deux épaisseurs est environ 5/3. Quatre spécimens cf, dont les dimensions suivent :

o es

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LONGliElK TOTALK

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1

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.lu CORPS.

de r.A •^' i>MHK

1

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iiiilliin. too

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iiiilliiij.

Grande pince i()&

Pelile pince 120

Grande j)i nce jS2

Pctile pince i.So

Grande pince i6.5

Pelile pince 1 ?>')

Grande pince //

Pelile pince 70

luillim.

33

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3o 2 G

II i3

millim.

7' h -2

«9 ^7 Gi /i3

II 22

iiiillini. 36 2G

;^7 2 G

3.5 2.")

Il 1 2

millim. '9

i3

iS

i3,:.

iG

I 2

II 8

Rivière Ivaloina, près Tamalave. M. Maria.

Nota. Le spécimen n" h, anormal p;u' la faible taille de sa petite ])ince. l'est également par la sj)inidation plus faible de la carapace, et |)ar une curieuse malformation du telsou , dévié à son extrémité. La grande pince de ce sp^'cimeu, brisée, nest représentée que par une courte portion basale, mais les dimensions de celte partie sont au moins doubles de celles (pie montre la pince opposée.

In spécimen du Musée de Vienne, étiqueté ^P. ruclis i eller (?)n, appar- tient également à la nouvelle espèce ''^

\ ariÉtÉs anatomiques de la PodengÉpiialie,

PAR LE PROFESSEUR E.-T. HaMY.

Dès le début de ses recherches sur les monstruosités crâniennes '"', Etienne

'' Ce spécimen m'a élé gracieusement communiqué par M. le D"^ Adensamer, en même lemps que P. rudis type. Je ne sais si la détermination en a élé faile par Heller.

^■'' Gkoffhoï-Sai.nt lliLAiRE, MéiHoin' sur plusieurs (lijjormalioits du crdiir df riidiiiiiie, suivi d'un essai de chissijicalio» des iiionslres ncépli(des (Méiii. du Mus. dlnst.nat., l. Vit, p. So-iGa, pi. III el iV, 1S21, in-'i°). Cf. Philosoi/hie minloiniqiie , t. Il, p. 3 à 101 , |)l. \ll.

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Geoffroy-Saint Hilaire avait classé à part, sous le nom de j)odeiicci)Ii(i les , certains sujets atteints d'exencéphalie, et chez lesquels une pai'lie du cerveau avait fait hernie à travers la voûte crânienne, niais demeiu'ait toutelbis reliée au reste de la niasse, demeurée en place, |>ar l'intei inédiaire (Pun pédiculi' plus ou moins long et plus ou moins épais.

PoDENCKPiiALE, écrivail-il dans son mémoire de 1820, telp avec cerveau sur tige^'K

«Cerveau de volume ordinaire, m;iis hors crâne, porté sur un pédicule cpii s'élève et traverse le sommet de la hoîte cérébrale ; les organes des sens et leurs enveloppes osseuses dans l'état normal ; la boite cérébrale composée de pièces alTaissées les unes sur les autres, épaisses, compactes et éburnées'"^'n

Une note fort ancienne deChristopher Krahe, et deux descriptions récentes de Gall et de Serres avaient fourni les éléments de cette formule (lescri|)tive. Le jiremier document était beaucou|) trop vague et la ligure (|ui l'accom- pagnait, trop imparfaite, pour pouvoir être d'aucune utilité dans l'espèce'''. Mais les deux autres constituaient vi'aiment les types de deux variétés téia- tologiques bien distinctes.

La pièce de Gall, figurée dans le grand ouvrage sur le Syslèiiie nerreu^v'-''^ et cataloguée depuis lors par le célèbre physiologiste sous le nom fort in- exact d'flcép/<rt/e complet , i'aii aujoui'd'hui partie de nos collections (n°573i).

Tout ce qu'en a dit Etienne Geoffroy '^'''^ est fort exact , mais insuffisant à certains égards : le texte de l'illustre maître ne renferme notamment presque aucune indication numérique. Il n'est cependant pas inutile, [)ar exemple, de savoir que l'orifice passe le pédicule, rattachant la portion du cerveau restée en place à celle qui s'est épanouie au dehors, atteint 0/1 millimètres d'un pariétal à l'autre et 28 millimètres de l'occipital au frontal.

Je n'ai pas l'intention de repiendre par le menu toute celte description ; il me suffira, dans l'intérêt des comparaisons que j'aurai à instituer un peu plus loin, de reproduire les détails jelatifs à la voûte ci'ànienne et à sa perforation.

Je rap])ellerai tout d'abord que les deux frontaux, encore distincts, soni

'') Ilots, 'doSôs rrpiedn, êyKéÇ>aXos.

'^^ GEOFrROV-S.Vl.NT ]\\hKlRK, op. cit. , \). 155-156.

'•''' Chr. KnAiiE, Tlw description oj a nioHsIriKut^ dliild, hum Frulaij thc s/)" ';/ Felirnanj i68â, ni a villajje ralled Heisfigijer . . . . in South JutlainJ [l'hihaojili. Transacl. .lune i684).

■''' (Iall , Anntnmie et pliysiologie du siisiciiie nerveux en néiicrfd et du cerreuu en purticuVier. i'iiris, 1818, in-fol., t. III. p. -^o, , et pi. XVIII, lij;. .'5. Elle porlail le i3 (lo l;i planche XIV, dans i'édilioii de 1810.

'^' Plidoi^ophie (inutoutiijue , t. Il, p. 'i5i-/i5a.

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très raccourcis (courbe front, lot. i () luiilimètres) et surliaissésà un tel point , que la selle turcique déborde quebiue |ieu an-dessus et en arrière de leur biird cDronal. Les pariétaux, nklnils à deux lames minces (lonp;ueur ."jo mil- limètres, la rf>eur 2 -3 millimètres), iri-éfi-ulièrement quadranp;ulaires, lais- sent entre eux l'intervalle considérable dont je viens de donner la impure. L'occipital, enfin, l'écaillé supérieure n'est plus représentée (|uc par un bord épais, replié en arc de cercle derrière le |)édicide delà tumeur cérébrale, couvre rorifiee anormal, en laissant un vide de 8 millimètres entie la l'ace interne de son écaille et la portion basilaire. C'est [)ar que le cervelet et le bulbe, demeurés entièrement en ])lace, comnumiquaient avec les lobes c'-rébraux . [)endant (pie les deux lacunes symétriquement ouvertes des deux cotés de la selle turci([ue laissaient passer deux prolon- joements, épais d'un peu moins d'un centimètre et lai'ges de 17 a 18 milli- mètres, qui s'étalaient sous les pariétaux et les frontaux.

La podencéplialie est ainsi bien caractérisée, et connue l'ouverture anormale correspond à loiile l'ôtcnduc des salures sagiiudes des |)ari(''taiix. je |»ropose de désijjnr'r cette premièi'e variété sous le nom de jiodnieéplinHc sau'illale <''.

Le sujet de Serres, figuré et déciit par Etienne (ieoffroy''', diffère sen- siblement du précédent. Le crâne est moins affaissé, la loge qui contenait les portions (rencé[)liale non déplacées est plus vaste, et Torilice que travei'se le pédicule (jui supporte la tumeur exencépbalienne est de dimensions moindres.

Les écailles frontales mesurent près de 3 centimètres de la racine du nez au bregma, et les pariétaux entourent complètement l'orilice, qui ne dépasse guère 2 centimètres en lai-geur et -î-j millimètres en longueur. Seulement il se présente ici nue anomalie d'ossilication extrêmement rare : le pariétal est t'orra:' de deux pièces osseuses et comprend, outre la lamelle quadrilatère analogue h celle du pndencéphale de Gall, une autre petite

"' La coltcclion d'analoinie coinparéf du Muséum possède un autre crâne de podencéplialo sa{;illale qui no difloreiait de celui de Gall que par ses dimensions un p<'u réduile.-;, s'il n'était pas en même temps atteint de lissure palatine com- plèlo, avec {{ueule de loiq). Le crâne de ce deuxième sujet mesuro do la racine du nez à la nuque h8 millimètres, comme celui de (Jall ; mais il n'atteint d'un tem- poral à l'autre que 58 millimètres, tandis que celui de Gall en atteignait 70. L'ori- lico exencéphaiiquo est plus arrondi, il a 22 millimètres d'avant en arrière, et 27 millimèlios en travers. On peut voir un Irois'.ème exemple de cotte variété dans la remarquable collectiou du Musée Dupuytren (Ténil. n" 70). C'est ime pièce, malheureusement mutilée, qui vient de Blandin. L'orilice excencéplialiquo a •>.h sur '.\-2 millimètres; les pariétaux y sont surt(ml réduits, de façon à n'eire plus (pie des lamelles antéro-postérieurcs irréguliores, de -S millimèlros de larwur et de 1.") millimètres dr lonjjueur environ.

(^) Gf. Méiii. du Musniiii, t. VII, p. 97, et pi. IV, fij;. 1 et 2, et Philoxoijli . ana- tniiilti., I. II, |). /i.5:')-'ir)/j, et pi. XII, fiij. 1 et •'.

28

lame attachée an IVonlnl loiil le long de sa suliire eoronaie. el qu'b^tienne (ieolVioy-Sainl Hilaire considérait comme un inlerpariétnl.

Le pédicule caractéristique du podencéphaie s'élevant ainsi dans la suture sagiltale dilatée, en avant du point singulier nommé ohèlion par Broca, je propose de désigner cette seconde variété anatomique par le nom de podeii- cépliallc obéliale.

Je réserve les noms de hunhdatlque et d'e/^cfc/rt/cpour deux variétés inédites que je vais maintenant décrire; je distinguerai, en terminant, comme iinaquc une dernière forme, dont Malherbe, de Nantes, a méconnu la véri- table phice, en la classant parmi les cas de notencéphalie '■^K

■«^se^

Fig. 1.

Podcncéphalie iambcliiliqiie.

La ■podenci'iihalic himhdntiquc est caractérisée par un orifice correspondant an siège de In fontanelle postérieure (lig. i). Le cerveau (;iit hernie par \\n

'') Malherbe, Observation de iiolencéfhalie [Jauni, de la Sirliaii médicidc de lu Soc. (iradémùiue , t. XVI, p. ii et suiv. Nantes, 1889).

29

li'ou à peu près cii'culaire, ouvert dans l'angle lainbdaliqiie des deux pa- riétaux. Une partie relativement moins importante de Fcncéphale sort à travers cet orifice, et le crâne, un peu aplati seulement de haut en bas et d'avant en arrière, a une forme à peu près ovale.

J'ai observé deux exemples de celte variété de ])odencéplialie. Le pre- mier (lig. i) fait partie de la collection tératolo;;ique que j'ai offerte au Muséum. Le crâne mesure 77 millimètres île lonf]-, 5() de large et de haut. La perforation à peu près circulaire ( 1 8 millim. sur 20) est ouverte dans les angles postérieurs et supérieurs des pariétaux et n'intéresse à aucun degré l'occipital.

Le second, que l'on peut étudier dans la collection de Breschet au Musée Dupuytren [Tcmt. 71 ), est, comme le précédent, un crâne d'enfant à terme, long de 83 millimètres, lai'ge de 70 millimètres, et son diamètre basilo-bregmatique est sensiblement moindre (/io mdlim.). La perforation ovoïde, a peu près régulière (81 millim. de long sur 9.6 millim. de large), est ouverte nu milieu du lambda et enqnèle, celte fois, à peu près égale- ment d'une part sur l'occipilal et de l'autre sur les pariétaux normaleinenl articulés en avant de cette ouverture, sur une longueui- de 26 millimètres.

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Fig.

Podencépiialie épactale.

L(; crâne (jni représente, dans ma classification, hi podciiccpluilic rpaclnle (fig. 2) et qui m'a été donné jadis par feu Giraldès, est à la fois plu> ti'iangnlaire et plus déprimé, et ses trois diamètres sont 69, j'à dhb. L'ouverture, par laquelle une petite partie des hénu'sphères avait fait issue au dehors, est ovale en travers et mesure 00 millimètres de lar-

30

g-eur ol 18 millimètres de hauteur. C'est aux dépens de l'épacial quelle s'est produite cetle fois ; la moitié droite de celle portion de l'écaillé occi- pitale a presque enlièreinent disparu.

La podciiccphiilie iitiaquc a son siège im peu plus bas. Il y ajuste la même diiïéreuce entre celte variété et l'épaclale qu'entre la variété obéliale et la sagittale. L'orifice par lequel l'encéphale s'est en partie échappé de la cavité crânienne est ouvert nu centre de iécaille occipitale, an niveau de Yiiiion, et un cercle osseux, formé des diverses pièces qui composent normalement l'écaillé, parfaitement soudées d'aillenrs . encadre le pédicule cérébral. L'ouverture, de forme ovale, atteint •? 1 millimètres dans son diamètre ver- tical et 1/1 millimètres transversalement; elle est bordée parmi épaississe- ment en forme de bourrelet.

La cavité crânienne n'offre guère, dit Malherbe, que le sixième de la capacité normale. Les fosses antérieures et moyennes de la base sont beau- conp plus i-éirécies que les postérieures. La cavité est aplatie, comme chez les sujets précédents, et la face est fort oblique ''^

J'ai di^à dit que Mallieii)C avait classé à tort la têle ainsi décrite au chapitre de la pndcucépludie. 11 reconnaissait pourtant que. chez le sujet de Geoiïroy-Saint Hilaire, type ihi xénhxUc podciicrphnle , l'écaillé occipitale ne forme qu'un arc de cercle plus ou moins étendu au-dessus de la tunieur, ffle reste de la circonférence étant constitué par l'arc |)ostérieur de l'atlas^.

Dans l'observation de Malherbe, comme dans loutes celles qui précèdent, il y a une hernie cérébrale, il y a un pédicule reliant la partie herniée au reste de l'encéphale ; il y a donc podencéphn/ic, et comme l'orifice de sortie correspond, cette fois, à l'inion des anthropologistes, je propose de distui- guer cette cinquième et dernière variété sous le nom ih podcncéphaHe iinaque.

En résumé, la hernie exencéphalique pédicule peut se localiser de ciiKi manières différentes : ou bien, en effet, cffe se produit aux dépens de la suture sagittale tout entière {p. sagiwdc) ou seulement d'une partie de cette suture, limitée en a\ant par l'obélion [p. obéliale), ou localisée dans l'angle supérieur et postérieur (p. /^™Mrt/(V/«e). La hernie peut encore se produire aux dépens de l'occipital, soit de la partie supérieure de l'écaillé de cet os {p. épnctalc) , soit de sou centre {p. iniaque).

Ces dernières variétés appartiennent d'ailleurs à une période |»lus avancée de l'évolution inirautérine, et l'exencéplialie, se manifestant plus lard, ne produit plus de troubles aussi profonds dans le développement général du squelette crànio-facial.

(') La colonno vertébralf est normalement conformée, sauf une liimour de la ip-os- seur d'une aveline sortie de sa coque, que Ton voit faire saillie au-dessous de la septième cervicale.

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Tumeurs chez des Ai^imau.y aya\t vÉcv i la Mib^ACERiE du Muséum

(^Deuxième noie)

PAR Auguste Pettit. (Laboratoire de M. le professeur Filhol.)

Dans une noie antérieure "*, j'ai déjà eu l'occasion <le décrii'e ([uali'ecas (le tumeurs malignes, ol)servées chez des Animaux sauvages ayant \écu à la ménagerie du Muséum; grâce à la bienveillance de mon Maître, M. le [)ro- fesseur Filhol, qui a mis à ma disposition, pour ces recherches, tous les cadavres envoyés à son laboratoire, je puis, aujourd'hui, ajouter à cette première hste quatre nouvelles observations, soit au total, [)our la |)(''riode i8() '1-1899 , huit cas.

1. Sarcome â petites cellules rondes chez un Ours {Ursus J'erox G. d). Toute la |)ortion postérieure (\\\ ventre est envahie par une énoi'uio liuneur. Taisant une saillie considérable et englobant en une masse couuiume tous les organes; sa surface présente de larges ulcérations à l'ond noii'atie et à bords taillés à pic: le jiéuis ne dépasse que de quelques centimètres le néoplasme; il est gondé et couvert d'érosions; le prépuce est fortement l'étracté.

En disséquant l'animal, je constate qu'il s'agit d'iui néoplasme ayant rn\ahi la peau et les imiscles et ayant contracté des adhérences avec les os du pubis; le canal de l'urèthre et les testicules sont seuls reconnaissables: les ganglions ])elviens sont tous dégénéi'és. Malgré des recherches minu- tieuses, il est impossible de déterminer l'origine de cette tumeur dont l'ex- tension est considéral)le.

Le raclage des surfacjs de section fournit un suc blanchâtre, épais, conq)osé prescpie exclusivement de petites cellules arrondies.

Dans toutes ses parties, la tumeur présente une structure semblable: elle est constituée par des petites cellules arrondies, faiblement unies les unes aux autres; en certains points, il existe des vaisseaux à parois épaisses ainsi que quelques rares libres conjonctives; le cytoplasme est, en général, |)eu développé; le noyau, riche en chromaline. Les mitoses anormales sont fréquentes: il en est de même des alt('ralions nucléaires. T'jilin on observe d'assez nombreux corps fuchsino[)hiles.

2. Carcinome de la parotide chez, un (Jtncal [(jinis aureus L. c?). La parotide gauche forme une masse, grosse comme une mandarine, assez nettement limitée, d'une consistance ferme; elle ne donne pas de suc par raclage. L'examen histologicpie monlie que la glande, tout entière, est

•') H\tUi;lh} (lu Masihuii (Vl.isUnre luiInrcUc , 1897, n" 5, p. i 6g.

3!>

envahie pai' un ("arciiioiuc alvéolaire; eu aucun [>oiul , il uo sujjsisle de traces de la siruclure nor-male.

'.]. Epilheiiomd du corps tlu/roïdc chc: une Sari<>uc [Didelphys virpiniana Sliaw. d). Le volume du corps Ihyroïde es! considérableineut augnienlé; le lolte droit a, environ, 05 millimètres de longueur; le gauche, 4o; l'épaisseur, variable suivant les |)oinls envisagés, atteint la à lo milli- mèlres; la surface de la glande esl parcourue par de grosses veines dila- tées''J.

Sur les coupes, le tissu conjonctif (h'Iimiie une série d'espaces irrégn- liei's, dont le dessin général rappelle assez exactement ce qu'on ol)serve h l'élat normal: dans cpielques-uns de ces derniers, on retrouve même la structure habituelle : une couche é])illi('liale périphérique eniourant un bloc de subslance colloïde.

Mais, dans la plupart des cas, les dispositions sont tout aulres : le revê- lement épitliéiial a proliféré et forme des masses qui ne lardent pas à i-enq)lir l'alvéole tout entier; les masses de substance colloïde soni , en effet, iaj)idement détruites par ces éléments de non \ elle formation. Le processus est particulièrement net en certains poinis; Tépilhélium hyperplasié forme une série de couches . dont les plus cenli'ales sont au contacl de la sub- slance colloïde; celle-ci présente, à sa surface, une série d'excavations, don! la foi-nie correspond exaclement à celle de la cellule située à ce ni- Ncaii. La niasse colloïde est ainsi creusée d'une série de petites cavités, de formes très variables, mais toutes réunies les unes aux autres par des Iran- silions insensibles. Réduite, au début, à une lentille plan convexe, re\ca\alion ne larde pas à acquérir une forme irrégulièrement sphérique. Finalement, ces phénomènes ont pour résultai la disparition de la sub- stance colloïde et la constitution de cordons épilhéliomateux pleins.

h. EphheVioma clic: un Parado.vurc (Paradoa-urus tijpus F. (luv. d). \ rexcoption des capsules surrénales, des reins et de la \essie, lous les oreanes de la ca\il(' abdominale conslituent une masse conqiacte dans iaipiclle on ne distingue guère ([ue le foie et les intestins; on ne retrouve plus de traces du pancréas, de la i-ile, ni de l'estomac; à la coupe ma- crosco|)ique, on retrouve, en cerlains points, la lumière du canal digeslif: le néoplasme esl form(> par y\y\ tissu blanchâlre parsemé d'exsudats et d'in- farclus hémorragiques. Dans ces condilions, il est inqiossible d'indiquer l'origine du iK'oplasuic, dont le retenlissement est manifeste dans lous les autres organes. Sur de larges coupes intéressant les parties centrales, la liinieiu' apparaît limitée par une en\elop|)e de lissu conjonclif: elle est coiisliluée par des masses épithéliornaleuses, baignaiil ilans des exsudais

''' Il m'a été impossible de liouver les pnrathyroïdes.

n

siiiipiiiiis à Ions les slades do réj^ression ( ht-nioiTa^ios rcîceiilos, caillols

organisés, etc.).

Co.s dernières so composent <le cm-duiis sinueux, eiilre lesijuels s'est in- lilhT'dn san};-: les éléments ([iii les coiislilnenl renferment des vacuoles claires''', de volume variable, mais (|ui, en général, occupent la majeure partie du corps cellulaire, refonlani ;i la pi'i'iplu'rie le noyau: dans de tels él(Mneuls, le cyloplasma est réduil ;i une mince calotte.

Dans les cpiatre cas signalés ci-d(>ssus, la misère physiologiqne é'Iait extrême, l'émaciation très accusée, ainsi ([u<' la dégénérescence ganglioii- naii'e.

PrOVRIÈtÉs PinsiOLOGIQUES DU VEMN DE CoELOPELTIS INSIGNITUS. All-niTÉS /.OOLOGIQUES DES OpiSTHOCLYPnKS ,

PAR M. C. Phis\lix.

Dans un précédent travail ''>, j'ai attiré Tallention des zoologistes sur rutilit(' et rimportance des caractères physiologi(pies pour la classilication des espèces, et j'ai montré t[ue les (lonleuvres agly[)liodontes Tropiiiotiis na- trix et Trop, vipcrinus , par la sécrétion de leurs glandes labiales et par leur sang, ont avec les Vipères les plus grandes affinités. Jusqu'alors, pour étu- dier ces aHinités, on s'en était tenu au critérium anatomique : c'est le squelette ([ui servait à établir les [toints de couqiai-aison. C'est ainsi que (i. A. Boulenger, se basant sur les caractères tirés des dents et du cràn(!, établit la filiation des Aglypliodonles aux Protéroglypbes, d'une part, en passant par Boodon et les Élapines, et des Aglypbodontes aux Vipéridées, d'autre part, en passant par les Opistlioglyplies. La plujiart des auteurs ont adopté ces vues. C'est dans le but d'en appi-écier la valeur que j'ai entiepris ime étude de pbysiologie conqiari'e des glandes labiales et du sang cliez les (Jphidiens. En ce qui concei'ue la position systématique des Opistlioglyplies, j'ai donc recherché si les propri(''lés physiologiques du venin de c^s ani- maux étaient réellement intermédiaires entre celles du venin des Vipères et des Couleuvres. Les seules expériences relatives au \enindes Opisthoglyphes sont celles de M. le professeur L. Vaillant et de S. Jourdain.

Dans un mémoire publié en iS8-î<'', M. Vaillant a signalé la grande activité du venin d'un Opistboglyphe, le Nasique (Dr (/oy^/t/syjrasmMs). Il a vu

''' La substance renl'orniéo dans ces vacuoles s'étanl dissoute dans les réactifs, il ne m'a pas été possible d'en déterminer la nature.

'•-) Bidl. du Muséum (Vhist. iiat., 189^1,1. H; 189(3, p. o.'i'i.

'■■'' L. Vaillant, Mémoires publics par la Société philomalliiquc à l'vcasion du cen- h'iudrr (If sa fondât mil , ( "jSS- 1 8S8.

Muséum. vi. -^

:}d

1111 L('zard inourir liuil uiinuk's après rinlroduction des crocheLs, avec des symptômes de paralysie, des Ireniblemeiils el des convulsions.

S.Jourdain''' faisant mordre de petits Mammifères et des Oiseaux pjir la Couleuvre de Montpellier les a vus p('rir rapidement. D'après cet auleuj-, le venin de cet Opisthoglyplie a une activité comparable à celui de la Vi- père.

Les expériences que j'ai entreprises -' pour analyser les caractères phy- siologicpies du venin de la (louleuvre de Montpellier m'ont conduit à ce résultat inattendu , qu'il n'a aucune espèce d'analogie avec celui de la \ ipère, mais qu'au coiilraire il se rapproche beaucoup de celui du (lobra capello.

Expérience I. Une glaiulo de (Àplopcltis insignitus (jiii vient de mourir à la Ménngerie des Ikpliles est mise à macérer dans deux cenlimèlres cuhcs d'eau gly- cérinée. Viiigl-quatre heures après, on injccla sons la poaude la cuisse d'un Cobaye la totalité du li(iuidc de cette macérai ion. Dix niiimtes à peine s'étaient écoulées que l'animal est aiïaissé sur le ventre, la respiiation est diUlcilo, il y a de l'Ii.per- sécrétion lacrymale. lîientcM la respiration se ralentit considérablement, devient saccadée el s'arrête. Le cœur continue à battre pendant deux minutes environ.

Autopsie. Légère inlillration gélalincnsc au point d'inoculation. Les oroiliettes battent encore vingt minutes après la mort. (Jaiilot noir dans les doux ventri- cules; le sangqui s'écoule du cœur se coagule en une minute.

ExPÉBiENCE IL Ou fait une deuxième ma'i'ration de la glande précédente dans un centimètre cube d'eau glycérinée, et on Tinocnle ilans la cuisse d'un Cobaye.

Le premier joui-, on n'observe d'autre symptôme qu'une légère élévation passa- gère de la température (o", 7) et un peu de gonflen)eut au point d'inoculation. Le deuxième jour à 9 heures, on ne remarque rien d'anormal; à 9 heures /i.^), en prenant sa température qui est à peu près normale (38°, 6), on s'aperçoit que l'animal a de la peine à respirer, des mucosités s'échappent en abondance par le nez; les eUbrts de vomissement sont fréquents. A 10 heures, la respiration est de plus en plus pénible: elle est perceptible à distance; éternuements et hoquets. \ 1 heure, même état, agitation, l'animal lève la tète el fait des ellbrls pour aspirer 1 air. Le troisième jour et quatrième jour, même dillicullé à respirer, mucosités dans les narines, la température reste basse : 33",."> et 3.'j",7. Le cinquième jour au malin, on le trouve mort. A l'autopsie, on trouve les poumons très congestionnés et un nodule héjjatisé dans le poumon gauche.

Il es! à peu près certain, si l'on compare ces résultats avec ceux de l'expé- rience VI, que les symptômes observés le premier jour étaient dus au venin, mais il est possible qu'une infection jjulmonaire soil venue ensuite se grefler sur les accidents primitifs et ait été la cause réelle de la mort.

'•' S. JoiiiDAi.x , Comptes Rend. Ac.dcs Sciences, t. (iVXIII, p. •!07. <-' J'adresse tous mes remercimcnts à M. le Professeur Vaillant et à \l. Calieii iMingaud pour les animaux qu'ils m'ont olili;;eammenl fournis.

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Exi'ihîiENCK III. Un (Jœlupeltis iiisigiiitiis de grosse taille (longueur i in. 27, pouls /i.3o grniMuies) fut dérapité, et la l("'le mise dans l'eau glycérinée nie fut envovée par Galieu iMingaud, de finies. Les doux glandes disséquées sont mises dans un centinièlre cube d'eau glycérinée. Pensant que le venin avait en grande partie diffusé dans la glycérine, pendant le trajet, j'inocule la totalité de la iiia- cératiou glandulaire à lui (Cobaye. Au bout de sept à buit minutes, l'animal tombe sur le flanc, la respiration devient agonique, puis s'arrête. On note quelques niouveiuents convulsifs. Le cœur continue à battre; pendant liuit minutes, on perçoit ses batlements à la main. Trente minutes après l'inoculation, on lait l'au- topsie: on observe encore quelques battements du ventricule, les oreillettes con- linueiil à ballre régulièrement. Le sang se coagule en deux minutes. Légère inllllration incoion' au point d'iiioculation.

dette première série d'expériences donne des indications très nettes sur les caractères de i'envenimatiin par le \eniii de Cœlopeltis : ils sont bien différenls de c nx de l'envenimalion vipéricpic. Les accidents locaux sont peu accentués; rinlillralion incoloi'o du (issu conjonclil" ressemble à celle (pie produit le venin de Cobra: ([uaul aux symptômes oénej-aux , ils se ma- nifestent, dès le début, par des troubles nerveux graves, de rhvpersécrétion lacrymale, sali va ire, une gêne respiratoire cpii aboutit bientôt à un arrêt brusque de la respiration. Pour compléter ces résultats, il reste à examiner un certain nombre de cpiestions relatives à la toxicité du venin, à c!'ll<> du sang, h rintluence du cliaulVage, à l'immumsation, etc. J'en ai abordé quelques-unes dans les expériences suivantes. Elles ont été faites avec les glandes venimeuses enlevées à un animal vivant, et mises en macération dans 3 centimètres cubes d'eau distillée cbloroformée.

Expérience IV. S. h beures 20, on inocule à un (lobayo femelle, pleine, de 53o grammes, o"()5 de la macération de glandes fraîcbes de Cœlopeltis préparée comme il vient d'élre dit. V h beures .35, on l'examine, la respiration est nor- male; à II beures 38, la marcbe devient difluile, les pattes, les postérieures sur- tout, restent écartées, les mouvements sont incoordonnés et bientôt impossibles; l'animal s'affaisse sur le ventre, respire de plus en plus lentement et irrégulière- ment, cl enfin, à /i beures A-3, il axpbyxie; il tombe sur le flanc complètement flasque, avec de petites secousses cloniques des membres; salivation. A d beures /i.j, la rcspiralion est arrêtée, il parait mort; cependant le co'ur bat encore pendani trois minutes. A ce moment , la température, qui était de Sg",/! avant l'inoculation, est descendue à .3 8°, 5.

Autopsie. Légère infillralion gélalineuse incolore au point d'inoculation. Les ventricules soûl distendus, immoliiles, les oreillettes ballent. Le foie et les reins, l'iniestin grèle et les capsules surrénales sont congeslionnés. Les poumons sont 1res congestionnés, el il y a un peu d'empbysème sous-pleural. Sur le fœtus prêt à naiire, les oreilleltes ballenl, les venlricules sont arrêtés.

EM>É1UE^CE \. On fait la même expérience que ci-dessus, mais avec une dose plus de trois fois moindre (o'^a), qu'on inocule dans la cuisse à 5 beures la.

a.

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A 5 heures 20, un peu de salivation; cjuand l'animal couil , on observe quelques mouvements incoorclonnés du liain de derrière, comme de brusques soubresauts; bientôt ia respiration est gênée, et l'animal ouvre la gueule pour aspirer l'air; à .") heures 2 5, il s'affaisse sur le ventre, la tête repose sur le sol, les pattes restent écartées; mouvements incoordonnés, paralysie de ia pnlte inoculée qui traîne en arrière; à 5 br-ures 18, l'axpliyxie commence; salivation, larmoiement. A 5 heures 3o, l'animal est sur le flanc et ne tarde pas à mourir. On perçoit les battements du cœur encore pendant cin(| minutes après la mort. A l'autopsie, mêmes lésions que précédemment.

Ce chillre de o'"'-2 représente la quinziènie partie de la maee'ratioii entière des deux [{landos de Cœlopehls, et c'est, à peu de chose pr.''S, la dose mortelle miniiiium. Avec o" 1 /( , on provoque encore quelquefois la mort, mais, avec des quantités moindres, l'animal survit. Maljiré la orande diUérence des doses employées, la mort est survenue dans un délai très court, variant de dix-huit à trente minutes. 11 est très rare que les s\ nip- lômes d'inloxicatinn durent pendant plusieui's heures; cependant, j'ai pu ohserver uii cas dans letpiel l'animal n'a succombé ([u'au bout de vingt- (juatre heures. Les conditions de l'expérience se rap[)rocliaienl beaucoup de celles de l'expérience III.

Expérience VI. Les deux glandes qui avaient servi à l'expérience ui furent mises en deuxième macération dans 1 centimètre cube et demi d'eau glvcérinée, pendant huit à dix jours, et le liquide fut inoculé à un Cobaye en trois doses éche- lonnées, de 11 heures à 5 heures 3o. Les symptômes d'empoisonnement ne com- mencèrent à se produire qu'à 6 lieures 5o , sous foime de hoquets et de salivation; à 10 heures, la salivation persiste encore un peu; léger rlioncus, mais il y a un mieux sensible. Le lendemain matin, vers 10 heures, la respiration est très pénible, raie et profonde {ho respirations par minute). L'animal no peut plus marcher, il est affaissé sur le ventre, les pattes écartées, la tête tond)e sur le sol: tempéra- ture : 35 degrés. Mort à lo heures A5. A l'autopsie, lésions ordinaires, poumons très congestionnés, surtout vers les lobes supérieurs.

Le procédé de la macération des glandes ne peul évidennneni pas donner la mesure vraie de la toxicité, mais, comme il a été enqilové déjà pour étudier le \enin de la Couleuvre ordinaii'e, il permet de comparer le mode d'activité des deux venins. On sait ([lu^ pour (uer un Cobaye dans un délai de cinq à six heures, il faut injecter le produit <le macération des deux glandes d'un Tropidonote de dimensions moyennes, tandis que le <piinzièine de celte nuicération sullil dans le cas du (lœhpcliis. Le venin de Cœlo- pdtis insioiniiis est donc environ quinze fois plus virulent que celui de Tivpidoiiolus iiiilri.r, dont il diffère aussi complèlemont par les caractères de l'envenimation. Sous c rapport , co (jui est a[>j)lical)le au venin de ^ ipèi'e l'est aussi au venin de Couleuvre, puisque ces deux venins agissent de ia nuMiic m;mirre. Les diU'érences entre le venin de (lœlopellis et celui de

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Vi[)èi'e et de Couleuvre se poursuivent si ou les soumet à Taetion de la cha- leur. Taudis que ces derniers s'atle'nuent de 70 à 90 degrés, d'autant plus que la températuie est plus élevée ou la durée du chaulTage plus grande, le premier, au contraire, reste inaltéré après une éhullilion de quinze à vingt minutes. Les expériences suivantes vont nous permettre d'apprécier ces diilerences. L'atténuation du venin de Vipère par la chaleur étaut suffi- samment connue, il suffira de comparer les venins de Couleuvre et de Cœlnpeîfis,

ExpiÎRiENCK Vil. On Inil mucërer pondant vingt-quatre lieiires, dans () centi- mèties cii])es d'eau glycériiiée, six glandes à venin de Couleuvre à «(illier, de dimensions moyennes. On ajoute au liquide très visqueux ainsi oiitenu h centi- mètres cubes d'eau distillée cl on inocule deux (Cobayes, l'un avec 5 centimètres cubes de ce produit glandulaire tel quel, l'autre avec 5 centimètres cubes de ce même liquide maintenu dans l'eau bouillante pendant huit minutes. Tandis que le premier Cobaye est mort en liuit heures avec un abaissement de température de 39°,9 à Sa'iO et les symptômes ordinaires de l'envenimation vipérique, l'autre est resté très vif; toutefois il s'est produit un gonflement au point d'inoculation et un abaissement passager de la température de p. degrés. Le lendemain, l'animal est très bien portant.

ExPKRiEXCK VHI. Une macération de glandes de CwItipclliK , la même qui a ser\i dans les expériences IV et V, est maintenue dans une pipette fermée pendant quinze minutes dans l'eau bouillante, puis elle est inoctdée à un Cobaye, à la dose de o"!î. Dix minutes après, l'animal s'affaisse sur le ventre; il est pris de tremble- ments avec secousses des membres et incoordination des mouvements; la respira- tion est un peu ralentie, cependant on compte iMicore 100 mouvements respira- toires par minute; puis, brusquement, une minute après, elle devient asphyxique et s'arrête; salivation et larmoiement. A ce moment, le cœur bat régulièrement et fort : 100 pulsations par minute; mais il ne larde pas à s'atfaiblir, jusqu'à In mort qui survient dix-buil minutes après l'inoculation.

Le chanllage à 100 degrés, pendant quinze minutes, ne produit donc aucune atténuation du venin de Cœlopcllis. Ou sait f[u'il eu est de même pour le venin de Cobra. Faute d'animaux en quantité suffisante, je n'ai pu rechercher à quelle lempt-rature il faut porter ce venin de Coleopeltis pour en détruire la virulence; mais cette granile résistance à la chaleur, ainsi que les caractères de l'envenimation, suffisent déjà pour montrer une ana- logie évidente avec le venin de Cobra. Cette analogie se poursuit si l'on compare la toxicité du sang dans les deux espèces. On sait que l'enveni- matiou produite par le sang chez la Vipère, la Couleuvre et le Cobra est de même nature que celle du venin correspondant. Pour le (]œlopellis , il en est absolument de même.

ExPKiUExcK IX. Un Cœlopelfis insignitus en captivité et à jeun diq^uis di^nx mois est saigné par le cœur. Le s('rMm chargé de globules est inoculé, à la dose di'

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trois centimèlres cubes, dans la cuisse d'un (iobaye. A part de la douleur el de la paralysie de la patte, ce (Jobaye n'a pas éprouve de symptômes d'envenimation pendant deux heures. 11 n'a pas été observé de 7 heures du soir à 11 heures le lendemain matin. A ce moment, il ne parait pas malade; on lui inocule alors, dans la cavité abdominale, trois centimèlres cubes du même sérum. Au bout de cincj minutes, la salivation commence, !a respiration se rali'ntit (So par minute), et il meurt en dix minutes avec les mêmes symptômes, déjà plusieurs lois décrits.

Autopsie. OEdème gélatineux à la cuisse, légèrement teinté par riiémoglo- hine du sang injecté. Congestion inllammaloire énorme de l'estomac el de l'intes- tin. Foie, reins et poumons congestionnés. Congestion vive de la trachée et du larynx, avec mucosités spumeuses dans le larynx. Un peu d'emphysème sous- pleural.

Les substances actives contenues dans le sang du Cœlopcliis ont donc les plus grandes analogies avec celles de la glande labiale supérieure. Résis- tent-elles comme le venin à une température élevée? Pour résoudre cette question, il faudrait un certain nombre d'expériences; je n'ai pu encore en faire qu'une, dans des conditions dél'avorables. Néanmoins je vais en ex- poser les résultais.

ExPKRiENCF, X. Ce qui reste du sérum cliargé de gloltnles du Cœloppltift de re\|)érience IX (environ 3" 5) a été addilioinié de c[uel(jues gouttes de chloro- forme et conservé pendant la nuit, à la glacière. Le lendemain , il est complètement (oagulé. Le coagulum est lavé avec un peu d'eau distillée et exprimé à la presse; le liquide rosé ainsi obtenu est chauiré à 58 degrés pendant quinze minutes et inoculé à ii heures 10 dans la cavité alidominale d'un (]obaye. Au bout de dix minutes, l'animal a dn hoquet et fait des ellorts de vomissements, et il perd sa vivacité. L'observation n'a pas été suivie de midi à 2 heures. A ce moment, l'ani- mal a un peu de salivation, mais il est beaucoup plus vif; l'amélioration va crois- sant, et, le soir, il est revenu à l'état normal. (Juarantc-liuit beur(>s après, il est ('■prouvé avec o"a de venin, et il succombe en seize minutes avec les symptômes caractéristiques de l'intoxication.

Il est probable qu'uuo ])arlie de venin était restée adhérente au coagu- lum globulaire. En tout cas, la faible quantité dissoute dans l'eau de lavage n'a pas été détruite à 58 degrés et' a produit quelques accidents d'enveni- mation, mais elle n'a pas sufii poui- iunnimiser l'animal contre une dose mortelle. Cette immunisation est du reste diliicile à obtenir; quelques expé- l'icnces dans ce but ne m'ont donn" que des résultats négatifs.

De Tensemble des faits exposés dans celte note, il résulte que le venin de Qvhpellis iiisif^niliis dilTère totalement du venin de Vipère et de Cou- leuvre, et se rapproche beaucou[) de celui de Cobra. C'est là, à n'eu pas douter, un caraclèi'o de jireniier ordre ([ui ne |»eul être négligé au point de vue de la place systématique à donner aux Opisthnglyphes dans la classifi-

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cation ot dnns la lilialion joënéaiogique des espèces, il esl évident c[ne deux venins dont la naline et l'action jihysiolngique sont dissemblables sont élaborés par des cellules glandulaires de structure et de fonctionnement dilTérents. Le mode de développement et rhistogenèse de ces cellules glan- didaires pourrait donc fournir des renseignements plus importants que la position relative des dents sur le maxillaiie. Ce sont des caractères qui n'ont pas encore été utilisés pour la classification des Reptiles venimeux. Quels que puissent r[v>' les résultats de celte étude anatomicjue, ils reste- ront subordonnas à ceux que fournit l'analyse physiologique. La nature et les proprii'tés du venin exercent sur les nifeur.-;, sur le mode de nutrition, sur le sang, sur l'organisme enli-r du Reptile une telle influence, que les caractères tirés de son étud<' dominent tous les autres. D'une manière géné- rale, il est à prévoir que l'analyse comparative des fonctions pourra jouer, dans la classification des êtres, un lôle aussi important que celle des con- nexions anatomiques.

En atlendant, et comme conclusion de cette étude, nous admettrons ([ue les Opistlioglyphes ne sont ])as intermédiaires entre les Vipéridées et les Couleuvres aglyphodonles, mais bien i)lntôl entre celles-ci et les Golubri- dées ])roléroglyphes.

Sur les wdules youRniaiEns du placente des Uriculaires ,

PAR M. Pn. VAX TlF.r.lIEM.

On sait tout l'intc'-rél qui s'attacbe aux Utriculaires (Ulricularid Linné), en raison de la singulière conlVuiiiation de leur corps végétatif. Elles n'ont pas de racines. Ce sont les tVuilles qui en remplissent les fonctions, toutes les feuilles, également découpées en segments filiformes, si elles vivent submergées dans l'eau, comme notre Utriculaire commune, seulement cer- taines feuilles, différenciées en filaments, si elles croissent sur la terre, sur la mousse et sur l'écorce des arbres, comme la plupart ties espèces tropicales. Ces mêmes feuilles produisent aussi des ascidies diversement disposées, sort-s de petites outres qui ont fait donner leur nom à ces plantes et dont le rôle a élé et est encore très discuté. La tige a sa stèle toujours plus ou moins étroite et plus ou moins simplifiée dans sa structure, mais la (h'gradation y atteint son maximum lorsqu'elle est submergée. Il y a déjà trente-deux ans que j'ai signalé, dans fUtriculaire commune, cette extrême réduction de structure (h' la tige submergée, en montrant qu'elle est bien réelbment provoquée par le milieu aquatique, puisqu'elle cesse brusquement dans les rameaux aéiiens florifères, pour y faire place à la structure normale'''.

'•' Pli. Vax Tieghem, Analomie de ITtrintlairc rommniie (Comptes rendus, 2.3 novembre i SfiS).

ZiO

D<'jà si remarquables au point de vue véjjétatif, cos plantes oflVent aussi dans Forganisation llorale, notamment dans la structure du pistil, quelque chose de singulier, une disposition jusquici sans exemple, que j'ai observée l'année dernière au cours de mes recherches comparatives sur la structure de l'ovule et sur laquelle la présente petite Note a pour objet d'appeler l'attention.

Le pistil des Utriculaires , et en particulier de TU. commune (U. vid- garis L.) qui a fait l'objet principal de mes observations, est formé, comme on sait, de deux carpelles antéroposiérieurs, ouverts et concrescents bord à boi-d dans presque toute leur longueur en un ovaire uniloculaire, surmonté d'un style termin(' par deux stigmates inégaux, le postéiieur plus petit et lisse, l'antérieui- plus grand et couvert de poils. (^Iiacun de ces deux car- pelles produit à sa base u'ne protubérance en forme di' talon , et ces deux talons, concrescents dans toute leur longueur comme les carpelles eux- mêmes, forment ensemble une colonne dressée dans la loge unique. Cette colonne est fortement l'enllée en sphère au sommet, et le renlleinent descend le long- de la colonne en forme de chapeau d'Agaric, de manière à remplir presque entièi-ement la cavité ovarienne. Toute sa suriace est cou- verte de petits ovules serrés les uns contre les autres. En un mot, c'est un placente central libre, pareil à celui des Primulacées, par exemple.

Les ovules sont analropes, sessiles, à raph(' sup(>rieur et micropyle inlé- rieur en contact avec le placente, épinastes par cons('quent. Ils n'ont cpi'un seul tégument, plus épais du côté du raphé, il a huit assises cellulaiies, que du côté opposé, il n'en a que six, et s'amincissant en biseau autour du micropyle. Le raphé y est dépourvu de mérislèle, le rameau des mé- ristèles placentaires rpii lui est destin(' s'arrètant avant d'y pénétrer. L'épi- derme interne du tégument est nettement dilTérencié, formé de cellules très courtes et très allongées l'adialemenl. Le nucelle rst très mince, n'ayant qu'une série axile de cellules, revêtue par l'épiderme. Dès qu'elle se déve- loppe, la cellule mère de l'endosperme, ou prothalle femelle, qui est la troisième cellule de la série axile, attaque et digère non seulement les deux cellules supérieures, mais encore l'épiderme dans toute sou étendue, de ïuanière à venir s'appliquer contre la face interne du tégument. Le nucelle se trouve alors avoir dispai'u comme tel. En un mot, l'ovule est ténuinucellé, ou transnucellé, et unitegminé. Sous ce rapport , bien qu'elles aient le même mode de placentation , ces plantes diffèrent beaucou]) des Prinuilacées et des familles voisines, l'ovule est, comme on sait, transnucellé et biteg- ii)in(''.

Dans le placente, en face du micro])yle de chaque ovule, il se forme, sous l'épiderme, par recloisonnemenlde quelques cellules corticales externes, qui s'allongent perpendiculairement à la sui-face, un groupe sphérique ou ovoïde de cellules plus petites, pleines d'(ni protoplasme granuleux et sombre, mais sans amidon. Les nodules ojtaques ainsi constitués sont à peu près

/il

aussi ,oros que les ovult^s. Cliacuu d'eux est un ii'servoir uutrilit. destiné à alimenter le développement ultérieur de l'ovule correspondant.

En effet, aussitôt l'œuf formé comme d'ordinaire, la f>Tande cellule de l'endosperme, encore indivise, s'allonf|e, traverse le micro|)yle et vient appliquer son extrémité élargie, avec l'œuf qui s'y trouve attaché un peu plus bas, contre l'épiderme du placenlc Elle s'y sonde intimement et le presse d'abord en le rendant de plus en plus concave à cet endroit; j>uis elle l'attaque, le digère et vient se mellre en contact direct avec le nodule. Peu à peu elle en attaque aussi et en digère progressivement les cellules, avec les réserves albuminoïdes qu'elles renferment, en s'y enfonçant de plus en plus profondément. Finalement, elle le n'sorbe |)resque tout entier en s'y substituaiil. Elle s'arrête alors, sans pouv:)ir pénétrer plus prolon- dément dans le placenle; à ce moment, en effet, les petites cellules nutri- tives qui bordent le nodule sur sa face interne bombée se trouvent avoir durci et lignifié leurs membranes, de niiinière à former une calotte résis- lanle qui s'oppose de ce côlé à l'allongement ultérieur de l'endosperme.

En même temps qu'elle s'allonge ainsi par son sommet dilaté dans le nodide placentaire, la grande cellule de l'endosperme s'allonge aussi par sa base amincie dans l'épaisseur du t('gument, sous la chalaze primitive. Cette base se dilate (f abord en une amj)oule, qui attaque ensuite et digère une à une toutes les assises sous-jacentes du tégument, à l'exception de l'épiderme externe, qui persiste i^eul.

Au dél)ut, la cellule mère de ralbuaien puise donc à la fois par ses deux bouts sa nourrituiv dans les tissus voisins, qu'elle digère en s'y sub- stituant par son .sommet dans le placenle, différencié Ircalement à cet effet, par sa base dans le tégument de l'ovule. Ainsi nourrie, elle se cloisonne à plusieurs reprises transversalement ; les deux cellules extrêmes, renllées en ampoule, ne se recloisonnent pas et se bornent à diviser en deux leur gros noyau; les autres se recloisonnenl dans les Irois directions et produi- sent l'albumen. En même temps, l'œuf s'allonge, se cloisonne et engendre le suspenseur et l'embryon.

Plus tard, l'albumen, à son tour, attaque et digère sur ses flancs, une à une, toutes les assises du tégument, à l'exception de l'épiderme externe, qui sul)siste seul pour former le tégument de la graine. En dernier lieu, l'embryon atlacpie et digère cet albumen, qu'il fait disparaître complète- ment, de manière h venii-, à la maturité, s'applicpier conli'e le tégument séminal. La graine mûre est donc dépourvue d'albinuen.

En utilisant à cet effet les ressources de l'Hei-bier du Muséum, j'ai pu constater fexislence des nodules nourriciers du placenle dans plusieurs autres espèces d'Utriculaires, les unes sidimergées, comme l'U. intermé- diaire ( U. hitcr média Hayne) , l'U. gibbeuse ( V. gihha L.) , les autres terres- tres, comme l'U. cornue {IL corimta\\n-\\.), ou é'j)iphytes, conmiel'U. réni- forme [U.rcniformls A. S' Ilil.). Cette disposition paraît donc bien conunuue

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à toutes les espèces de ce vasle genre, qui en compte, comme on soit, plus fie deux cents.

Bien qu'ayant la même conformation du pistil et le même mode de pla- centation que les Utriculaires, ni les Genlisées {Goilison A. -Saint HUaii-e), noIammeiU la G. dorëe {Cf.aurca 4. -S' Hil.),ni les Polypoinpliolices {Pohj- /;oîH/)//o/7,r Lehmann). notamment la P. multifide {P. viultijida MùWev) , qui sont pourtant aussi munies d'ascidies et de'pourvucs de racines, ni les Grassettes (P/«g7«VM/rt Toiuiicfort). en particulier la G. vulgaire [P. nif- gnrk L.), qui sont, au contraire, dépourvues d'ascidies et munies de racines, ne possèdent de nodules nouri'iciers dans leur placente central. Celte singulière disposition paraît donc propre au geiu'e Utriculaire, à l'exclusion de toutes les autres Utriculariacées.

Ces observations e'taient faites depuis quelque temps déjà lorsque j'ai eu connaissance d'un mémoii-e sur le développement de la graine des Utricu- laires pul)li(' deux ans auparavant, en 1897, par M. Merz >''. Utilisant les matériaux l'apportés de l'inile et de l'Amérique du Sud jiar son maître, M. le professeur Gœbel, de Munich, ce botaniste a pu étudier la structure du placente et des ovules dans dix espèces d'Utriculaires exotiques, les unes terrestres, comme l'U. affine {U. «^««s Wiglit ) . etc. , les autres submergées, comme ru. enflée {U. inflala Walt.), TU. stellaire {U. steUaris L.), etc. Chez toutes, il a constaté la présence des nodules placentaires, qui avaient échappé à tous les auteurs précédents, et encore à M. Kamienski en 1891 ■''. Il les a désignés tour à tour sous le nom de "tissu glandideuxn [Driisciigcirrbr') ou de fftissu nulritiln (Nàhrgewebe). Il a vu. décrit et représenté, dans une série de bonnes figures intercalées dans le texte, comment la cellule mère de l'endosperme, après avoir résorbé tout autour l'épiderme du nucelle, s'alloUjOe à travers le micj'opyle ju-qu'au contact du ])lacente ; comment, l'œuf formé, la cellule mère de l'albumen enfonce son sonunet dilaté, qu'il nomme un suçoir {Haustnrmm) , dans le nodule correspondant, qu'elle ré- sorbe peu à peu; comment, enfin, cette mi'me cillule introduit sa base di- latée en amjioule, qu'il nonnne également un suçoir, un suçoir antipo(li([ue (Aiitipodicii/iausloriuiii), dans l'épaisseur du tép,ument. (|u'elle résorbe aussi progressiv(Mnent. En outre, il a niontré conunent. plus tard, une assise supérieure de Talbumcn située dans le prolongement de l'épiderme externe, seul persistant, en définitive, du tégument ovulaii'e, se subérise. conqilète le tégument séminal à cet endroit et permet ainsi à la graine de se séparer de l'ampoule terminale, qui reste incluse dans le nodule placentaire.

Par suite de ces recherches antérieures de M. Merz, l'intérèl de mes propi'es observations se trouvait tellement diminué, que j'avais résolu tout

C' ^1. Merz, Untersnchiingen ûhcr dii- Siuncnentwickchniir dcr Utricularieen (Flora, t. 8^1, p. 09; 1897).

W Dans Engleh : Nat. PJÏnnzenfam. , IV, 5 b, p. 108: 1891.

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d'abord de ne pas ies publier. Si je m'y décide tout de même aujourd'hui, c'est parce cpie, ayant été' faites indépendamment de celles de M. Merz, elles peuvent lem- servir de contrôle et de ve'rification : c'est aussi parce que, le travail de M. Merz n'ayant porté que sur des espèces exotiques , il n'était peut-être pas inutile de s'assurer directement et de faire voir que nos es- pèces indigènes, notamment l'Ltricnlairc conunune, sont le siège des mêmes phénomènes; c'est encore parce que plusieurs points de détad pa- raissent avoir échappé à l'attention de M. Merz, notamment l'origine sous- é|)idermicp.ie des nodules noui'riciers , à la formation desquels l'épiderme qui les recouvre ne participe pas, ainsi que la production de la calotte lignifiée qui entoure finalement l'ampoule mieropylienne et empêche son allonge- ment ultérieur; c'est enfiu pour essayer d'attirer de nouveau et plus fortement l'attention des embryogénistes sur un ensemble de dispositions dont ou ne connaît pas jusqu'ici d'autre exemple, et {|ui vient, pai' consé- quent, accroître encore l'intérêt, déjà si grand, qui s'attache par d'autres côtés au genre Utriculaire.

A cet égard, il est pourtant nécessaire, en terminant, de faire une dis- tinction.

Quand on dit que le fait présenté par ies Utriculaires est encore aujour- d'hui sans autre exemple, il ne s'agit, bien entendu, que de la production des nodules nom-riciers dans le placente et de leur digestion ultérieure par l'ampoule terminale, par le suçoir micropylaire de la grande cellule de l'endosperme. En elfet, l'ampoule basilaire, le suçoir chalazieu ou antipo- dique de cette cellule et la digestion progressive exercée par lui sur le tégument ovulaire sous-jacent ont été retroiivés depuis dans plusieurs autres familles de Gamopétales, avec les mêmes caractères que chez les Utricu- laires. C'est ainsi que, tout récemment, l'existence d'un suçoir chalazieu a été constatée chez les Scrofulariacées. Gesuériacées, Pédaliacées, Plantaga- cées, Canqjauulacées , Di])sacacées, pai- M"" G. Balicka ''', et chez les Composées par M"' M. Goldtlus ^-^, Chez ces mêmes plantes, on observe souvent aussi une ampoule terminale, un suçoir micropylien; mais ce suçoir se borne à digérer la région supérieure du tégument ovulaire; rare- ment, comme dans la Torénie {Torcnin L.), il ronge le funicule; jjmiais il ne s'enfonce dans l'épaisseur du placente pour y chercher une noiu-riture préparée à l'avance et accumulée pour lui en une place déterminée. C'est donc à cette foi-mation de nodules nourriciers dans le placente que se ré- (!uit, en dernière analyse, le caractère propre des Utriculaù'es.

■') Giilirielle Balicka-Ivanovska, ContrihutioHs à l'étude du sac embryonnaire chez rirtniiii':: Gamopétales (Flora, LXXXVI , p. Ay; l'Sgg).

'■-' M.itliikle GoLDFLPS, Sur la structure et les fonctions de l'assise épithéliale et des antipodes ches les Co)nj)osérs f Journal do Bolaniqno, XI] , p. Syi , i 898 , et XIIJ , p. 9 et suiv., 1899).

hh

SvK LES M.ifiAIS TOURBEUY AVI EPOQUES PlilMAIBES.

Note de M. B. Rknault.

L'existence de marais tourijeux anciens es! anssi probable que celle des rivières, des étangs et des lacs (|ui se sonl creusés pendant tonles les é|)o- ques jO('nlojoiques à la surface des terres émergées; toutefois, comme nous altribuons lui rôle assez im])ortant à ces jiiarais dans la formation de la ' bouille, nous pensons qu'il es! nécessaire d'établir levu' existence sur des preuves positives.

Aux temps primaires, la fermentation des plantes ne conduisait })as nécessaii-ement à la bouille; nous avons publié ici même''' le résumé d'un travail sur les cuticules de Tovarkowo, (pii, on se le rappelle, constituent une couche de charbon remanpiable dans le Culm inférieur du bassin de Moscou; cette couche est uni([uement form(>e de cuticules appartenant à des tiges de fJothrodendron et d'acide ulmique interposé ; aucune partie des tissus cellulaire, ligneux ou cortical de ces Lycopodiacées arborescentes n'a été transformée en bouille, malgré le nondire immense de Bactériacés que l'on trouve encore lixées sur les cuticules plus ou moins cori'odées, mais dont la composition est restée semblable à celle des cuticnles actuelles.

Les ra])porls du cai-bone à l'hydrogène et à l'oxygène sont, en effet,

pour ces cuticules : -'= 7.6. et - = t), et pour les cuticules de Lierre Il 0

ce etd'Agrave: -=--7.1. -^^ fi.i. bien diUV-reiits de ceux de la bouille:

Il o

G c

H ' 0

D'un autre côté, les charbons de la mine Aléxandrewski du même Ijassin , qui sont formés d'Algues et de fructifications de Lycopodiacées , les cannois de la même région, qui ne contiennent que ces fructifications sans mélange d'Algues, offrent. ])our les rapports du carbone à l'hydrogène et à l'oxy-

ffène, les chiffres suivants: -= 17, -=5, c'est-à-dire sensiblement " H o

les mêmes que ceux qui se rapportent aux cuticules de Tovarkowo ou aux

cuticules actuelles; de part et d'autre, il y a une foi te proportion d'acide

ulmique.

Il est à supposer que ce-; rapports représentent les limites vers lesquelles

tendait le départ de l'hydrogène et de l'oxygène dans les marais Idurlieux,

et qu'à partir de ce moment, si l'action bactérie-.me continuait, le résidu

disparaissait peu à peu sans changer de composition, comme le prouve

l'analyse des cuticules de TovarkovN'o.

(') BiiUeliii (lu Mvséuiii. iNoT), p. ^-2^.

/i5

D'aulre p;iil , ctTlaiiis luaniis anciens oui été cnvaliis \)i\y des eaux sili- ceuses, qui, en pétrifiant les cHlFéreuts organes vég-élaux à divers états de décomposition, les ont maintenus dans l'état oii ils étaient au moment de renvahisseinent des eanx minérales. Ces irruptions d'eaux chai'gées (h silice ont été Iréipientes dans les environs d Autnn, de Saint-Kticnnc. de liuxières, de Saint-Iliiaire, etc. ; les ligures i et -3 repnîsentent deux sections faites l'une dans une toui'be siliciliée de Grand'Croix, l'autre dans une tourbe actuelle.

La |)remière contient des fragments de plantes de l'époque : feuilles de Pecoptcrls , bois, écorce. pollen di" (lordaïle, graines variées, etc.

Fiji. 1. ToLulii' liiiuillùrc siliciliéo de Grand'Groix. Gr. aooyi.

a. Grain de pollen de Corduïle. h, c. Débris aniorpties, d'aspect flo- conneux , formant une sorlc de matière fondanieninle. d. Lamtieaux de filtres hijpndcDniqiws.

Vu milieu de ces menus débris se voient de nombreuses [)etites masses amorpbes, d'aspect floconneux, qui , si l'ensemble avait été desséché et légèrement comprimé, auraient formé une sorte de ciment (matière fon- damentale), reliant tous les fragments présentant ou non quelque struc- ture. (>es tourbes siliciflées renferment en outre : des dépouilles d'Inlu- soires des Desmidiées''; des iilaments mycéliens, des Ghytridinées'"^ des Mucorinées, des œufs d'Insectes aquatiques'^*, etc.

'') Ijrand'Croix; Sainl-Hilaire. '^* Auf un ; Grand'Groix. (■') Ksnosl.

â6

La deuxième figure représente une tourbe de Fragny, près Autun, dé- layée dans un peu d'eau de la tourbière. L'aspect général est exactement le même que cehii de la tourbe ancienne; les fragrneuls sont également ir- régidiers. mici-oscopiques, mais aj)partiennent à des espèces différentes de végétaux.

[<M{j. 2. Tourbe actuelle (Fragny). Gr. 200/ ].

a. Caraparo siliroiisc d'aiiiiboïde. b. Frajjiiieiit do vaisseau ponctue. f. Divers déjji'is floconneux amorphes formant la matière fondamen- tale. — (/. iM-ajfment d'épiderme ou de cuticule.

Les di'bris proviennent de tissus variés de Saule, de Fougères, de Mousses, etc. Les Diatomées y sont fréquentes, ainsi que les Infusoires et les Vmiboïde-.

L'étal de (lisisiou des organes provient du lra\ail jnicrobien sur les membranes counnuiies, travail qui a donné le même aspect aux lourbes anciennes et auv tourbes récentes.

L'exislence de luarais anciens nous ])araîl donc (b'uionlréo par les obser- vations que nous venons de mentionner c( que l'on pourrait multiplier.

La similitmle d'aspect n'enlraînail pas, luulelbis. la même similitude dans la composition ; on remarque, en effet, assez souvent dans la lourbe siliciliée. contrairement à ce que nous avons étal»li ])our les coucbes de combustible de Tovarkovvo et des mines Alexandre, un assez grand nond)re de débris (tissus ligneux ou corticaux, cellules en palissade, endotesia de

Ixl

praines, etc.) Iransfonnes on une matière noire, souvent opaque, ressem- îjlaiit à (le 11 houille; ce fait peut sVxpliquer en considérant que les plantes qui strjournaient dans ces marais étaient envahies par une grande quantité de Bactériacées diverses, dont les unes faisaient disparaître les tissus sans production de houille, les autres, au contraire, transformaient les couches d'épaississement en cette substance.

I>a dernière catéo-orie de Bactériacées am-ait été rar<\ aurait manqué peiil-êlre. dans les lacs peu pi-ofonds se formaient les bogheads, dans les marais oii s'accumulaient les cuticules de Tovarkovvo, les char- bons-bogheads et les canuels du bassin de Moscou, riches eu princq)es ulniiques, situés à l'intérieur des continents e( peu exposés aux dénu- (lations.

Les marais littoraux, au contraire, répartis à la surface des deltas, dans lesquels pouvaient se développer les Bactériacées de la houille, étaient exposés à de fréquentes inondations; les fragments de plantes, plus ou moins volumineux, étaient entraînés dans des lacs ou des estuaires; les Bactériacées anaérobies , favorisées par des eaux plus profondes, aclievaienl la houillifîcation commen- cée dans les marais des del- tas.

Le séjour plus on moins prolongé des végétaux dans les marais, avant leur trans- [tort dans les lacs la houillitication s'est ache- vée , est d'ailleurs confir- mé par la présence, dans des fragments de l)nis par- faitenienl huuillili('S. de mycéliums de (Ihani pi- gnons sapropbytes.

La figure .'î représente un de ces bois, dont les vaisseaux contiennent des filaments mycéliens, ana- logues, comme dimensions et comme allure , à ceux que l'on rencontre dans les bois Y\r .h. Fraijaioul do bols iiouiililié. Gr. 3oo/i.^ des lourbièrcs; do nom- «. Mycélium de CLampignon.

breux Microcoques sont b, Microcoqnes disséminés dans ia liouille.

disséminés dans la houille

fourm'e par les épaississements. 11 est évident que ces Champignons se sont fléveloppés avant la houillilicaliiin des tissus.

vM.

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ZiS

Conclusions. l/.'xislcnc" de marais aux époques i)riiuaires est prou- vée : r i)ar les couches de coinbuslibles de Tovarkowo, formées de cuti- cules, celles des caiinels et des cliarbons-bogheads du bassin de Moscou (jui , toutes, conliennonL des (piantilés notables de composés ulmiques;

■2° Par les préparations faites dans les magiuas silicitiés de Grand'Croix. des environs dAutun, etc., qui renferment, en même temps que les dé- bris les plus résistants des plantes et les flocons amorphes de matière fon- damentale, des dépouilles d'Infusoires, des œufs d'Insectes aquatiques, des Desinidiées , des Mucorinécs , etc.

3" 11 y a lien de distinguer deux catégories de marais : Tune les Bactériacées de la houille n'ont pu se développer peut-être à cause de l'accumulation de principes ulmiques (charbons russes, |)ar exenq^le. dont la composition se rapproche de celle des cuticules actuelles), l'antre dans lesquels les Baclériacées spéciPupies de la houille ont pu se multiplier et transformer en ce produit la plupart des tissus munis d'épaississemeuts (tourbes des deltas entre autres).

A" Le séjour pnvdable des plantes dans des marais avant leur transj)ort dans des lacs ou des estuaires est conlirmé par la présence, dans les bois houilliliés, de mycéliums de Champignons analogues h ceux que l'on observe dans le Ijois des lourl»ières.

L"s marais des deltas ont (Hé balayés par de fréquentes inondations; les plantes entraînées ont emporté les Champignons et les Bactériacées qui les avaient envahis. Les Bactériacées anaérobies de la houille ont continué pendant (pielque temps en eau profonde, et dans des conditions pins favo- rables, le travail commenct" dans les marais; delà l'origine du méthane et de l'acide carbonique ([ue l'on trouve encore indus dans beaucoup de houilles.

La GiTTI-PeIICHA À la (îiiiVDE CoMOlŒ,

l'Ail M. A. AIiLNii Edwakds.

Dans des connnnnications précédentes (pii mil paru dans notre liullelin '^ les naturalistes ont été tenus an coui-ant des essais d'intro- duction de XJsonnndra-i'utla à la Grande Coniore par notre correspondant, M. Uiimlilol. et des n'sultals obtenus.

Sur la ilemaiidc de M. .lunglleiscli. \\. llnmblot m'a envoyé des feuilles mortes ramassées au |)ied des arl)res, alin qu'elles soient analysées. Je les

'■> lluUcliii (lu Mniimin, 1897, I. 111. |>. 17;!; 1898, t. 1\ . p. Hii : 1899, I. V, |). 187.

- 'lll ~

ai remises à mon sa\iinl coHegiie (|ui, après les avoir étudiées, ma écrit une lettre fort intéressante (jui> je crois devoir repro luire intégralement :

J'ari-'. Il' 3.") janvier 1900. Monsioiir et cher collègue,

Les ddTicultés de la récolle des feuilles à'Jsmiandra-guUa, non pas, évidem- ment, sur les repousses des arbres abattus par rexploilalion malaise, mais sur les arbres des forêts, dont la hauteur est le plus souvent très grande, mont été signalées dès que j'ai fait connailre la richesse de ces feuilles en gutfa-percha et la possibilité de les utiliser pour la production de celte substance, très employée aujourd'hui. J"ai été conduit par celle remarque à me préoccuper de savoir ce qu'est devenue la gutla-percha dans les feuilles tombées mortes sur le sol. Ayant pu me procurer, vers la fin de 1890, une petite quantité de feuilles d'hunandra- l'utln, recueillies sur le sol au pied des arbres, mais déjà très fortement atteintes de pourriture, j'ai pu constater qu'elles contenaient en abondance de la gulta- percha ; j'ai été frappé de la propoitioii relativement faible du produit résinifié par ox\ dation.

Ce fait confirmait une observation relatée lors de mes premiers essais, sui' la remarquable conservation de la gutia dans les fouilles sèches exposées à l'air pendant un temps considérable, entre la récolte et le traitement. Il montrait une ibis de plus que la nature des tissus et celle des principes sobdiles contenus à i'elat sec dans ces tissus sont très favorables à la conservation de la gutta-perciia enfermée dans les lalicifères; on sait, en efl'et, que cette gulta exposée directement à l'air s'oxyde rapidement.

Toutefois, les mau\aises conditions dans lesquelles avaient pu être recueillies les feuilles tombées dont je viens de parler, le temps prolongé pendant lequel elles paraissaient avoir séjourné sur le sol, me semblaient rendre désirable une reprise de l'expéi'ience dans des conditions meilleures, plus voisines de celles qui correspondaient à une récolte régulière. C'est pourquoi, il y a quelques mois, après avoir constaté la richesse en gutla des feuilles récoltées sur les hiinaudm- gulla que ^1. Humblot cultive à la Crande Comorre, j'ai profité de votre bien- veillant intermédiaire pour demander à M. Humblot de vouloir bien faire ramasser les feuilles qui toudjent spontanément de ces arbres. M. Humblot a eu la complai- Siince de donner satisfaction à ma demande et vous m'avez remis récemment deux [)elils sacs contenant ensemble 354 grammes de feuilles tombées et recueillies sur le sol. Voici les observations auxquelles ces feuilles on! donné lieu :

J"ai pu retirer d'un lot de 100 grammes cb' ces feuilles 8 gr. 9a dejfulta. LU auire lot sendjiable m'en a fourni 9 gr. 7)o. Les deiiv essais, assez concordants si l'on tient compte des faibles quantités mises en œuvre, conduisent à un rendement moyen de 9,95 pour 100. Ce rendement des feuilles moites est nu peu plus élevé que celui obtenu par moi antérieurement avec des leuilles récoltées vivantes sur les mêmes arbres. Une telle augmentation doit résulter, me sendde-t-il, des résorptions de principes organiques et minéraux ([ui s'opèrent dans la feuille mourante, avant qu'elle se détache du végétal; elle indique, ^si l'on ne^considère que la quantité, le traitement des feuilles mortes connue plus avantageux que elui des feuilles récoltées vivantes.

Muséum. vi, U

50

Le pniduil (jue j'ai obleini (l<'s l'euilli'S niortes est fort peu chargé de lésiii"; sa (|iiaHté ne me parait pas inférieure à celle de la gnlta extraite des feuilles des Mii-mes arbres, récoltées vivantes: ramiilli dans Yr:\n cliaiide, il se laisse façonnera la manière de la meilleure giitla, el il donne, j)ar simple traclion, des mondiraiies minces, à éclat soyeux, etc. Les feuilles des jeunes arbres de M. Huinblot ont donc donné une j)remière réponse précise à la (juestioii posée; les résultats fournis par leur examen autoiisent à penser (pic les feuilles iVhonnmlra-gutlo tombées mortes sur le sol constil Lient une excellente matière première pour la fabrication de la gulla-perclia. Il devient mniiiteiiant nécessaire de contrôler ces faits par des essais pratifpiés sur des (pianlités plus importantes, atiii d'étudier de plus jirès la valeur du produit. Je vais demander en Malaisie quelques kilogrammes do feuilles récoltées sur un même groupe de végt'taux, de manière à rendre l'expérience décisive.

On peut affîrmer, dès à présent, que le mode de récolte dont il s'agit, s'il n'est ni pénible ni roùteux, s'il échappe entièrement au reproche de nuire au dévelop- pement du végétal, fournit en outre un produit do quahté excellente, de qualité meilleure que celle de la plus grande partie de<; produits que la Malaisie envoie aujourd'hui en Europe.

Je vous serais particulièi'oiiieut recouiiai-<sanl de vouloir bien Iransmelttie à M. flumbiot mes sincères remerciements [lour l'extii^ine obligeance avec Lupielle il a bien voulu l'épondre à ma demande.

Svr, DES ZÛOLITES DE L l RVGUAï ET DU ClilLl , l'Ali M. SpURR.

J'ai étudié (juelques éeliaiililhins de l;i collection du .Muséuni cl [ii'o- vciianl lie localit s américaines (|iii, à ma connaissance, n'ont pas été dé- crites.

Gisement (le Sulio (i'i-tifjdij). (le ;;isemenl est bien connu par b's cristaux d'amélliyslc (jiii en pro\ieimenl. (le minéral, de même que les deux /.éoliles (juc j'ai ("liidiées (lieuhmdile. mésoiite) proviennent d'un hasalle amyodaloïde très altén'', dans leijuol on <listingue parfois des ]»hénocristau\ do hyslownito basiipie dissp'minés au milieu d'une matière vili'euse très décomposée; les microlilcs ( labrador Itasicjue, auj]ite) qu'elle renferme sont eux-mêmes très alléi'és. Les feldspaths sont parfois trans- formés en mésolype libreuse et en un minéral à allonf>ement négatif (pii parait appartenir au j;rou|)e de la weinéiiie. On y trouve en outi'e la lieiilandile et la iiK'sidite (pii s'isolent en beaux cristaux macrosco- piques.

51

Ilcufandilc. Ce minerai se présente en masses lamelleuses nu eu cristaux tabulaires atteifjiianl jusqu'à un centimètre et demi de plus jurande dimension. H est blanc ou [)ossède une teinte foncée due à des inclu- sions d'un minéral raanganésifère qui est probablement de la pyrolusite. 11 est à remarquer que de beaux échantillons de quartz améthyste, colorés par du manganèse, se trouvent dans ce gisement.

Les cristaux distincts sont peu abondants, ils présentent les formes ha- bituelles : g^ (001 ), p (ooi ), o' ( 101 ), rt' (loi), m (i lo).

Les lames de clivage montrent une bissectrice positive aiguë. La disper- sion croisée est forte p <; r. Langle des axes optiques ^'3 Ea) en lumière blanclie est deGy" ko '.

La densité est 2,169.

Un essai L5(>ricky a donné beaucoup de cristaux de lluosiliçate de chaux et des li'aces de soude.

Mésolitc. La mésolite est radiée, finement fibreuse, de couleur blanche ou grise quand le minéral est frais. Altérée, elle est jaunâtre par suite de la présence de petites inclusions lamellaires qui étaient primiti\ement d'oxyde rouge de fer. Sous rintlueace des agents atmosphériijues, cet oxyde rouge s'hydrate et devient jaune.

L'angle d'extinction sur les faces du prisme varie de 0 à 10 degrés. La biiéfringeuce est faible. Il existe deux clivages parfaits suivant la direction d'allongement et un autre perjjendicuiaire à cette direction. L'existence des faces m (no) est constante. Je n'ai pu observer aucun pointement distinct dans ces masses ci'istallines atteignant deux centimèti'es suivant leur axe vertical.

La densité est 2,1 58.

Un essai Boricky met en évidence l'existence d'une grande quaniilé de chaux et d'un peu de soude.

Gisemciil du (]ern> de Tança près Santiago [(Ihili). f/échantillou étudié pi'ovient d'une roche voicauic[ue (probablement un basalte telle- ment décomposé qu'il a été impossible de le déterminer avec précision).

Slillj/t". Les cristaux de slilbite sont tabulaires et pi'ésentenl les formes^''' (010), /> (001), «' (Toi). L'angle pu' est de 89 degrés. Sur les plus petits cristaux, il existe la face A' (100) et une autre (ace de la zone ph\ faisant avec p (001) un ang^e de i-i3°i5' et avec h^ (100) un angle de 106° 80': les faces n' (Toi) disparaissent généralement alors.

La densité est o.^oS.

Gisement de ('Jiaciibuco , pii's Sianliago (C/iili). Cet échantillon est dépourvu de toute gangue.

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Scolécùe. La scoiécitf fst i-n longues aiguilles brillanles ayant les faces (lu prisme m (no) ai h' (loo). Les cristaux présentent les niades com- plexes habituelles de la scolécite.

L'angle des axes optiques ( o. Ea ) est de du" io' pour la lumière blanche, autour de la bissectrice aiguë négative.

La densité' est 2,2G/(.

Un essai Hoiicky a montre des nombreux cristaux de fluosilicate de chaux el ([ueirjues-uns de lluosiJicate de soude.

BULLETIN

DU

MUSÉUM D'HISÏOIHË NATURELLE.

ANNEE 1900. - N' 2.

It'r RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSEUM.

2 0 FÉVRIER 1900.

PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS,

DIRECTEUK DU MDSKOM.

M. LE Président dépose sur lo bureau le premier fascicule du Bulletin pour l'année 1900 paru le 20 février; ce fascicule con- tient les communications faites dans la réunion du 3o janvier 1900.

11 annonce la mort de M. Emile Blanchard, professeui' lionorair(; au Muséum, décédé le 11 février 1900, dans sa 8i'' année. Des discours ont été |»ronoucéssursa tombe, le i/i février, par M. A. Gau- dry, assesseur du directeur, par M. H. Filbol et par M. E.-L. Bouvier.

DiscovBs PBONONci': PAP, M. A. (jAunni.

Messieurs,

Tout le personnel du Muséum d'histoire nalurelle, en apprenant la mort d'fjiiile Blanchard , a ressenti ia douloureuse émotion qu'on éprouve eu per- dant son plus vieil ami. II appartenait au directeur du Musémn, M. Ai- pluinse Milne Edwîinls. de dire (juelques mois sur la tombe de notre col- lèjjue \('iiéré. lue indisposilion momentanée le priv(î d'accomplir te pieux dexoir: il m'a prié de le r<Mnplacer.

Charles-Emile lîl.-mchard est à l'aris, le (> mai's 1S19. Son père était

Muséum. vi. 5

.Vi

|,riiiliv(lliis(()iie nalurdlc. Il y ;i h'wn des iiiiiu'es, j.> l'ai \u dans ;a iiio- (l.'st.- d.'ineure de la rii<' de l'EsIrapado, \i\aiit près dv ses parents et veiuiiit à leur aide, iiialfjn- la modicité des appoiiiLemeiils d'un savant à ses débuts; (•"est une nohle jouissance dont soni privés ceux qui naissent dans une famille aisée: son souvenir a pi'njclei- quelques douces lueurs sur la soiid)re vieillesse de lîlaucliard.

A l'âge de ans, il était enlié au Mu>(muu d'hisloire naturelle, dans le laboratoire d'entomologie, sous la direction d'Audouin, el, à la mort d'Au- douin, il eut pour clief Henri Milne-Edwards. dont la pioleciion lui a été d'un puissant secoiu's dans toute sa cari'ière. Il n'aNait d'abord d'autre litre (pie celui d'employi' lem|)0]-aire, el il était chargé de travaux matériels. Mais bientôt il aj)prit k' latin, l'anglais, l'allemand, le dessin, la peinture cl il acquit (>n histoire naturelle des comiaissances (|ui étonnèrent ses maîtres. Il devint préparateur en i838, aide-naturaliste en 18^1.

En iS'ii, Henri Milne Edwards entn'pi'il avec Ouatrefages son mémo- rable \oyage sur les côtes de Sicile, à bord de la barque Santa llosalia. 11 se faisait descendre au fond de la mer, ])rotégé par un casque de sapeur- pompier en i-apport avec une ])ompe f'cmlanle placée sur la barque; il trouva ainsi une multitude d'êtres jusqu'alors ignoi'és. lùnile Blanchard faisait par- tie de l'expédition, et il y déploya lteaucou[) d'activité. Cela lui donna im- médialement de la n'putation dans le monde scienlitique; elle fut aug- mentée par de nombreux travaux. En 18G3. il a ét('' nonnné membre de r Vcadémie des Sciences et professeur-adjuinislrateur du Muséum d'histoire naluielle.

Toute sa vie scientifique s'est déroulée dans le laboratoire d'entomologie du Muséum: il y a ])oursuivi des recherches importantes sur les Insectes et notanuuenl des études d'entomologie agi'icole qui devaient l'amener un jour à être mendn'e de la Société centrale d'Agriculture. Mais on aurait de lui ime idée inconqtlèle si on le jugeait d'après ses publications sur rcntomo- Ingic. (le qui a caractérisé son œuvre scientifique, c'est l'universalité de ses connaissances en zoologie. Il a fait un livre sur les Vers, un antre sur les Poissons. Dans les Annales des Sciences nalure'.les , dans le Bulletin du Comité des Sociétés savantes, dans la Bévue des Deux-Mondes . dans le Journal des Savants, il a, par la variété des sujets traités, révéh- une étonnante activité d'esprit. H a entrepris un ouvrage intitulé V Organisation du Règne animal , il a conunencé des études sur les Mammifères, les Oiseaux, les Reptiles, les Poissons, les Arachnides, les Mollustpies, etc. Itempli de passion pour les merveilles cachées dans le corps des animaux, il supposait (pie beau- coup de personnes partageaient cette passion et qu'il trouverait de nom- breux sousci'ipteurs. C'était une illusion généreuse: il dut cesser sa publica- tion. Il y a lieu de le regretter, car elle eût formé la plus vaste encyclopé'die de l'organisation des êtres, embellie par les plus magniliques figures peintes par l'auteur.

55

Emile Blanchard avait mie linesse extraordinaire de vision qu'il a mise à [)ro(il pour faire des injections et des dissections singulièrement délicates dont il (lomiail hii-m('iiie des dessins et des peintures. Un de ses éminents compafjnons de tra\aii me disait : ^Ses yeux sont comme des venvs fjros- sissants.n Par un triste retour des choses humaines, ces yeux admiiahies. (pii avaient su découvrir tant de faits curieux, s altérèrent rapidement: dès l'âge de lio ans, Blanchard sentit sa vue s'afl'aihiir: chaque année amenait une diiniuMiion; il y a xingt ans, il était presque aveugle: de|)uis dix ans. il rélait tout à fait.

Quel!'' plus alli'euse déception peul frapper un chercheur dont la \ie se [)assait à scruter la natiu'e! Une exislence de savant , qui semblait privilégiée par des dons naturels et par des honneurs reçus à un âge bien peu d'Iionmies les obtiennent, a été livrée à une noire tristesse. Si encore Emile Blanchai'd avait connu les chai'mes de la famille; si, ne ])ouvanl plus voir, il eut entendu les \oix d'une dévoué.' compagne et d'enfants bien-aiuiés! Mais non; il n'a plus rien vu. plus rien entendu! Les visites de ([uelipies amis pouvaient seules, de temps en temps, distraire son àme solitaire.

Tout cela est fini. Cher collègue, nous voulons espérer que vous vivez dans un monde meilleur, \os yeux sont maintenant ouverts par les clartés célestes.

Discours de M. Fii.iioi.. membre de thsTinr.

M

ESSIEURS.

Je viens, au nom de iinstilul . rendre un dernier hommage à Emile Blan- chard, cjxii, depuis trente-huit ans, faisait partie de l'Académie des sciences. il avait été appelé à la suite de la publication de nombreux et 1res im- portants travaux concernant la zoologie et l'anatomie conq)arée. Nul savant ne se trouva plus louché (pic lui de riionneur ipii lui a\ai( ('!(' l'ail en celte occasion.

Il prit une pari active aux travaux de r.\cadémie, lanl que ses forces le lui permh'ent, et lorsqu'une cruelle et inqdacable aflection le coniraignit à ne plus assister aux séances, sa pensée ne cessa de se reporter vers cette illustre Cojnpagnie qu'il aimait lanl el de la grandeur de laquelle il se montra toujours si soucieux. Ce fui. pour ceux cpii lapproclièrenl à ces heures pénibles, un devoir de l'enlrelenir des travaux ])résenlés. des dis- cussions soulevées. En écoulant parler, le vieux maître ne semblail plus ressentir les cruelles souffrances dont il était torturé. Le mal sapaisait et c'était avec une joie extrême qu'il s'intéressait aux nouvelles ajiportées. 11 prenait fré([uennnent la parole. évo(piait le souvenir d'incidents, de faits se rapportant à ce qui venait d'élre exposé. \]\\ retour vers les momenis lieui'eux de son exislence s'arcomplissail alors dans son esprit.

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La iialurc Tavail (Inur (riiiic iin'imiin' prodigieuse (|ii(' le mal aïKiiiol il viciil (le siicconibpr lu' ]»iil jamais allailtlir. Osl à elle qu'il (lui. alors que ses i)auvres veux, coiiuiic il !<■ disail. ue percevaieni [dus la lumière, de pouvoir continuer sa vie scieu(ili([ue. Personne d'enli-e nous n'a pei-du le souvenir de la séance annuelle de TAcadcMuie des sciences qu'il pn-sida el dans laquelle il pi'ononça un long el heau discours. Ses mains tenaient les nondtreux leuillels d'un manuscrit , tour h tour, conune s'ils eussent été lus. le (lél)it étant d'une n'gularilc- parfaite. Il n'v voyait ponrlanl plus el . seuls, les inili('s à sa misère admiraient la puissance de sa mémoire.

Fils d'un peintre de talent. [>ossédant de modestes ressources. Emile Blanchard entra à i A ans dans le laboratoire d'Audouin au Jardin des l'Ianles. Il \ tc'moigna d'un goût extrême pour les sciences natuivlles, goût qui ne tarda pas à se transformer en une vcTitahle passion. N'ayant reçu qu'une sorte d'éducation primair<\ il conq)rit iaj)idemenl que pour l)ien et utilement servir la science, à laquelle il allait se livrer corps el âme, il lui fallait ime instruction littéraire pins ('|ev('e que ne l'f'tait celle dont il disposait. A partir de ce monienf. la journée ayant été consacrée au lra\ail du laboratoire, il se liAtait de regagner la demeure paternelle, oii il occupait non seulement ses soirées, mais ses nuits à étudier la littérature li-ançaise, à appicndre. tout seul, les langues anglaise et allemande, dont la connaissance a|)j)rolon(lie lui permit de se tenir au courant de l'évolu- tion des sciences à I étranger.

Il entra, ainsi j)réparé, dans la V(ùe des découvertes scientifiques, et ses premières observations consciencieuses, habilement entreprises, le condui- sant à des r('sultats indiscutables, appelèrent sur lui l'attention de ses maîtres. A ce moment, les zoologistes, les analojuistes vivaient sous l'im- pression profftnde causée par l'œuviv gigantesque de Cuvier.

Khioui par la vive lumière que ce g('nie venait de projeter sui' l'ensendjle du règne animal, il se rattacha immédiatement, et pour toujours, à l'<'C(de (Ui grand naturaliste et ne considéra plus dès lors comme ayant de la \aleui- (]n<' les c()nce|»tioiis bas('es sur des faits. On conçoit aisément, ainsi ([ue le disait notre confrère M. lianvier, en rappelant l'œuvre de De Oua- Irelages, rrqne des hommes cpii [)endant de nondîreuses années avaient ('t('' fjuidés par ce Ihunbeau . n'aient jamais voulu adinettre qu'd \nd être éclipsé par inie h\pothèse, quelles cpie fussent sa grandeur et sa puissance. H laul pourtant les estiniei- et les respeclei-, quand bien même on appartien- drait à une auti-e école : celle dont les oj-igines se retrouvent dans la science Irançaise et rlonl les ramifications s'étendent aujourd'hui sur- le monde en lier 5).

il. Milne Edwards succéda ;i Audouin et alors s'établit entir ce giand maîliv. de (Jiiatrefages et Emile Blanchard inie soile de collaboration don! les résultats eurent tme grande influence siu' la marche des sciences /oo- loi|i(pii's el anal(»mi(pies.('i'esl ii celle ('pocpie (pi(> lui acconq)1i. par ces trois

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savanls. un vovage en Sicile. Ils procéflèreni à IVxploralion de ses cùles, à celle (les protniideui's de la mer qui les baignait, car II. Milne Edwards, enl'eriiié dans nn scaphandre [)riniilif. eul Tiuidace de s'y faire descendre. Des travaux, d'une importance capitale furent la conséquence de ces sa- vantes et pe'rilleuses investigations.

Aussi, lorsque Kmile Blaucliaid se porta candidat à l'Académie des sciences, en i8()-». lui fut-il possible d(> soumettre à l'appréciation de ses juges scienliliques une série de travaux de grande \alenr qui lui assurèrent leurs sudrages.

Cette série conq)renait rex|»osé d'observations concernant l'anatomie comparée, la physiologie animale et la zoologie.

Je rapjjellerai . pour permettre d'apprécier la \ aste étendue des connais- sances de notre regretté confrère, ses mémoires sur l'organisation des \ers, portant parlicnhèrement sur le système nerveux, les vaisseaux sanguins, l'appareil digestif, les organes de la reproduction; lui ensemble de recherches sur l'anatomie et la ph\siologie des Insectes; divers mémoires concernant les Mollusques; un travail capital sur l'osféologie des Oiseaux, ayant servi d(^ base à l'histoire paléontologique de ces êtres, enfin un onvrage considérable renfermant l'exposé de ses vues sur l'organisation ilu règne animal. Celte dernière œuvre fut éditée à ses frais et, pour subvenir aux dépenses nécessitées par la gravure des admirables planches dont elle était accompagnée, il dut chercher des ressoiu'ces dans la pid)lication de nombreux articles scientifiques parus dans les joiu'uaux de l'époque.

Les préparations anatomitpies ex(>cutées à cette occasion étaient d'une perfection extrême; malhem-eusement les procédés auxquels il avait recoiu"s pour les obtenir étaient terriblement dangereux. H ne tarda pas à en res- sentir les elfets. Les vapeurs dégagées par les substances dont il se servait poiu' obtenir des injections d'une délicatesse infinie agirent sur ses yeux et provo([uèrenl un ('tal de congestion (jue rien ne put entraver et (pii finit à la longue par amener la perle totale de la vue.

ProfondénuMit épris de l'histoire naturelle dont il saisissait tous les charmes, la grandeur, la philosophie, il voulut faire partager par le grand public l'achniration qu'il éprouvait. 11 conçut alors l'idée d'écrire deux jjrands ouvrages : ïlHaloiir des Poissons et celle des Métoniorplioses des liisi'cii's, travaux habilement pi'é'sentés. faits pour charmer l'esprit des cin'ieux de la nature.

Durant la dernière période de sa vie, il se préoccupa plus spécialement de la rjuestion de la distribution des animaux à la surface de la terre pen- dant les tenqis anciens et l'époque actuelle.

C'est à cet ordre d'idées que se rattachent ses li'avaux sur Madagascar, sur la Nouvelle-Zélande, sur l'existence probable dun ancien continent aniai'ctique, sur la formation du bassin méditerranéen, sujets d'un haut intérêt dont il entretint à maintes reprises l'Académie des sciences.

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I/œuvre scipntiti(|U(' (rKiiiilf Blancliard a t-lé. comim' j<' \ioiis de le monirer, considéral)lc. ses n'-siiltals profilables au plus liani degré à i'ana- (ouiie el à la zoologie, aussi son nom reslera-i-il dans l'Iiisloire des sciences relies enlouré iVun itrolond respect el d'une 1res grande considération.

natu

Discovns DE M. E.-L. BovviEn. professeuh av Muséum.

MussiErRs,

l/f'-niinenl zoologiste (pic le Mus('uiii cl la Société entoniologique vien- nent de perdre, ne dis|)arailra pas sans laisser de traces dans le siècle qui meurt avec lui. Pai'li irinic origine fort modeste, mon |)r('décesseur au Mns('um sut gcnvir sans d('taillance tous les degrés de la liié-rarcliie intellec- tuelle et scienlillque : les amis des lettres l'ont reconnu pour un des leurs, à cause de sa jdumc ('l("gante cl cliàliéc, et les maîtres illustres «les sciences naturelles, les De Blaiiiville. l(>s Milnc Edwards, l'ont appelé de bonne heure à prendre place parmi eux. Fidèle à l'f'cole de (luvier. dont il fut le dernier disciple, il croyait également nécessaire de bien dire et de bien voir: pendant ])rès d'un demi-siècle, il s'est donné pour règle dappliiiuer ce pi'inci])e, jetant sur les problèmes de la science le vif éclair de sou talent, et contribuant à leur solution [lar une longue s('rie de recherches.

C'était, du moins pour la Zoologie, un esprit encyclopédi(jue : au lieu de se localiser dans robservalion des Insectes, il menait à biiMi des études com- paratives sui- l'osléologie des Oiseaux, sur les écailles des Reptiles, sur le système nerveux des Mollusques et sur les races humaines d'Australie. En même temps, il engageait le bon condiat contre les partisans de la géné- ration sponlan('e, se passionnait pour la biologie des Vers pai'asites et mettait les honunes de science sur la trace des migrations que suit dans son d«'\elo]»pcmcnl la Douve du foie.

A M'ai dire, ces Iravauv nndtiplcs n"('taient que l(>s lioi's-d'œuvre d'un homme très actif et sinjjidièrcnicnl bien dou(>. Intcrpii-hml dans son sens le plus large le rôle du prolcsscur d'entomologie au Muscum, M. Blanchard croyait pouvoir, ii certains moments, sortir des limites de sa chaire, sauf à y rentrer bien \ile |»otu' rcpi'cndrc el conduire plus loin le sillon conuneucé. Aussi son u'inrc esl-cllc consacrée surtout à l'histoire des êtres articulés. Il poussa jusqu'à ses limites cvlrêmcs l'analomie line de ces animaux et, à ce point de vue, servit de pr(''curseur el de modèle: il fui une époque, m'a-l-on dit, oiî les savants se pressaient au Mus('um poiu' admirer ses magnifiques dissections, (lest h lui. |»his (pi'îi loul autre, cpu» nous devons le meilleui' île nos connaissances sur l'organisation des \rachnides et sur fanatomie conqiarée du système nerveux des Insectes coléoptères, (l'est également grâce à \l. Blanchard que nous savons ([ue les Linguatules ne sont pas des Vers, que la parthiMiogénèze des AraijjiK'es est un invihe el

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([Ut^ les l)i|)lrrtN j)iipipai'es, iiialgiv leurs appcirPiices ))izan('s. siii\(>iil mt {|('Vp1()|)|)oiii('iiI noriiial à 1 iiilorieui' de ror^oanisinc inatornt'l.

.]o passe sur des liavaux de moindre inipoitance ])our arriver à Idiivrap^e aiupiel .M. Blanchard a consacré une bonne partie de son existence et ([ni restera un monument zoologique, bien qu'il soit réduit à de simples frag- ments. Je veux parler de V Organisation du Rogne animal. Dans les vues de rantenr, rrle point de départ de ce travail^ devait être "l'observation entière d'im typp de chacune des grandes familles du Règne animal, et la considé- ration des moditications que subissent les organes chez les divers repré- sentants du groupe zoologique, qui se rattachent au type principal «. En entreprenant cette longue suite d't'tudes monographi(pies . M. Blanchard a\ait beaucoup moins compté sur ses forces ([ue sur son dévouement à la science; |)our pr('|)arer les magnilirjues planches qui ornent l'ouvrage et qui en font une iconoijraphie anatomique hors de pair, le vaillant travailleur (lut se livrer à de lonp;nes et minutieuses dissections, à un travail de dessi- nateur ('puisant cl evap^éré. Sa vue s'affaiblit peu à peu, et il fut obligé d'inlerrompre, Dieu sait avec quel serrement de cœur, l'œuvre cpiil con- sidéra toujours coimne le cotu'onnement et la jusiilication de sa vie.

Depuis celle é|)oque, le malheureux savant dut se conliner dans la retraite cl abandonner les recherches qui avaient fait le but et le bonheur de son existence. Coniiiie Lalreille, son illustre prédécesseur, il vil robsciu-ilé se l'aire antoiu' de lui. chaque jour |)lus ('paisse et plus sond)re. Au milieu de celle nuit pr(''matiure. si pénible pour un naluraliste. il dut se renfermer dans ses souvenirs et vivre de son pass('. avec le douloureux sentiment de ce qii il avait n^alisé el de ce quil am-ait pu faire. La mort (\st venue clore pour toujours ces y(^u\ ([ue la maladie avait depuis longtenqis fermés. Je veux croire qu'elle a ("lé pour lui le sip^nal d'une nouvelle aurore et ([u'il entrevoit les lumièi-es de rau-d(^là, à cette heure nous apportons sur sa tond)e nos snpr('m('s honnuages et un dernier adieu.

Lk DiRKCTEUR annonce la mort de M. Adiien-René Fi-ancliet, déc(^(l('' le i5 lévrier, dans sa GG'" année. 11 rappelle les services que M. Franciu't a rendus à la Bolani([ue et les remarquables travaux taxononiiques ([ui lui sont dus.

M. le professeur Bureau a ])rononcé. sur la tombe d(^ M. Fi'aii- cbef . le discours suivant :

Vieillir dans un milieu tel que le Musf^um , en se livrant à un labem- inté- ressant, n'est cei'Ies pas un sort dont on puisse se plaindre; mais qu(Mle liistesse, à mesui'e qu'on avance en âge. de quitter sur la route ceux dont on a partagé la vie scientifique, les collaborateurs de chaque jour! Condjien

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jVii iii \ii (lispai'iiîlro depuis vinj;l-liiiil ans! Vd. BroUjOniarl , li' iiialiro v('- iK'iv, Tulasiio, VVcddell, Spadi, (îris, Hériricq, Sajntt : •'! il irie sci-a \)m\ |)('niiis d'v joindre le modèle des servileiirs dévoués, le l)i'a\e (îranjon, ce <;aiTon de lahoraloire qui, aloi's que les ohns (Vlalaienl dans Tlierbier el que les balles pereaient les vitrines, s"(''lail installi' nuil el joiu- au milieu des collertions el les avait gardées au péril de sa vie. 1*^1 eondiien la liste s'allongerait si j'y joignais les botanistes attachés ;i d'antres (•liair(\s du Muséum : Decaisne. INaudin, Verlol, el les savants <(ui venaient chercher dans nos ,oalei"ies les éléments de leurs travanv : Alph. de Caiulolle. Emile Planclioa, Bâillon. Fom-niei-, de Saporta et tant d'aidres.

Aujourd'hui , voici un nouveau deuil , aussi cruel qu'inattendu. Mercredi , vers les 6 heures, M. Franchet, c{ui avait gardé la chambre par précaution, paraissait, à ceux qui lonl vu, atteint seulement d'un léger l'hume; à 9 heures il n'était plus. A la douleur personnelle ((ue nous éprouvons vient se joindre la préoccupation des conséquences qu'une perte pareille peut avoir [lour notre établissement, car M. Franchet (Hait un des plus ('iiergi(jues travailleurs que j'aie connus; il j-endait de considéraldes services, et la notoriété qu'il avait acquise avait développé nos relations de la ma- nière la plus utile au Muséum.

M. Franchet ne s'était pas toujours livré exclusivement à la Botanique. Avant de devenir un de nos botanistes marquants, il avait l\ul, si je puis ainsi dire, un stage dans l'anthropologie préhistorique. le -n i avril i 83/i , à Pézou (Loir-et-Cher), il avait été choisi en j857, par le marquis de Vibraye, comme conservateur de ses collections. Il occupa cette situation jusqu'en i 88o , et pendant ces vingt-trois ans il ne se borna pas seulement à l'administration intérieure d'un véritable musée : M. de \ ibrayc lui conlîa la direction de lonilles importantes, (l'est à M. Franchet qu'on doit la cnn- naissance de richesses fournies par deux stations célèbres : le Grand- Pressigny et les Eyzies. On peut juger de l'importance de ces lecherches; car, gr-àcc à la famille de Vibraye, les objets recueilhs sont aujourd'hui au Muséum. Il II! aussi des recherclies dans des stations préhistoriques de lîelgique et, enin' temps, il lrou\ait moyen de publier la Flore de Loir- el-Gher et une excellente monographie du genre Vcrhvnim.

M. Franchet était donc loin d'être un inconnu lorsqu'après la mort du marcpiis de Vibraye il arriva à Paris, en i88i.

A la suite d'iuie élude faile par une commission spéciale, l'insuffisance numiTi(pie du personnel des galei'ies de botaniipie avait été signalée, et les (llwunbres avaient voté des fonds pour nous adjoindre deux botanistes auxiliaires. L'im bil Franchel, l'autre le l)'^ Sagol. Les bons effets de celle excellenle niesui-e se tirent |)i-omplement sentii-; malheureusement les cn'dils ne lurent j)as maintenus, el M. Franchel eût traversé, avec sa fa- mille, des lenq)s bien dilliciles, si M. Drake del Castillo. dont le nuisée brdamque est en \oie de renq)lacer le regretté musée Delessei-I , n'avail eu

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In lioniip cl gén<!reuse pensée de le prendre comme conservateur. M. Fran- che' garda du reste toujours celte position, lors([u'en avril i8S() nous réussîmes à Tavoir comme répétiteur de notre laljoraloire de recherches des Hautes l']tudes.

Placé au milieu des richesses botaniques du Muséum et n'ayant pas son temps pi'is par la partie administrative, M. Francliet tira merveilleusement parti de cette situation. Ne se contentant plus de i'éUide des plantes de France, il entreprit celle de la végétation exotique, et il le lit avec une méthode excellente, passant gi-aduellemenl de rÊxlrème-Orient tempéré, dont la fiore a un faciès qui rappelle la nôtre, à la végétation des régions franchement tropicales. C'est ainsi qu'il publia la llore du Japon et les P/antœ Davidianœ , ouvrage considérable comprenant la description de toutes les plantes recueillies par M. l'abbé David dans la Mongolie et dans la province de Moupine, province presque inconnue du ïhibet oriental. Ces premiers travaux sur la Chine lui attirèrent des envois tKs iiu])ortanls de nos missionnaires français et lui permirent de décrii-e, dans les Planiir DeliwagaiifP et dans d'autres mémoires, la végétation si int('ressante des régions montagneuses des provinces de Yunnam et du Se-Tchuen, dans la Cihine occidentale.

Parmi ses travaux les plus importants, nous devons citer la partie bota- nique de la mission Gapus au Turkestan, et celle du voyage de M. Bon- valot et du prince Henri d'Orléans dans l'Asie centrale et le Thibet.

Avec son Sertiim rovaleiise, sa monographie des Stropitanlus et ses pre- mières publications sur le Tonkin, M. Franchet abordait avec succès l'étude de la flore lro[)icale. Je me garderai de citer ici la mullilude de notes qu'il fit paraître dans le Bulletin du Muséum, celui de la Société philomatique, celui de la Société botanique de France, le Journal de hoiaiiitjuc. etc. Ce ([u'il nous importe de constater, c'est la position scientifique que lui avaient faite tant de li-avaux. M. Franchet était reconnu, par les botanistes du monde entier, connue étant celui qui connaissait le mieux la végétation de l'Extrême-Orient . et ce n'était pas un simple descripteur, non [)as cpic ce mot de descripteur inq)lique dans mon esprit une idée d'infériorité; le |)etit nombre des descriptions bien ftùles, de celles qui à la lectui'e vous représentent neltement une plante qu'on n'aurait jamais vue, ce petit nond)re, dis-je, montre qu'elles ne sont pas sans dillicullé et par con- séquent sans mérite. M. Fi-anchet excellait dans cette sorte de travail. 11 en comprenait la nécessité, mais il ne s'y bornait pas. Il savait qu'aucun édifice scie;itifique ne peut être élevé si! ne s'appuie sur une base solide, et que, sans cet inventaire, sans celle connaissance précise des espèces, deux des bi-anches les plus belles de notre science, denx sciences plutôt n'exisleraicnt pas : la paléontologie végétale et la géographie botanique.

La paléontologie v('gélale, il en avait un peu peur, par ci"iinte peiit-t'Ire des idées <lar\vinistes, contre lesquelles il se teniiit en défiance; mais la

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prograpliiclM.InnHi.ic. il s> «lonnait ;.ve.' Ix.nlioiir, H .l.'s c.Mrliisi.ms .Imik- 'j|ran'(lo poilc^o dcVonlaiont naturdlenionl i\o srs Iravaiix <'l de la compa- raison (les (liiï(Tentes flores asiatique ot oiiroix^enne, (lu'il connaissail si Lien. Il fil joinarquer que cei-taius geures de la lloie d'Europe : liliodo- dpndroii.Pniiniln, Pediculrnis. etc.. sont représentés dans les montagnes du Vuiman el du Se-Tchuen par un nombre d'espèces vérilahlement extraordi- naire, que. dans THinialaya. leur richesse spécifique, grande encore, a heaucouj) diminué, et qu'enfin, dans les montagnes de l'Europe, ils ue sont plus représentés que par un nombre relaliveuient inlime d'espèces. 11 ne lui échappa pas que certaines familles sont dans le même cas : les Cyi'- tandi-acées entre autres son l abondantes dans les montagnes occidentales de la Chine; il y en a moins dans IHimalaya; il n'y en a plus qu'une seule dans les Pyn-nées. Ainsi notre flore em-opéen ne, que nous trouvons si belle el si vai-iée. ne serait que le dernier degré d'appauvrissement d'une végé- tation qui a son maximum de développement dans la région montagneuse de l'Ôuestde la Chine, et qui . de là, se serait étendue vers l"Euro])e, en perdant de ses éléments à mesure quelle progressait. 11 n'hésite pas . et il fait bien , à reconnaître dans l'état de choses qu'il constate le lésultat d'une répartition végétale antérieure à l'épocpie actuelle, bien que géologiquement peu ancienne ("I en rapport avec les formations orographiques de l'Europe et de l'Asie, Voilà comment M. Franchet fut conduit, sans le vouloir, à faire delabo- lanicpie fossile, tant il est vrai que cette science et la géographie botanique sont insi'parahles l'une de l'autre. Mais quelle ampleur prend la question soulevée par Franchet lorsqu'on songe que cette migration de l'est à l'ouest (pi'il constate pour le règne végétal s'est faite dans le même sens que les migrations d'un certain nombre d'animaux. Mammifères et Oiseaux, dans le même sens (pie les migrations successives des peuplades humaines. On se trouve alors en présence d'une grande loi à laquelle ont été soumis les deux règnes organi(pies, loi qui faisait déjà sentir ses effets dans la période géologique aiit('rieure ;\ la nôtre. Telles sont les hauteurs philosophicpies auxquelles peut conduire le simple travail d'herbier, lorsqu'il est conquis comme il doit liMce.

M. Flanchet était convaincu de celte importance de l'étude comparAlise des formes v(''{)('tales, et il s'y donnait passionnément. Il a succombé, on peut le dire, sur la brèche: mais ce savant ('tait doublé d'un clirétien , il s'est vu mourir, el il n'a pas quitté sa famifle éplorée sans l'espoir de la re- trouver au séjour vers lequel se dirigent les immortelles espérances.

Pararroté en date du i"^ février, M. Boule (Marcellin) est nommé professeur intérimaire de la chaire de Paléontologie pendant la pé- riode du i"" mars au 3i août 1900.

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CORRESPONDANCE.

Le I». P. HrcnET, supérieur (le ia Mission (loFernan-Vaz, annonce qu'il continue ses recherches en vue d'enrichir les collections du Muse'um.

M. Léon DiGUET adresse la lettre suivante date'e de Guadalajara, le 'î5 janvier 1900 :

Monsieur le Dircclenr.

Je viens d'expédier ;iu Muséum Aon\ caisses couteuaut des coileclions /oologiques, botaniques et elhnop;i-aphiqaes; la premièi-e de ces caisses, embarquée sur le vapeui- de la (loiiqjaguie transatlantique, arrivera à Sainl- JNazaire dans les premiers jours defévriei': la seconde partira parle procbaiu |)aquel)ot et sera en Fi-auce au commencemeut de mars.

J'ai envoyé en outre, dans le courant du mois d'octnbi'p. par la voio de Tampico, une caisse contenant des plantes vivantes.

Dejinis mon arrivée au Mexique, mon voyage s'est efléctué dans de bonnes conditions; j'ai commencé mes excm-sions par l'État de Jalisco.inais la saison des pluies, déjji trop avancée, m'a contraint . poor éviter les inon- dations qui avaieni rendu les i-outes impraticables, à renoncer l'itinéraii'e <(iie je complais suivre; je suis allé alors, en attendant la Un delà saison pluviale, dans les régions de San Luis Potosi et /acatecos. Cette zone, absobunenl désertique, m'a permis, grâce à quelques pluies survenues à propos, de faii'e facilement d(> l)onnes i'('coltes.

Les caisses que j'ai expédiées au Muséum sont le résultat de ces excursions. J'ai i-ecneilli enviion denx cents Mammifères et trois cent cinquante Oiseaux, un l)on nombre de lieptiles et une collection de Poissons des lacs et rivières de l'Etat de Jalisco, enlin un herbier qui complétera en partie les lacunes botaniques de mon pi'écédent voyage.

Je vais d'ici peu entreprendi-e une expédition ;i la sierra du Nayarit alin de ronliimer les éludes ethnographiques que j'ai entreprises sur les Indiens huichols: j'attends, pour partir, l'arrivée du guide et de rinterprèlf>. (\uo le gouvernemeni mexicain a l)ien voulu m'envoyer chercher.

Je pense, avant ce départ, pouvoir faire encore un nouvel envoi aver les collections qui n'ont pas encore pu être embalh-es.

Delasieira du Nayarit, je continuerai mon voyage en traversant l'État de Sinaloa et j'irai m'embar(pier à Mazallan pour la basse Californie je compte rester quelque tenq)s et mettre à prolit les f;icilités que m'otîrii-onl les pêcheries de pei-les pour visiter les îles du golfe de Californie.

G^

.le coiiiptc ensuite eiroctiicr mon voyage de iclonr |)ai- Manzanillo, afin (le parcdiiiii' r('l;il de Coliina et le sud de Jalisco tout au d('l)ut de la saison des pluies, \o\a};<' au(|m'l. rann«'e dei'nière . j'ai e(e oldi;;.' de l'énoncera cause des inondalions.

M. Bastard écrit d'Anibolisatra (Mi.dagascar), à la date du o.o décembre 1899 :

Monsieur le Direcleur.

Je vous avais écrit que j'irais à Ambolisalra avec \o lieutenant Dutaui-e. Le -'G octobre, en i^lTel . j'ai f[uit(é Tult'ar avec Dul'aui'e; nous devions remonter la Filierenana el . pai' un Ion»; di'lour. revenir par Andranobé el les marais je coni()lais li'ouver un endroil propice à des foudles. Dès le 97, des accès bilieux assez \iolents. l'ésidlatde six ou sept mois de coiu'ses et de quekpies fjrandes falijiues endur('es cliez les Mabafalv. m'ont con- traint à rentrer à Tub'ar je suis ]'esl(' caliin-calia pendant quel([ues semaines. (7est pendant ce lenqjs que j'ai recueilli les quelques Poissons, expédiés dans l'alcool , que vous avez recevoir à l'heure actuelle.

Le lieutenant Dufaure élant rentré à Tidéar et avant été forcé d'y rester pour services, le conunandani Tognenne chargea le garde de milice Villa- nova daller h Ambolisatra et d'y pratiquer des fouilles. Je donnai à Villa- nova qnebjues conseils siu- la manière d'opérer, el il commença à fouiller ilans les premiers jours de novembre. 11 avait à sa disposition six travailleurs. Au milieu de novembie. je \ins le rejoindre avec sept travailleurs. Villanova avait déjà trouv(' beaucoup d'ossements dans un petit marais, ossements d'Hippopotame, de Torlues et de Crocodiles et cjuelques petits os de Pal- mipèdes, probablemenl. ;iinsi (pi'un libia el quelques b-agments de tarses iWEin/dniis. Nous achevâmes rapidement de retourne)' le marais qui, en .somme, ne donna ](as de <>rands résultais. Pendanl ce temps j'avais par- couru les environs.

Le pays d'AmIiolisaIra est une si'rie de plaines pai'semées de bouquets de Fainala (Eupliorbia slcnocfada), de Songo-songo (Didicrea inmihilis) el de Tamai'iniers longeant la mer. dont elles sont sépar(>es par une bande de dunes peu élev('es. Ces plaines basses sont d'anciens marécages devenus des pâturages, mais a\ec de noinbi'eux fonds de cuvette des roseaux cou- vrent une boue à peine desM-chée. Beaucoup <le ces cuvettes, de -too ;i ;k)o mètres de large, sont remplies d'eau saumàtre dont la profondeur est parfois (l(> plus d'ini mètre. Celte eau rend les recherches presque impos- sibles. Il l;mt donc se conteulei' des endroits plus ou moins secs. C'est un de ces endroits cpie j";ii choisi à •? kilomètres à peine de la mer. Les tra- \ailleurs lont des trous et des li'anchées dans la boue, soi'te de loui'be eu lormalion.et à 1 mètre, et même parfois à :2 mètres ils trouvent des cailloux

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cl une couclip d'argile; cVst que sont les ossements. Et il \ en a une quanliti' stiipélianle; mais toujours des Hippopotames, des Crocodiles et des Tortues: toutefois, au uiilieu de celte (Mionne quantité d'ossements peu in- téressants, j'ai trouvé des ossements d".Ep\ omis (assez rares), une certaim' (pianfité de petits os d'autres Oiseaux, des màclif)ires et des os longs de Mammifères que j'ai mis dans de vieilles boîtes; comme ils sont, en général, frap-i les. j'ai coulé dessus de la bougie alin d'avoii- un emballage solide qui les empêclie de s'abîmer. Je vais vous expédier ces docmnenls par le conri'ier dii -^5 courant. En plus de ces petites boites d'ossements, j ai encore de quoi remplir un bard vous trouverez, je l'espère, des choses intéres.santes, et un autre baril a été rempli avec des vertèbres et antres fragments. Je ferai partir à Tuléar, par chaloupe, inie quantité crossements d'Hippopotames assez bien conservés qui i-esteront au centre comme cu- riosili' on que vous pourrez demander si vous en avez besoin. Demain Villanova va cesser de m'aider à ces fouilles, car d est expédié à Majunga.

Je continuerai siu' les fonds que vous m'avez donnés à mon départ. Je \ais tâcher d'avoir dix travailleurs. 11 faut les changer de tenqjs en lemps. car le travail qu'ils font est excessivement piuiible. Figurez-vous des liommes dans la boue et l'eau jusqu'au cou, plongeant presque pour retii-er du fond les ossements; avec cela des émanations de marécages (jiie \ous devinez. Jusqu'à hier il faisait luie chaleur excessive. Depuis hier midi la pluie tombe sans discontinuer. Gela gène actuellement luon emballage, car tout est monilb». J'espère que la pluie ne durera pas trop.

11 n'y a pas de village à Ambolisatra. qui n'est qu'un lieu dit et je loge sous un Tamai'iuicr. J'ai bien établi nue sorte d'abri en roseaux, mais c'est une faible défense. Voilà, Monsieur le Directeur, l'état de mes travaux actuels et de mes fouilles à Andjolisatra.

Vous me [)arlez des petits Mammifères : à part le Hat incommode qui ronge mes habits et mes souliers, depuis six semaines que je j)arcours sans relâche les bouquets de bois de la région d'où je vous écris aujourd'hui, j<' n'ai pas rencontré un seul petit Mammifère. [»as même de Tam-ecs. si conununs dans d'autres régions.

Dans un post-scriptuni à sa lettre, daté de Tuléar 26 décembre 1899, M. Bastard ajoute :

J'ai subi à Ambolisatra. lundi, mardi et meirredi. lui ajjan lei-i-ible

([tii a changé la [)laini' mai-écageuse en un vaste lac. La chaloupe sur laquelle j'avais embarqué les ossements fossiles et mes bagages n a pu encore rentj'er à Tuléar. Je ne [)uis vous e\|)édiei- [)ar le courrier (pii part deiuain (pie les quatre petites boites contenant de jielis os d'Uiseaux et de Mammifères. Le i-este |>artira par le prochain courrier.

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COMMUiMGATIONS.

]\f. Emile Kacomtza , luiliiralisle altaclu' à I ('X|»(''(lili(iii aiilarclmiic licige, (liiijjre par M. Adiicii de (Icilache, rend compte, dans une lirs intéressante communication , accompagnée de nombreuses pro- jections, (les résultats géïKMaux obtenus par la mission embarciuée à bord de la Belifira , (pii vieni de rentier en Enrojie. après une cam- pagne de plus de deux ans.

(^es résultats se trouvant exposés d une nianièi'e assez complète dans le BnUetiii de la Socirlé de géographie (n" G), nous laisserons de coté ce (pii concerne la géograpbie. l'astronomie, la météorologie et Pocéanograpliie el nous ne rapjjorlerons (pie ce (jui a Irait aux sciences naturelles.

L'expédition helge a reconnu (jiie le goll'e de Hugbes situé à c(')lé (le laterre de Palmer ((pii est en réalité un vaste archipel de petites îles) constitue l'entrée d'un grand détroit (jiii lait cominuui(juer le détroit de lîrounsfield avec l'océan Pacifi(|ue. Les rives du dé- lioit. nommé canal de la Belgira. sont formées de hautes terres montagneuses, à pentes raides el à vallées étroites, (pii sont les restes d'une région affaissée. Ces leires sont entièrement Ibrinées de roches crislallines anciennes, gi-aniles. dioriles, svéniles; les gneiss n'apparaissent (pi'à la sortie du canal vers l'océan Pacirupie. Elles sont revêtues d"uii manteau de glace, épais et continu, (jnel- tpuîs petites îles et cpiebpu's plages, d'une étendue très restreinte, montrant seules la roche à nu. C'esl sur cette faihie portion découverte de la terre antarcti(pie (pie la Ac'gétation peul se développer; encore est-elle très maigre et ne coiisiste-t-elle guère (pi'en une Graminée ap|)artenanl probahleineni au" g(Mire ifm, çv\ Mousses {Barbida, Bryuni) el en Lichens [Lecanora , \anicana el rsiiea). Dans les endroits ruisselle l'eau provenant de la lusir.n des neiges se dé- velo|)|)enl eu oulre .piehjnes Algues d'eau douce, des Oscillaires et des DialoiiK'es.

il n'est pas facile, dit M. P.acovitza, de caractériser faalaicli.iue au |)onit (le vue biographi(pie. Les faunes et flores (pii ont se développei- sur le continent antarcti(fue pendant les épotpies antérieures à la grande période glacière ont être complètement détruites pendant cette période, dont l.^s traces sont évidentes en Palagonie, à la Terre-de-Feu et sur les tcn-es du détroit de la Hcigica. Les animaux et les plantes terrestres (p,o

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nous avons trouvés snr les (erres antarcliques sont représentés par des espèces (|ui. toutes, peuvent être transportées par les Oiseaux grands voi- liers, communs à cette région et an.K régions australes tempérées. Les Fossiles terresti-es pouvaient fournir d'utiles indications: malheureuseraenl on n'en a pas encore trouvé.

Restent les Oiseaux et les Pinnipèdes.

Les Oiseaux conlriljuonl. plus (pie les animaux d'aucune autre classe, a manjuer les dilléreuces profondes qui exislent entre Tensendjle des faunes de riiémisphère sud et les faunes qui appartiennent spécialemeni ;i Tlié- misplière boréal.

Ce fait, que M. Milne Edwards a élaldi dans son mémoire fondamenlal sur la Faune des régions australes [1//;/. .SV. nal. (W), t. IX | dès 1879, est encore rigoureusement vrai aujourd'hui, et tout ce que nous avons obserxé pendant notre canq)agne ne fait que le confirmer.

Nous avons rencontré des représentants antarcti([ues (hM ordres des Tuhiiiarcs , Slcpaiiopoda et Gariœ. Ces ordres sont représentés aussi dans la faune boréale, mais ils sont cosmopolites. Par contre, les ordres non cosmopolites des Cliioiiida et Iinpciines sont strictement anlarctitpies.

Le Chioiiis nlhn fut observé dans le détroit de la Helgica oii il niclie. C'est un habitant de terre ferme.

L' [piPiKnhjics Foi-sioii habite la banquise et a été notre compagnon fidèle pendant les treize mois que nous avons passés dans cette région. 11 était accompagné du Pifgom'lis AdcUœ , qui présente deux variétés : l'une à gorge blanche, l'autre à gorge noire. C'est à toi-t (ju'on a considéré la i)remière \ariété comme la forme jeune de la seconde.

Les Pygoscells antarcika et papua <>nl établi de vastes rookeries sui- les teires du détroit de la BeJfficn.

Le sous-ordre des Phocidés est seul représenté dans la région explorée par rexpédition antarctique belge, et les quatre espèces observées ont toutes été déjà d('crites par les expéditions antérieures.

VOffiitorhi/niis Icptoinjx n'a été que rarement observé dans la bantpiise, mais le Lobodoii carcinopliaga est abondant dans les glaces et souvent accompagné du Leplonychotes Wedde^i. Ces deux Phocpies mettent bas au printemps un jeune |)ourvu d'une chaude fourrure. La mère n'allaite son petit <pie (piehpies jours, pour l'abandonner ensuite. Cela ne présente |)as d'inconvénient, car les jeunes, au moment de la naissance, ont une taille (|ui dépasse 1 mèlre et sont parfaitement capables de chercher eux-mêmes leui- nourriture. Les Lobodoii el les Leptonychotes se nourrissent de Schizo- podes du genre Euphausiae.

JjOmatoplwca lio.ssi n'a été vu qu'en été. Sa nourriture consiste eu grands Céphalopodes, et ses dents à pointe recourbée en arrière doivent lui être fort utiles pour capturer ces animaux vigoureux et agiles. Ce PhiKiue possède une voix très curieuse, et les sons ipi'il émet sont plus va-

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l'iës ([iK- ciii\ (les aiilivs espèces. Il possède la faculté de fjonller tbrleinenl son larynx el . en iiièine leiups, il petit iraiisformer son voile de |)alais. (■iKiniie. en nue vessie remplie d'air. Il produit d'aliord une sorte de rou- couleiueiil, puis un gloussement el , enliu , Ion! Tair est expulsé par les naj'ines. ce qui produit un renillemenl sonore.

DliSCllII'TIOy nUNE yOVVKltE ESPECE DE LÉPIDOPTÈke HE PEliSE ,

P.Ui G. -A. PoUJADE.

Zygaena Escalerai l'ouj. Envergure : o,oâi millim.

Viles supérieures noires à retlcts verdàlres ou violacées a\ec ti'ois gi-andes lâches orangves : la Ijasilaire occupant entièrement le tiers de Taile, sauf nn très [)elil es[»ace noir contre le tliorav: la mtkliane, })lus ou moins de la l'orme d'un talon ien\ersé, résultant de la fusion de deux taches, dont la su])é]ieure envahit la côte el l'inférieure approche de très près le bord iu- lerne enfin celle de l'apex, également formée de deux taches dont la su- périeure touche la côte f»u à peu près, et l'inférieure, plus longue dans le sens vertical, atteint pres([ue le bord externe.

Ailes inférieures d'une couleur orangée fondue en rouge minium à la cote et ail hord interne et InissaiU le disque (liriphnnc ; la frange et la bor- (hu-c son! d'un noir violacé chatoyant: cette dernièi'e forme une tache assez large à l'apex et une autre plus ou moins marquée à la dépression du mi- lieu du bord externe,

Tête et thorax noirâtres, les ptéry godes, le front et les palpes sont d'un l'ougc minium plus ou moins fondu en couleur chair, le collier et l'abdo- men ('gaiement rouges et les côtés de l'anus noirâtres: les patles sont jau- nàlres, les antennes noires, atteignant en longueur à peu près les deux tiei's de l'aile supérieure.

Dessous des ailes semblables au-dessus: un point noir ap|)arait quelque- lois an-dessus de la parlie diaphane des inférieures.

Trois mâles du Haut-Kharoum, Ghindâar (vallée) en Perse, pris eu juillet i89(( pai- M. delà Escalera.

Deux sont ollerts an Muséum par M. Ilené Oberthiir.

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Co.\TRIBUT}0\ À LA?IATOMlE DES TrIOCÈpUALES ,

pvK M. K.-T. Hamy.

En créaiil, le mot rr/f^fe/v/irir/e''', transforma plus t;ir<[ en Triocépkufi' -, Etienne Geoffroy-Saint HilaiiT se proposait de défmir un genre de mons- truosité céplialiquc , caracte'rise' plus particulièrement rrpar la privation de Irois des organes des sens; des organes du goût, de la vue et de l'odorat î^. Ce terme répond mal à sou objet; il est d'ailleurs incorrect et obscur dans son extrême concision; mais comme l'usag'e en est ancien déjà e( C()nsacr(' [)ar des œuvres importantes, comme j'aurais d'ailleurs quekpie peine à le remplacer par un autre qui rentrât dans une nomenclature désormais clas- sique, je l'emploierai comme on l'a fait jusqu'à présent; mais en observant, au préalable, que deux des trois appareils céphaliques que les Geoffroy sup- posaient manquer à In fois dans ce genre de monstres sont cependuit repré- sentés par des vestiges bien apparents que décèle une minutieuse autopsie.

Les yeux t'ont com|)lètemcnt défaut, il est vrai, et Isidore Geffroy a bien saisi la valeur de cette disparition, dont il tire un caractère pré[)oadéranl pour sa classification '^'. Mais il reste quelque chose des fosses nasales et de la bouche, ainsi qu'on va le constater dans un instant.

'/ *\^'^

Fiff. 1.

Chat triocéplialc, à lennr.

(Gr;iiiilc>nv iKitnrelle. i

Les (leiiv os tvmpatiaux soikIi's

(lac. eut. et post.).

(Gmiiileiii' naturelle.)

Le Triocéphale, que j'ai attentivement dissétjué, était un jeune Chat, mâle, à terme. La mère avait mis bas pendant la nuit et l'on avait trouvé mori le petit monstre au milieu d'une portée de jeunes bien conformes et bien portants.

La tête, fort réduite (fig. i), ne dépassait guère 3 centimètres au delà du

■'' GEOFFiiOV-SAi\T HiLAiRE. Philosoph. Atialcm. . t. II, p. Q-y. '■' IsiD. GEOFFiiov-SAiM HiLAiRE. IJlsI. gén. et pavluul. (les unoinalifs de l'orgn- nuation chez l'Iunniuc cl les animanj-, l'aris i836, in-8", t. Il, p. ^480, n. 1. '" 1(1. iind., I. II. p. 'lia j.

MUSÉCM. M. G

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sternum ; on n'y voyait aucune apparence de lace , mais . à 6 ou 7 millimètres (lu sommet du crâne, une pelile fente ovale en travers simulait une espèce de bouche, bordée en bas ])ar une lèvre convexe, reliant deux petits bour- relets godi'onne's (jui moilaient verticalement et s'étalaient en une paire d'orcilies de 1 5 millimèties de hauleur.

L'orifice, cfui simidait une bouche, élait imperforé, el , en l'examinant de plus pi es, je reconnus c|U3 ce n'était qu'un pli superficiel transversale- ment étendu eitre deux très petites cavités arrondies, correspondant aux trous auditifs des deux oreilles rpii s > dre-snieat tout à côté. Je ne tardai pas à mettre à nu deux cercles tympanaux fusionnés (fio. -j) représentant le squelette de Tappareil auditif'. L'ossicule ainsi formé apparaissait sous l'as- pcil d'un petit fer à cheval, large de i cenlimèlre, haut de 9 millimètres. On aurait ])u le prendre tout d"abord pour une mandibule avortée'^'; mais l'absence complète de tout organe dentaire vient bien vite détriimper Tob- servateui-; la nature et la forjjie du petit os a|>poinli vers ses exlréniilés et un peu r nllé vers le centre, les détails de sa face posiérieure taillée en biseau vers son bord interne, relevée vers son axe en une sorte de crochet épaissi, démontrent qu'il s'agit bien de deux cercles tympanaux symétri- quement accostés dans leur moitié interne et très solidement soudés l'un à 1 autre.

Une incision verticale, prati({uée droit au-dessous de cedoulde Ijiiqjanal, tombe dans une poche dont l'extrémité supérieure, dilatée en form:^ de poire, n'est séparée que par une mince cloison'^' du pli inlerauriculaire décrit ci-dessus. Tout en haut de celte cavité se dessine une crête mousse qui sépare deux petites dépressions de 2 millimètres de ])rofondeur ; c'est le rudiment des fosses nasales, demeiu'ées avec leur scpliim dans l'état on les rencontre au début de révolution des cavités de la face.

En avant de la poche, et toujouis en haut, apparaît une petite masse de 8 millimètres de haut, de forme molle et indécise, que l'examen microsco- pique montre n'être autre chose que la langue, avec les papilles très déve- loppées comme elles sont chez les Chats, et les intrications de fibres mus- culaires proj)res à cet organe. Immédiatement au-dessous de la base de cette langue rudimentaire se voit un hyoïde un peu alrophir", puis le larynx bien conformé suivi de la trachée-artère. L'œsophage débouche en arrière à

"' Dans le (ilial iiouvenu-né, (la caisse) paraît ne consi'itpr que dans lo cercle, du tympan ou os Ijmimnal. (Gkoifroy-Saim iiiLvinii, Méin. du Mus., t. Vil , p. iG'4.)

'-' E.-L. Schultarlh s'y est trompé dans l'étude sur trois sujets monstrueux ana- lo[jucs à celui-ci cpii forme la première partie de sa thèse. [De maxiUœ hifeiioris monstroan pnrvilatp rt f/r/'fcf». Commeiiitlio analomo-paliiolopii a, auclore l'>n.-LiiJ. Schuliarlli. Fraiicofiirilii, a. V. l'^if), m-k", p. 8, lit, 17, lab. Il, fifij ll-Vi.)

'■'' On connail iiii ci ilalii nonilire de cas dans lesquels la tissure fait commu- niquer la cavité avec l'extérieur el permet au sujet de respirer quelque j)eu après la naissance, ce que n'a pas pu faire le sujet dont il est question.

/ ]

sa [)l;ice ; If s ganglions cervicaux . le piieumo-gastrique n offrent rien de particulier. Le cœur est volumineux , les poumons se trouvent naturellement adaissds-, les veines jugulaiiTs eiigorgoer. sont très apparences, et deux gros renflements glanduleux , tout injectés de sang, se inontrenl un peu au- dessus et en dehors de la base des oreilles.

Je ne pousserai pas plus loin cette analyse: j'insisterai seulement, en terminant, sur Yiiitciisilé croissanle des phénomènes t'ralologiques qui se ma- nil'estent dans les appareils seiisoriaux de bas en liriul , ou. si Ton préfère. d'arrière en arant. L'organe auditif est représenté p;ir deux oreilles externes complètes et deux os tyuipanaux soudés vers leur milieu. A l'appareil gu- tatif correspond une petite langue l'on voit encore des nmscles et des |)apilles. Mais l'appareil olfactif n'est plus ({u'im vestige; quant à l'appareil visuel, il a complètement disparu.

i\orE PIlÉLIMlNAUiE SUR L ESUOTHELIUM DES VEISES ISTESTIJ^ MES

CHEZ LES SÉLACIENS ,

PAR M. H. Neuville.

Eu poursuivant mes recherches sur lanatomie des Sélaciens, j'ai constaté, chez une Raie, une disposition fort intéressante de Fendotlielium des veines intestinales. Cctendothelium, formé de cellules à contours irréguliers, pré- sente des sortes de stomates ra|)pelant ceux que l'on décrit dans l'épiploon du Lapin adulte ou dans le feuillet pariétal du péricarde chez le liât. En d'autres tenues, cette disposition l'appelle celle des membranes séreuses fenétrées.

C'est dans la veine inlra-intestinale elle-même que je l'ai constatée le plus nettement; elle se retrouve dans les nombreuses ramifications que cette veine envoie dans toute la valvu!e spirale, et ex'ste peut-être aussi dans les ramifications des autres veines intestinales. Il est, du reste, fort ditlieile, au moins en certains points, de déterminer Taboulissant exact des nombreuses veinules qui serpentent dans l'épaisseur de l'intestin spiral ; je ne puis donc donner, dès aujourd'hui, des indications rigoureusement précises sui" la localisation de ces stomates ([ui , dans tous les cas , paraissent fort nets dans le système do la veine intra-instestinale. Je dois rappeler, comme pouvant être en rapport avec cette disposition, ce fait, qu'il ne parait pas exister de cbylifères distincts chez les Poissons, leurs vaisseaux intes- tinaux charriant tantôt du chyle, tantôt du sang.

Sans vouloir interpréter ti'0[) hâtivement celte intéressante disposition (dont je n'ai pas encoi'e suirisamment éludii- la généralité et sur laquelle

G.

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.■xisleiii peut-être d'aiiieurs îles renseiguemeuts bibliographiques) . je puis (lire que, je l'ai constatée, elle s'accorde fort bien avec le rôle imj)or- tant de la valvule spirale el de la veine intra-inteslinale dans les phéno- mènes de nutrition.

Sun LES ClASMATOCITES de la peau de la SALAMA\DnE TElillESTHE

ET DE SA LARVE,

PAR M"" C. Phisalix.

(LvBdliATOIRE DE M. I.f. PHOKESSKlIi (iuAUVEAU.)

En 1890, le pi'otésseur Raavier a découvert, dans les membranes cou- jonctives minces des Vertébrés (grand épiploon des Maimnileres, mésen- tère des Batraciens adultes), de grandes celhdes spéciales qui s'ellritent en granulations, et qu'il a appelées, à cause de cette piopriélé dominante, clasmatocytes.

On sait, de plus, qui! en a suivi l'évolution en conservant de la lymphe péritonéale de Grenouille dans une cellule de verre fermée. 11 a pu voir tous les intermédiaires entre les leucocytes el les clasmatocytes constitués. Il considère donc ceux-ci comme des leucocytes . issus des vaisseaux par diapédèse, qui s'arrêtent dans le tissu conjonctif, s'y fixent, grossissent poTU' se résoudre ultérieurement en graïuilations. probablement utilisées par l'organisme.

Ce serait une évolution particulière de certains globules blancs, une sorte de sécrétion par effritement que M. Ranvier désigne sous le nom de dasmatose. Si ce pliénomème joue lui rôle dans les phénomènes nutritifs, on doit Irouver ces éléments en plus grande abondance dans les tissus en voie de prolifération active. C'esl pourquoi je les ai recherchés dans la peau de la Salamandre terrestre et de sa Larve, tissu la division cellulaire est si nette, qu'il constitue l'objet d'étude le plus favorable pour les recherches de cytologie animale. On les y trouve, en effet, à ])rofusion et avec un caractère de granileur qu'ils n'atteignent pas chez les Manunifères.

Us existent déjà chez rem])ryon. à côté des granidations vitellines, chez le Têtard pendant toute la vie larvaire; on les retrouve enfin chez les jeunes Salamandres nouvellement transformées ainsi que chez les adidtes où, du fait des mues i-épétées, la peau conserve une grande activité vitale.

Ils infiltrent tout le tissu conjonctif de l'animal, principalement au voi- sinage des vaisseaux sanguins, leur extraordinaire abondance témoigne de l'origine (pie leur attribue le professeur Ranvier. Dans la peau des Sala- mandres adultes el des larves, leurs prolongements sdlonnent le derme et «Milourent d'une couche feutnie le réseau vasculo-pigmentaire. Us suivent (nénie ce i-éseau soi' la paroi externe de la membrane des glandes à venin.

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Pour les uiettip en évidence, il suffit de delaminer ia peau d'une larve (de préférence la peau du menton ou du ventre peu pignientée) , de l'étaler sur une lame de verre, la lace dermique tournée vers le haut, de la fixer et de la colorer par la méthode de Ranvier (acide osmique à i p. loo et violet 5 B). On suit au microscope la coloration progressive, et quand elle est suffisante, on recouvre d'une lamelle et on monte à la glycérine.

Mais plusieurs autres méthodes permettent d'obtenir de bonnes prépai-a- tions que l'on peut nmnter au baume et conserver.

r/est sur ces piv|);ir;itions qu'ont (Hr faits les dessins delà ligure ci-jointe.

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Clasmatocytes dans le derme des larves de Salamandre terrestre. G. .5/io.

Parmi ces méthodes, la suivante a donné d'excellenis résultats : on ftxe la peau d'une Larve par l'acide picionitrique pendant quatieà cinq minutes, on enlève le réactif lixateur par l'alcool à 70 degrés, plusieurs fois i-enou-

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vêlé, jusqu'à ce quil ik- se colore plus en j.iMiir. ()a siuToloiv }iai' le bleu dp Unna, uoii ëtendu; lorsque la peau est (riiii Itleu opaque intense, ce qui demande, suivanl Fépaisseur, dix à (piinze minules, on dés- hydrate et on décolore parlicilement par l'alcool absolu. C'est qu'est la phase déUcale de l'opiVation, il faut saisir le niomenl le fond général de la peau devient bleu chiir et les dasinatocytes d'un beau rouge violacé. On éclaircit la préparation pai" l'essence de Girolle, on lave rapidement au \ylol. et on monte an baume.

Les dasinatocytes pn.'sentent pour le bleu de Unna la juéme élection que pour le violet 5 B; par l'un ou l'autre colorant, le noyau conserve un ton violet bleu qui tranche avec le ton violet rouge du protoplasme environnant et des prolongements. Mais le fond bleu clair les rend plus apparents, et si Ton lient à les conserver, on évite le montage à la glycérine, dans laquelle les colorants diffusent toujours.

On obtient la même élection pour le bleu de Unna avec d'autres réactifs livateurs, connue l'acide azotique à h p. loo, l'acide jtici'o-sulfurique, l'al- cool à 95 degrés, et les liipiides chromo-acélo-osmiques de Flemming et de Lindsay. Mais, après l'acide osmique seul, il ne sepro(hiit qu'une coloration bleue uni(pie pour le fond et les ciasmatocytes , qui sont néanmoins distincts par le bleu intense qu'ils présentent: mais on peut faire apparaîtie laméta- chromasie avec un evcellent fixateur en sid)stituant la ihioniiie au bleu de Unna ou au violet 5 B.

Grâce h leur élection tout ;i lait particulière pnnr les coloi-ants pri'cédents (violet 5 B, bleu de Unna, Ihioniue), à leurs dimensions énormes de quelques dixièmes de milliiuMi es à un millimètre chez la Salamandre, on peut suivre les ciasmatocytes sur les coujies en série de la peau et des autres tissus de l'animal. Sur les coupes isoh'es, il est plus i-are d'apercevoir leur corps cellulaire, mais leurs prolongements granuleux, ainsi que les granu- lations isolées, sont toujours très apparents.

Leurs formes sont capricieuses et variables: les moins différenciés ressem- blent à d'énormes globules blancs, parfois bourgeonnants; d'autres s'allon- gent eu fuseau ; les jtlus nondtreux ont une forme arboris('e dont les prolon- gements inégaux, sinqtles ou ramiliés s'('lendent dans toutes les (Urections sans s'anastomoser entre eux ni avec les voisins. Ces prolongements sont souvcnl nioniliforinesetdiscontinus, fra<'nientésen petits bâtonnels, en petites sphèi-es irrégulières, on en mie siM-ie de granulations. Ils se terminent, généralement, par un j-enllement ovoïde ou sphérique.

\ un stade plus avanc(' de lenr évolution, le noyau dis|)arait, et toute la cellule se résout ainsi en une nébuleuse cpii conserve d'abord la forme ramiliée du dasmatocyle, puis s'eiïj'ite délinitivement par utilisation pro- gressive des granulations. On trouve ainsi, sur certaines régions des con- stellations variées il ne reste plus que des fragments ii-i'c'guliers et des gramdalions pins ou moins fines, provenant de tous les ciasmatocytes qui

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oui achevé leur évolution. La nébuleuse n"a plus cduseivr' de son .'tal <-cllu- laire antérieur que son pouvoir électif pour les colorants, mais il est pro- bable quelle a accjuis son maximuni d'action el que c'est sous forme de poussière microscojiiqiie que les clasmatocytes sont utilisés pai' les tissus

voisuis.

Les faits précédents montrent l'existence de clasmatocytes dans lui organe ils n'avaient pas encore été signalés; ils se trouvent en grande abon- dance dans la peau des Batraciens. C. Phisalix en a constaté aussi la présence dans la peau des Céphalopodes, et il est proljable qu'on les trouvera dans les tissus cutanés d'autres Invertébrés. H est permis de penser qu'une grande partie des granulations ainsi disséminées, qui constituent le terme ultime d'une évolution spéciale des globules blancs, sont de natm-e cUasiasique, et qu'à ce titre, la clasmatose peut jouer un rôle important dans les phéno- mènes multiples ditnt la peau est le siège.

Sur les pRÉTEynvEs ippiNiTÉs des CrvcifÈres et des PapavébacÉes ,

PAR M. Pn. VAN TlEGIlEJI.

C'est, en Botanique, une tradition universellement acceptée de consi- dérer les Crucifères et les Papavérac'es comme unies par les affinités les plus étroites et de les ranger, en conséquence, côte à côle dans la classifi- cation. Pas de Trnité, petit ou grand, pas de Coui-s, élémentaire ou supé- rieur, où ces deux llimilles ne soient étudiées Tune aussitôt après l'autre et intimement rattachées, pas de Jardin botanique, pas d'Herbier elles ne soient cultivées ou conservées Tune tout près de l'autre. Cela vient sans doute de ce qu'elles ont en commun une corolle tétramère, un pibld ordi- nairement dimlre à placentation pariétale, un fruit qui s'ouvre habituel- lement par des fentes longitudinales à droite et à gauche de chaque pia- cente,ce qu'on appelle une silique. et que l'on a attr.ché une i;upcrtance pr/dominaute à ces trois caractères, car véritablement tous les autres sont dilL'rents.

Pour n'en rap[)eler ici que les principaux, la structure du corps végétatif, pourvu chez les Papavéracées de lacliciieres liiver ement conformés, qui manquent aux Crucifères, doué pai- contre chez les Crucilèrcs de deux sortes de cellules sécrétrices, les unes à myronate de potassium, les autres àmyrosine, qui font défaut aux Papavéracées; le calice, formé de deux sépales caducs chez les Papavéracées, de deux paires croisées de si'pales pei-sistants chez les Crucifères ; la corolle , dont les quatre pétales forment deux paires croisées, la première alterne, la seconde superpos'e au calice chez les Papavéracées, un seul verticille quaternaire alterne avec l'ensemble

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(lu calice chez les (Iriiciièrcs ; raiidrocée, compose (rim nomjjre ordinairc- inent très grand et indéterminé d'ëtamines chez les premières, de quatre ëlamines seulement, épisJpales, dont deux d 'doublées, chez les secondes; le pistil, les carpelles porlent sur clnupie placente plusieurs séries lon- gitudinales d'ovules chez les Papa véiact'cs, une seule série chez les Cruci- fères; l'ovule, analrope et épinaste chez les premières, campylotrope et hyponastc chez les secondes; la graine, enfin, munie d'un embryon droit avec un albumen chez les i'apavéracées, d'un embryon courbe sans albumen chez les Crucifères : telles sont les nombreuses ol importantes différences (pii éloignent beaucoup ces deux familles et qui déjà |»i'otestent énergique- uient contre fojjinion traditionnelle.

A tous ces caractères diiférentiels bien connus, niais jusqu'ici trop négli- gés, si l'on Aient à en ajouter deux nouveaux, on conviendra qu'il est peut-être temps de rompre enlin avec la tradition, de libéi-er ces deux familles des liens purement conventionnels qui les unissent et de les séparer d 'sonnais aussi follement dans la classification qu'elles le sont dans la na- ture. Ces deux dilférences nouvelles, (jui font l'objet delà présente petite Note, résideu! l'une dans la confoi'ination du pistil, l'autre dans lasirucfuie de l'ovule au moment de la formation de l'oeuf.

I. ConforitKitioii du pistil. Indépendant des verlicilles externes de la Heur, le pistil des l'a|iavéracées est formé de carpelles, le plus souvent au nombre de deux, allernisépales et latéraux, concrescents dans presque toute leur longueur en un ovaire surmonté soit d'autant de styles libres, soit d'un seul style termin '• |)ar autant de stigmates diversement conformés. (jCS carpelles sont largement ouverts et chacun deux porte . sur chacun de ses deux bords, plusieurs rangées longitudinales d'ovules anatrojies, hori- zontaux ou obli(piemenl ascendants à ra])hé su])éi'ieur ou externe et micro- pyle inférieur ou interne, ('j)inasfes par conséquent. En d'antres termes, l'ovaire, pris dans son ensemble, est nniloculaii-e à placentation pariétale, et chaque carpelle, pris sépai'ément , est ouvert, ;i placentation marginale |)lurisériéc.

[paiement indé])en(lant des verlicilles externes de la fleur, le pistil des Crucifères se compose aussi de deux carpelles, ahern( s avec la paire externe du calice et latéraux, concrescents dans presque toute leur longueur en un ovaire surmonté d'un style unique terminé par deux stigmates bilobés en forme de croissant, unis entre eux de manière à former deux lobes stigma- liques inlercarpellaires. Mais ici les deux carpelles sont fermés, leurs bords concrescents étant venus se joindre au centre et s'y souder par leurs épi- démies, qui demeurent distincts. Ces bords soudi's ne renferment pas de inérislèles et ne |)()rtent |)as non plus d'ovules. Les méristèles extrêmes des carpelles demeurent dans la paroi externe en face de la cloison. C'est là, dans chaque angle, ipie se forme un bourrelet longitudinal portant une

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seul*» siM'ie d'ovules campylolropes , attachés par de loiifis luuicules, hori- zontaux ou obhquement descendants, à court raphé inférieur ou externe et iiiicropyle suj)t'rieur ou interne, liypouast 's par consJfpiont. En d'autres termes, l'ovaire, pris dans son e:isembie, est hilocnlaire à placentation pariétale, et chaque carpelle, pris séparément, est ferin('. à placoutiition latérale unisériée.

De l;i, sous une apjiarente ressemblance, que li-adnit le mot de placen- l;ili(in pariétale, mie (lifTi'rence profonde dans la conformation de l'ovaire chez ces deux (amilles. Il est vrai que, sans doute pour ol)éir ;i la tradition, on cherche à climinuei- cette différence en disant que la cloison qni sépare en deux loges l'ovaire des Crucifères, parce qu'elle résulte du rapproche- ment progressif et de la soudui-e des bords carpellaires dout les épidémies demeurent distincts, est une fausse-cloison , et en décrivant tout de même conune nnilocnlaii-e l'ovaire de ces plantes. Mais alors d faudrait dire fausses aussi les trois cloisons qui séparent en trois loges l'ovaire des Liliacées et des familles \oisines, j)uisqu"elles i-ésulteut pareillement d'uue fermeture progressive des carpelles avec simple soudure des bords par leurs épi- dermes distincts. Et d'une façon générale, il faudrait déclarer fausses les cloisons de tous les pistils, très nombreux comme on sait, dout les car- pelles, d'abord ouverts, se ferment par rapprochement et sourlnre des bords, en ne regardant comme vraies que celles des pistils, également nombreux, oii la fermeture des carpelles est réalisée dès l'origine par la concrescence des bords.

Si l'on n'exprime pas de cette façon ces deux modes de fermeture, dont la distinction a fl'aillenrs sou importance et doit être faite avec soin dans chaque cas particulier, il faut reconnaître que la cloison du pistil des Cruci- fères est tout aussi vraie que celle de n'ini|iorte quel autre pistil dans le même cas, et que, par conséquent, sou ovaire doit être dit biloculaire. non uniloculaire. Ce que ces plantes ont réellement de remarquable, c'est que les jdaceutes, au lien d'y occuper comme d'ordinaire les extrêmes bords des car|)olles fernu's. ((ni sont ici stériles, sont situés sur leiu's cotés, c'est qu'au lieu d'être marginaux, ils sont l.itéraux.

11 faut réserver le nom de fausses-cloisons aux cloisons turdives, longitu- dinales ou transversales, cpùse forment parfois dans l'ovaire après la consti- tution des œufs dans les ovules, pendant la transformation des ovides en graines et du pistil eu fruit. Par exemple, la cloison longitudinale du fruit des Glaucières, parmi les Papavéracées, est réellement une fausse-cloison. Tel n'est pas, on le sait bien, le cas des Crucifères.

2. Structure de l'oeule. L'ovule anati'ope épinaste des Papavéracées est formé d'un gros nucelle , qui ])ersisle tout entier autour du prothalle lemelle au moment de l;i lormation de l'œuf, revi'lu de deux minces tégu- ments. Dans les Chélidoines [(IhelidoHium) , les (daucières (Glaurium) . les

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Argémoiies [Ai'gcnioite), elc. , II' lé{|uiiieiil e\leriK' a deux assises seiJe- menl, l'interne en a trois. Au niicropyle. tous deux sVpaissisent par re- cloisonnement Inngenliel; l'interne y dépasse le sommet du nacelle et l'externe, à son tour, dépasse un peu l'interne, de sorte que le tube polli- nique doit lra\erser successivement i'exostome et l'endostonie pour atteindre le sommet du nucelle. y pénétrer et accédei- à l'oosphère. En un mot, l'ovule de ces plantes est cra-^sinucellé ou pernucell'. hiiegminé et diplo- pore''\

L'ovule campylotrope liyponaste des Crucifères se compose d'abord d'un nucelle étroit et long, formé sous l'épidennc de quelques séries longitudi- nales de cellules, pai-fois même d'une seule, courbé dans le plan de sy- métrie et enveloppé de deux t('guments. Dans les Girollées (Clicimnlhus). les Ibérides (Iberis), les Alysses i.Hijssum), les Arabides (Arubis), les Anbriéties (/iMèrie/irt), les Vésicaires {Vesicaria), etc., les deux téguments sont minces, l'externe n'ayant que deux assises, l'interne trois. Dans les Choux (Brnssicn), les Diplotaxes (Diplota.vis), les Raiforts (Rnphamis), les Cocbléaires [Cochk'arhi] , etc.. ils sont plus épais, l'externe ayant ordinai- i-ement quatre assises, l'interne, beaucoup plus massif, en comptant jus- qu'à douze et quinze. Dans tous les cas, au niicropyle, le tégument interne dépasse le sommet du nucelle et est dépassé à son tour par le tégument externe; dans tous les cas aussi, l'épidernie interne du premier a ses cel- lides courles, allongées ladialement, el se montre ainsi neltcment diffé- rencié. Enlin, dans tous les cas. le nucelle sr- trouve, dès avant la formation de l'œuf, entièrement résorbé par la c<"llule mère du prolhalle femelle qui vient s'appliquer directement coulre l'épiderme interne ainsi différencié du tégument intei-ne; il n'a donc qu'une existence ti-ansitoire, el le tube pol- linique, après avoir traversé les deux pores du niicropyle, se trouve immé- diatemenl en contact avec l'oosphère. En un mot, l'ovule des Crucifères est ténuinucellé ou transnucellé, bitegraiué et diplopore. Par son nucelle mince et transitoii-e , il dilfère profondément de celui des Papavéracées, dont le nucelle est gros et permanent. .

3. Conclusion. A tous les caract-res diffiTcnliels rappelés plus haut. \iennent donc maintenant s'en ajouter deux auli-es : la confoi-mation du pistil, formé de carpelles ouverts à placenlalion marginale plurisériée chez les Papavéracées, de carpelles fermés à placentalion latérale unisériée chez les Crucifères, et la structure de l'ovule, perniicellé chez les ])remières, transnucellé chez les secondes. Il en faut conclure, contrairement à l'opi- nion reçue, que ces deux familles diffèrent beaucoup plus qu'elles ne se

Von- à ce sujet : IMi. vais Tiegiiem, Structure de quelques ovules et parti qu'on en peut tirer pour améliorer la Clnssijkation (Journal de Botanique, Xll, p. 197, 1898).

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ressemblent el (l()i\enl. en conséquence, être désormais fortement éioi- pnées l'une de lantre dans la Classilication, au lieu d'y être rapprochées côte à côte, comme il a été f;iit jusqu'ici.

Avant proposé récemment di^ prendre l'ovule comme base de la classili- cation des Phanérogames, notamment des Angijspermes , j'ai été amené d'abord à diviser ce sous-embranchement en deux classes : les Inovtdées et les Ovulées, puis à snbdiviser la première classe en deux ordres : les Inniicellées et les .Nucellées, et la seconde en cinq ordres : les Innucellées, les Pernucellécs unilogminées, les Pernucellécs bitegminées, les Transnu- cellées nnitegmiiiées et les Transnucellées bitegminées.

Gela étant, les Papa véracées seront classées, à côté des Fumariacées et des Capparidacées, qui ont aussi le nucelle persistant, dans l'ordre des Pernucellées bitegminées, dans le sous-ordre des Dialypétales supérovariées ou Pienonculinées, et dans Palliance des Mérislémones à carpelles ouverts, alliance dont elles sont la laïuille type el qui a reçu d'elles le nom de Papa- vérales "'.

Les Crucifères seront rangées dans l'ordre des Ténuinucellées biteg- minées, dans le sous-ordre des Dialypétales supérovariées ou Théinées. et dans l'alliance des Méristémones h carpelles fermés ou Tbéales, alliance dans laquelle, en raison de leur type floral et de leur placentatinn latérale, elles occupent une place à part. Dans le même ordre et dans le même sous- ordre, mais dans l'alliance des Méristémones à carpelles ouverts, toute proche de la précédente, viennent se ranger les Rés('dacées, qui ont aussi le nucelle transitoire et qui conservent de la sorte, dans le voisinage des (Irucilères, la place qu'on leur assigne depuis longtemps.

Kl) terminant, c'est justice de rap|)eler que déjà Mirbelen iMt!;), Lindley en i83o et i8/i5 , Agardh en iSôH, ont essayé de réagir contre l'opinion i-eçue, en insistant sur les différences à eux connues qui séparent les Crucifères des Papavéracées , et en éloignant ces deux familles. Dans la Clas- sification, Agardh, en particuliej', s'exprime en ces termes à leur sujet : "Accuratius examen utriusque ordinis apparenteni magis quam veram simi- litudiuem esse docebit: dill'erunt conformatione floris. structura seminum et [jru'cipuè gemmulis, qnœ diversum omnius lypum, me judice, incH- canli ' . Mais si la voix de ces éminents botanistes n'a pas ét(' entendue à ces diverses époques, la mienne le sera-t-elle aujourd'hui?

''> Pli. v\N Tir.;nKM, ÉUmixitH de botanique, iHlitioii, II. p. Aai el A^lO, 1898.

"^' J. Agardh, Theoria Hystematis plantarum, p. 7.'} , i8.")8.

-- 80 Le Ko-sam ou Bruceà Sumathajsa Jloxit.,

PAIÎ J. DVCOWSKI.

Au (lébul de novembre 1899, M. le sénateur Paiilial adressait à M. ie Mi- nistre des colonies, en le priant de transmettre son envoi au Jardin colonial, une certaine quantité de fruits t|u"il d('sif;nait sous le non) de kô-snm.

Dans une note accoiupagnant cet envoi , M. le sénateur Pauliat s'exprimait

ainsi :

ffLe Ko-sam est une plante de Chine dont les graines l'ont partie de la pharmacopée chinoise et annamite.

^L'amande de la graine est employée ])ar les médecins chinois contre toutes les hémorragies. Le D' Mougeot, de Saigon, a découvert qu'à la dose de 5 à (> amandes prises le malin écrasées dans de la mie de pain , le Kô-sam ('tait souverain contre les dysentei'ies les plus pernicieuses des pays chauds.

fLe Kà-sdiii est vendu couramment dans les pharmacies indigènes de la Cochinchine, mais les pharmaciens et les médecins annamites et chinois ne peuvent dire de quelle province de Chine il est tiré et quelle est la plante dont il provient.

"Il y aurait certainement heu d'en essayer la cultui'e.

fil a reconnu que la maladie dont meurent les envoyés aux colonies est, dans les quatre cinquièmes des cas, la dysenterie. Or, de l'avis du D' Mou- geot qui en fait un emploi journalier à Saigon, cette maladie ne résiste pas au Kô-sam.

"On voit quel intérêt considérable présente cette plante.

n'M. le D' Pozzi fait des essais et il va faire faire des analyses chimiques, afin de dégager l'alcaloùh^ ou les éléments actifs du kô-sam.-n

M. le D' Pozzi , à qui je demandai de vouloir bien me faire connaître les points principaux du rapport du D"" Mougeot, qu'il avait en sa possession, eut l'extrême complaisance de me confier le rapport lui-même.

Cet écrit, ([ue je dois me contentei' de résumer, présente un très réel intérêt. Tout d'abord le D' Mougeot y déclare que, malgré ses recherches, il n'a pu déterminer à quelle plante appartenaient les graines qu'il pré- conise. Toutes les recherches auxquelles il a pu se livrer sont demeurées infructueuses, de même que tous ses essais de semis sont restés vains*''.

'■' Dans une iellre portani la date du .3i janvier, Al. le D' .Mougeot s'exprime ainsi :

ffj'ai clierclié un peu partout pour me reuseigner sur re Kô-sam que quelques médorins lettrés chinois cl annamites écrivent Kliô-sàni. En langue annamite, tvliô-sàm signifie gentiane. J'ai consulté la Flore eochincliinoise de Loureiro.

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Gesl tloiic siii' ce preiniei- |joint que de\;ueiit toiif d aboid imhIit nos recherches.

Une élude du inédicameut nous monlra ((ii'il s'agit non d'une graiui', mais d'un fruit. Ce fruit, qui est une petite drupe, présente à sa surface un aspect réticulé du à la dessiccation de la partie charnue, peu abondante d'ailleurs et ne présentant que 3 ou 3 iniUiinètres d'éj)aisseur. Il est de forme elliptique légèrement insymétrique ;i la hase et terminée par une partie faiblement acumiuée. Sou plus grand diamètre mesure 8 à 9 milli- mètres. A l'intérieur du noyau peu résistant, on trouve une graine ridée. Elle résulte d'un ovule anatrope dressé. La graine est entourée d'un péri- sperme qui est très peu abondant et que Ton est en droit de considérer comme résultant d'une maturation incomplète de la graine, (l'est cette ma- turation incomplète qui expliquerait d'une paît l'aspect v'uW' de cette graine, d'autre part le fait signalé par le D' Mougeot, à savoir, qu'il n'a jamais pu , quelques précautions qu'il ait prises, les faire germer.

Les caractères généraux de ce fruit semblaient indiquer qu'il s'agissait d'une Simaroubée. quelques coupes faites dans des fragments de pédicelles tloraux nous ayant fait écarter la possibilité de i-attacher cette graine à d'autres Himilles dont elle possédait certains caractères ( Araliacées).

Des i-echerches faites à l'hei-bier du Muséum nous ont permis de re- trouver la plante à lacpielle se rapportent les fruits du Kô-snm. Je dois remercier ici M. Poisson du bienveillant concours ([u'il voulut bien me prêter dans ces recherches.

11 s'agit d'une Simaroubée: c'est le Gonus ainarissinius L. ou Brucea Sumalrnna ViO\h. Ainsi que nous l'avions prévu, de nondjreux exenq)laires de la plante, recueillis par Balansa et portant les dates de i885 à 1889. figurent à l'hi^'hier et la montrent sous tous ses aspects.

Le Brucea Sumatrana est un ai'buste de •! mètres Ae hauteur environ, dont l'aire géographique comprend Java, Sumatra, les Philippines, le sud de la Chine et toute llndo-Chine.

Ce premier poiut étant élucidé, il nous reste à examiner la partie du i-apport du D' Mougeot ayant trait aux propriétés thérapeutiques de la plante. Les fruits du Kô-Sam présentent à cet égard un réel intérêt, qjii est nettement mis en lumière par les observations cliniques du W Mougeot. Celles-ci portent sur 879 cas. qui ont donné :

799 guérisons complètes en trois à six jours:

^Elle dislingue deux sortes de Kô-sam :

ff Le Khô-sàni lioa vàng, trnduclion : gentiane à tleurs d'oi'. Loureiro l'appelle Hobiiiia initis, Linné. Sp. U habitat agrestis in China, raro in Cochinchina , etc.:

tra" Le Khô-sam lioa tiâ. gentiane à fleurs ronge sombre : liobinia amarn.. .

«M. Pauliis Cua, le grand leltré en caractères chinois. . . veut que ce soil le fruit d'un Panav : Panax Jrucluomm. . . , etc.

D'autres , enfin, en font le Iruil de la Rue sauvage. . (]Vst le cluios!. . . -i

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07 cas ayant demandé une quinzaine de jours;

i5 cas de malades Irop affaiblis ri envoyés à l'hôpital sans améliorations a|tpi'écial)les ;

(S insuccès complets.

Les procédés suivis |>ar les Annamites poni' administrer le médicament sont variables. Lelruitesl tantôt donné entier ou pilé, cru ou f}rillé, tantôt la praine seule est administrée : c'est à ce dernier procédé que s'est arrêté le D' Mongeot. Il conseille d'adminisirei' de 0 à lo graines inie première fois et 10 à 1-2 les deux jours suivants.

Je sus plus lard que le kà-siim était utilisé à Java j)ar les médecins lio'landais et (pi'il donnait, encore, les plus heureux résultats. Mais nulle étude chimique (ui physiologique n'a jusque-là été entreprise.

Ce sont donc ces études qu'il importail d'entreprendre.

MM. Bertrand et l'hisalix voulurent bien se joindre à moi pour ('ludier les Fruits de Bruccii et déterminer la nature de ses principes actifs aussi bien (pie leur action sur l'organisme.

Knfm j'ai confié une certaine quantité de ces fruits à M. le D' Loir, directeur de l'Institut Pasteur à Tunis, afin de compléter les indications cliniques déjà si nettes cependant que fournit M. le D' Mougeot dans le ra|)|K)rt résumant ses observations. IJénéliciant des données fournies par les nombi-euses autopsies qui ont été pratiquirs par les soins du D' l'hi- salix, elles pourront aider à déterminer plus nejleinent l'action utde de ce médicament.

Sun LA COMPOSlTlOiy CUIMKjUli ]>U hf)-SAM, PAR M. (IaB. BlîRTItAM).

Comme complément naturel des intéressants détails que M. Dybowski \ient de donner sur le Kô-sam. j'ajouterai fjuelques mots sur les pi-emiers résultats que jai obtenus en faisant l'analyse chiuiique de ce fruit.

Quelques dosages préliim'naires ont d'abord montré que cent parties de Kô-sam reiifermenl :

Kaii (j. I 5

Huilo jji as^^e j 9.50

Extrait airooliquo /i.3o

Tissu el malièros azotées 6 1.^1 G

Ceiulres 5.5(j

Je me suis ensuite as.suré, à l'aide d'essais physiologiques exécutés sur la Grenouille, que l'aclixité du médicament réside dans l'amande.

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laquelle représente seiiieineni 89 centièmes du poids lolal du lv('»-sani. L'huile, tout entière renfermée dans cette amande et dont la couleur verte, due à une petite quantité de chlorophylle, est, comme le péricarpe, dé- pourvue d'action spécillque '"'. (l'est dans les substances extraites par l'alcool qu'on trouve le principe actif, la hosamine , comme je propose de l'appeler.

Malgi-é son amerluine extraordinaire, la kosaniino n'csi pas un alcaloïde; elle se rang.' b"eu plutôt au voisinage de ces corps qu'on désigne hahiluelle- meiit sous le nom de glucosides, parce qu'ils engendrent un sucre réducteur ou glucose quand on les dédouble, notaiinnent par ébullilion avec les acides étendus: cependant je ne suis pas encore fi.xé sur ses produits de dédou- blement.

La Ivosfinn'ne est pratiquement insoluble dans la plupart des dissolvants aidiydres : l'éther fie pétrole, le sulfure de carbone, le chloroforme, etc. Elle se dissout focilenient , au contraire , dans i'eau distillée et l'alcool aqueux (même à 96 p. 100). Elle n'est précipitée ni par l'acétate neutre, ni par le sous-acétate de plomb, etc. (l'est en se basant sur ces propriétés qu'on peut séparer successivement la kosamiîie des diverses substances : huile. H'sine, acides, etc., qui l'accompagnent dans l'amande.

Je n'insisterai pas davantage aujourd'hui sur les propriétés chimiques de la kosamine, espérant y revenir (juand une provision suffisante de fruits m'aura permis d'en compléter l'étude. Jusqu'ici, le Kô-sam est encore une drogue rare. Ce (jue je viens d'en dire suffit pour arrêter les meilleures formes pharmaceuti(pies sous lesquelles on doit rem|)loyer, et j'ai ciu plus utile, au lieu de satisfaire ma curio-ité de chimiste par des réactions tou- jours destructrices, de remettre ce que j'avais extrait de principe ac'.if à M. le docteur Phisalix poiu' «pi'il en (hH^rmine les principales propriétés physiohtgiques.

COSTRIBUTIOS À l'ÉTVDE PHYSIOLOGIQUE DU Ko-SÀM ,

PAR M. C. Phisalix.

La solution de kosamine, telle qu'elle m'a été remise par M. Bertrand, correspond à deux grammes de fruit par centimètre cube. Elle est extrême- ment active; à haute dose, elle détermine, chez les Mammifères (Chien, Lapin, Cobaye), des accidents graves et des lésions caractéristiques.

'1'' En réiilité, une Irnce de principe amer existe dans riuiile et dans le péri- carpe des plus jeunes fruits. En épiiisinl riinile par l'eau alcoolisée, évaporant à sec dans le vide et reprenant le petit résidu par l'eau, on obtient en solution un corps tout au moins analogue à la quassine. Peut-être, nno p'Iite <pianlilé do quas- sine accompa;{ne-t-elle la kosamine.

8/i

(l'est (l'aljord mi lalcntisseiiieiiL des iiiouvemeuts respiratoires. (|ui de- viennent plus aiiipies; mais cette action est passagère: puis surviennent des vomissements de mucosités d'abord bilieuses . puis sanf>;uinolenles et de la diarrhée: l'animal est trisle, abattu: il reste immobile el se refroidit profjressivemenl: les mouvements sont de plus en plus dilïiciles; le train de derrière oscille: la sensibilité s"atténue; enlin il tombe dans un état co- mateux fjui se lei'uiine par la mort. A l'autojjsie. ou trouve une inllamma- tion caractéristique du tube digestif et des reins; le sang du cieui- gauche, aussi bien que celui du c(eur droit, est noir, sirupeux, incoajjulable; les glo- bules rouges, gonllés et arrondis, sont agglutinc's en une Jiiasse visqueuse; l'hémoglobine a diffusé dans le pln^ima et cristallise presque immédiatement sur la lame de veri'e de la iir.'paration ; les globu'es blancs, très nômbi-eux. sont aussi attaqués pai- le poison ; dans un grand nombre , on voit apparaître le noyau claii', homogène, dans un protoplasma ('gaiement clair avec une membrane d'enveloppe bien limitée; en un mol, il ) a une hyperleucocy- lose avec desli'uction partielle des globules. Voici, à titre d'e\enq)le, une expérience sur le Chien :

Expérience. Chienne on elul de hicUilioa à jeiiu, 1* = 8 lvilu|;. 'loo. Tenipéi'a- rure= 39,3. A 9 lionrcs ho, on inocule dans la veine siplièno 2 centimètres cuhos l't demi tic la soluliim du kosaniine.

A peine l'injection est-elle tuile, (pie l'animai lait des mouvements de dé;[hili- lion et salive, pais il esl très afjité. ne peut rester en phice. Mais au bout de 10 minutes, il commence à se calmer; 90 miaules api'ès Tinoculation surviennent des vomissements di' mucosités spumeuses; il y a émission d'urine, l'animal esl trisle, reste couché, reluse le sucre. Les vomissements se produisent à peu près toutes les 90 minutes; dans la mucosité bilieuse, on Irouve dos amas àa i\éma- lodes morts. Bienl(jt au\ vomissements viennent s'ajouter les déjections diar- rliéi(|ues. L'animal se refroiilit ; vers deux lieui-es, sa lempéralure a baissé d'un degré, on observe un tVissonnement général et on voit se produire sous la peau des trémulalions tibrillairos des niusiles. Il sort du sang par la vulve. De 9 lieures a (i liemcs, les vomissemenls persistent el deviennent sanguinolents: le mucus est épais, couleur cliocolal. Les déjections sont beaucouj) plus rares tjue les vomissements; vers la tin, elles sont aussi sanguinolentes. A 6 heures, la tempé- rature est à 38 degrés, l'animal a toule sa connaissance.

Le lendemain malin à 9 heurtas, on le Irouve nmrt, encore cha({d: à i'aulopsie, dans l'abdomen on constate, à première vue, la congestion de tout le tube di- gestif, mais elle ne donne qu'une taihle idée de rinflammalioii considéralile de la iniiqueuse, qui est d'un rouge intense, infiltrée de sang noir dans toute sa hau- teur, excepté toutefois au niveau du pylore; la muqueuse œsophagienne esl in- tacte.

f)ans I intestin, on trouve encore des Némalodes morts au milieu du mucus sanguinolent. Les reins sont exlrèmemenl congestionnes; la capsule est fendre, luisanle, d'un vouge violacé. A la coupe, on ne dislingue pour ainsi dire pas la substance corticale de la substance inéilullaire: le tissu esl infiltré de sang noir et on voit a la loupe les arborisations terminales des glomérides de Malpighi. On

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pouvait s'allendre à trouver de l'urine sanguinolente dans la vessie; cependant ■elle est presque vide; il y a un peu d'urine légèrement trouble et ne contenant ni sang, ni albumine, ni sucre. Le foie est un peu congestionné, et la vésicule biliaire est distendue par la bile.

Dans le péricarde, il y a un peu de sérosité claire. Les parois du cœur sont fortement vascularisées. Le sang est noir, visqueux, non coagulable; Tliémoglo- bine a diffusé, et le stroma des globules forme une masse continue agglutinée. Ce sang reste incoagidé et résiste plusieurs jours à la putréfaction.

Les méninges cérébrales sont fortement congestionnées.

Si l'on augmente ia dose du poison , on ne diminue pas sensiblement la durée de la survie , et les phe'noniènes e'voluent à peu près de la même ma- nière. C'est ainsi que, chez un Chien de 5 kilogrammes, rinoculalion intra- veineuse de 6 centimètres cubes a tué l'animal en 12 heures, avec les mêmes symptômes que précédemment.

Dans une autre expérience, la dose était encore uu peu plus élevée : 1 2 centimètres cubes pour un Chien de 10 kilogrammes. L'inoculation a été faite en une heure par fractions de 3 centimètres cubes dans la veine saphène: un manomètre donnait la pression du sang dans la carotide et on inscrivait en même temps les mouvements respù-atoires. Oi", pendant plus d'une heure , il ne s'est pas produit de modification sensible dans la pres- sion; seul, le rythme respiratoire s'est ralenti (6 mouvements par minute) dix minutes après la première injection ; mais cet effet a été très passager.

L'altération du sang ne se fait qu'avec une certaine lenteur, si l'on en juge d'après les phénomènes de coagulabihté. C'est ainsi qu'un tube de sang retiré de la carotide, quatre heures après l'inoculation intra-veineuse d'une forte dose de kosamine, s'est coagulé eu une minute et demie et ne différait pas, à l'œil nu, du 1" tube témoin. Il semble, d'après cela, que la kosamine n'agit pas d'emblée, à la manière d'un poison chimique, et que son action physiologique résulte peut-être d'un phénomène fermentatif se- condaire. Celle hypothèse paraît plus vraisemblable si l'on étudie les effets de cette substance sur la Grenouille. On peut introduire dans le péritoine d'une Grenouille 1 cent, cube 5 d'une solution de kosamine sans amener la mort. Le poison agit presque immédiatement sur les centres nerveux : l'animal est dans la stupeur, les mouvements s'affaibhssent, et, au bout de dix minutes, il reste immobile dans la position ou l'a placé; les mouve- ments du plancher buccal se ralentissent et deviennent plus amples : de 120, ils tombent à 2 4 par minute. La sensibilité persiste , mais l'animal ne répond que faiblement et avec une certaine lenteur aux excitations les plus foi-tes. Les nerfs et les muscles ne semblent pas touchés par le poi- son; l'excitabilité du sciatique est seulement un peu affaiblie.

Ces phénomènes disparaissent peu à peu; au bout de trois heures, la Grenouille commence à se mouvoir un peu et respire mieux; douze heures après l'inocidation , elle paraît guérie; il ne persiste qu'un peu de parésie Muséum. ti. 7

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musculaire, qui s'accroît vite par la fatigue; les jours suivants, elle paraît remise; cependant la mort peut arriver tardivement.

Si l'on admet l'hypothèse émise plus haut, la kosamine aurait une action directe [primitive sur les centres nerveux et la respiration , action qui se produirait seule sur la Grenouille et, au dëbut de l'intoxication , chez les Mammifères , et une action indirecte secondaire résultant d'une réaction de l'organisme chez les animaux h sang chaud , et qui se manifesterait surtout pai- une modilication du sang et des troubles dans les échanges.

Voie (l'inlroduction et doses. En injection intra-veineuse, la dose minima nécessaire pour tuer un Chien de 8 kilogrammes en lo ou 12 heures est de un centimètre cube, ce qui correspond à o gr. 26 de Kô-sam par kilogramme d'animal. Avec un demi-centimèli-e cube , on pro- voque encore des accidents généraux, vomissements et d^5fécation, mais ils ffont peu intenses et passagers.

Par la voie sous-cutanée , la dose mortelle minima est environ le double. Un Chien de 2 kilogr. 270 a succombé en 12 à 10 heures à l'inoculation de o cent, cube h de solution de kosamine. L'action locale est pour ainsi dire nulle.

Pai- la voie stomacale, il faut une quantité quatre à cinq fois plus grande que sous la peau pour amener la mort. Un petit Chien de la même portée que le précédent, pesant 1 kilogr. 670, est mort en 20 heures avec 1 cent, cube 6 de la même solution. Et, chose curieuse, les lésions de la muqueuse digestive sont beaucoup moins accentuées que celles du petit Chien précédent.

Chez le Cobaye, de 5oo grammes environ, il suffit de 0 cent, cube 2, sous la peau pour tuer l'animal en 20 heures; dans l'estomac, o cent, cube 8 ont amené la mort en 80 heures; cela correspond à 0 gr. 8 dans le premier cas et à 3 gr. 2 dans le second, p;ir kilogramme de Cobaye.

Les symj)tômes sont h peu près les mêmes que chez les Chiens : abais- sement de la température, frisson, trénudations fibrillaires des muscles; les vomissements n'existent pas , mais sont retiq)lacés par du hoquet. Mêmes lésions. Toutefois l'inllammation de la muqueuse digestive est moins vive.

En résumé, à faible dose, la kosamine est un éméto-calhartique et un cholagogue. Elle paraît exercer une action toxique sur les nématodes et les taenias du Chien. D'après quelques essais, elle posséderait aussi une légère action anti-microbienne. C'est probablement à ces propriétés qu'elle doit ses vertus anti-dysentériques. A doses plus fortes, elle est un poison du sang dont elle détruit les globules et (ju'elle rend incoagulable. Mais ce qui la caractérise, c'est l'action élective qu'elle exerce sur la muqueuse stomacale et intestinale, el sur les reins.

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Sur vyE nouvelle espèce minérale, la Pseudocalcédonite,

PROVENANT DU SOL DE PaRIS ,

PAR M. A. Lacroix.

L'étude optique montre l'extrême complexité des jn-oduits siliceux, dé- signés sous le nom de calcédoine, et de ceiu qui consliluent les agates et onyx siliceux. Ils sont constitués par des minéraux fibreux, souvent associés dans un même échantillon, et accompagnés d'une petite cpiantité d'opale, de quartz cristallisé, etc. L'attaque par l'acide lluorliydrique fait voir qu'ds sont formés par de la silice pure, comme le quartz lui-même. La calcina- tion fait percb-eaiLX échantillons un peu de leur poids, en même temps que leur translucidité, mais il suÛît d'inunerger dans un liquide ou dans du baume de Canada une plaque mince taillée dans une calcédoine calcinée , pour lui faire reprendre sa transparence ; il est facile de constater alors que la bii'éfringence des fdjres cristallines n'a pas été modifiée. Cette perte de poids est due à la déshytb-atation de la petite cpiantité d'opale, variable avec les échantillons, qui est associée aux fibres bii-éfringeutes et constitue le dernier témoin de l'état primordial par lequel sont passées les calcédoines.

Des travaux récents ont montré que parmi les produits siliceux qui forment les calcédoines, il y a lieu d'établir deux catégories. La première est constituée par ce que j'appellerai la calcédonHc : les fibres sont d<^ signe négatif, mais le minéral est en réalité biaxe et o|)tiquement positif. Une même fibre présente suivant sa longueur des variations continues de biré- fringence, oscillant entre un maximum un peu supérieur à celui du quartz , et un minimum fourni par des parties presque complètement éteintes, cor- respondant aux points dans lesquels l'examen en lumière convergente permet de constater l'existence d'une bissectrice positive avec des axes assez rapprochés. M. Michel Lévy a expliqué cette curieuse structure par un enroulement, autour des fibres, de la bissectrice iig-, qui reste toujours perpendiculaire à la direction de celles-ci.

La seconde catégorie de produits fibreux constitue les quartzincs , allon- gées suivant la direction de n^, de n,„, ou suivant des directions plus com- plexes dans le plan n^- n,„, et dont quelques-unes (/«/t'c/Ve) offrent des grou- pements complexes étudiés par M\I. Michel Lévy et Munier-(Jhalmas dans les pseudomorphoses siliceuses du gypse parisien. Les ([uartzines sont, elles aussi, biaxes et optiquement post/fW. De même que les calcédonites , elles doivent être considérées comme des manières d'être particulières du réseau du quartz, et leurs relations intimes avec le quartz doué du pouvoir rota- tatoire ont été mises hors de doute par M. Michel Lévy , puis par M. V^'al- lerant.

Ce long préambule était nécessaii-e pour établir l'individualité très nette

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du nouveau minéral qui fait l'objet de cette Note. Il constitue en presque totalité ou en lotalih' des calc('doines, ne se distinguant par aucun ca- ractère extérieur ou chimique de colles que forment la calcédonite ou les quarlzines, mais ses propriétés o[)tiques sont très différentes de celles de ces <lerniers corps.

Les libres sont négatives, comme dans la calcédonite, mais, à l'inverse de celle-ci, elles présentent une biréfringence uniforme sur toute leur lon- gueur; de plus, elles coïncident en direction avec la bissectrice aiguë, qui est négative, (a V=^ petit.) Non seulement le minéral est d(^ signe op- tique différent de la calcédonite et des quarlzines, ce qui ne permet pas de le ranger dans le groupe du quartz , mais encore sa biréfringence maxi- mum (ng- nj,) est d'environ o,oo/i5, c'est-à-dire plus de deux fois moindre que celle des minéraux précédents.

Les caractères différentiels de ces minéraux sautent aux yeux quand ils sont associés en zones concentriques dans un même échantillon, ce qui n'est pas rare. Je propose de désigner ce nouveau minéral sous le nom de pseudo- calcédonite ])0ur rappeler le caractère, commun avec la calcédonite, tiré du signe négatif de son allongement, qui l'a fait confondre jusqu'ici avec ce minéral.

La pseudocalcédonite joue par rajiport au quartz le même rôle que la crislobalite vis-à-vis de la tridyniite. Il en diffère par sa résistance à l'action des alcalis, sa densité (2,5 environ) et pm- l'absence du changement d'état réversible à 176 degrés c, qui est caractéristique de la cristobailite.

L'échantillon le plus pur de pseudocalcédonite que j'ai observé fait partie de la collection du Muséum ; il a été trouvé en i83/i à Paris, dans des louilles faites au milieu des assises du lutétien supérieur (caillasses) des environs du Val-de-Grâce. Je l'ai incidemment cité dans mon mémoire sur le gypse parisien '''. Ce minéral paraît du reste fort répandu; je l'ai re- trouvé notamment dans des liions métallifères (Ghûteaulaudren, la Poype), dans des amygdales de roches basaltiques (Madagascar), etc.

"' Nouvelles Archives du Muséum, l. L\, p. 268, 1897.

BULLETIN

DU

MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE.

ANNEE 1900. - N" 3.

- ->*<=--

/iS*^ RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSEUM.

27 MARS 1900.

PRESIDENCE DE M. A. (lALIDin,

ASSESSEUR DU DIRECTEUR DU MUSEUM.

M. LE Président doposo sur lo hurcau lo deuxième fascicule du Bulletin pour l'année 1900, paru le 9A mars; ce fascicule contient les communications faites dans la réunion du 20 février 1900.

Il annonce que rassemblée des professeurs, afin de reconnailre les services qu'ils ont rendus au Muséum, a nommé Correspotidants : M. AuG. DoLLOT, in[>énieur, et le professeur M. A. -G. Nathorst, de l'Académie des sciences de Stockholm.

Il fait part à la réunion de la mort de M. le D"" Henri Beau- regard, décédé à (lannes le 26 mors, à l'âge de ^8 ans. M. Beau- re};ard avait été attaché pendant près de dix-huit ans au lahora- loirc d'Anatomie comparée, d'abord en qualité de déléjjué aux loiictious d'aiib'-naturaliste (1881), puis, à partir de i883, en (|iialilé dassislant. Ce naturaliste distingué avait re'signé, en no- vembre 1898, ses fonctions au Muse'um pour occuper, à l'Ecole supérieure de Pharmacie, la chaire de Cryptogamie, devenue va- cante par la retraite de M. Marchand. Le D' Bcauregard s'était fait Muséum. vi. 8

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remarquer jiar des lra\au\ iiii[)orlaiils sur i'Anatouiie comparée, la Zoologie et la Botanique. Il était clievalier de la Légion dlion- neur.

CORRESPONDANCE.

M. CiiAFFANJON, dans une lettre adressée de Vladivostok, le 6/1 (i novembre 1899, à M. le Ministre de Tlnstruction pubiiijue et com- muniquée à M. le Directeur du Muséum, aunonce Tenvoi de col- lections d'histoire naturelle , recueillies dans le cours de Tannée 1 S99, et donne les détails suivants sur les observations qu'il a faites, dans la vallée du Souifoun et au sud du lac Hanka, sur les migrations des Oiseaux :

Au moment de h\ mioralion vers le Nord , les Palmipèdes et les Kclias- siers de toutes sortes se réunissent , paraît-il , sur les bords et dans les ma- re'cages du Yang-tsé-Kiang , remontent la côLe et gagnent la Corée par le travers du golfe du Petcliili , suivent les bords de la mer du Japon et ga- gnent les régions amonriennes et le Nord de la Sib('rie par la vallée du Souifoun et de rOussouri.

Je fus, en effet, témoin d'un phénomène \raimeni c.vtraordinaire, auquel je n'avais jamais assisté de ma vie d'explorateur.

Dès la [)oinle du jour, des bandes d'Oiseaux, de Palmi[)èdes surtout, s'avancent vers le Nord avec des rapidités qui varient suivant les espèces, forment de véritables taches dans le ciel, et les vols se succèdent si rapi- domcnt et si nombreux, qu'on croit rêver. Si la nuit est claire, on entend des cris d'Oit's, de Cygnes, de Canards et d'autres es])èces qui glissent dans l'air à des bautem-s variables, souvent rasant le sol ou suivant le com-s de la rivière.

Tous les liabitanis de la région se livrent, à cette époque, de vérita- bles hécatombes (le gibier: des escouades de soldats chasseurs y son! mérap envoyées. 11 s'est formé des sortes d'associations de chasseurs dans les villages, de façon à préjjarer le gibier on à le conserver en glacières. C'est par charretées cpi'on transj)orle le gibier, et j'ai vu plusieurs chasseurs qui. n'ayant tué qu'une centaine (fOies dans la journée (car les Canards et autres espèces ne comptent pas), considèrent la chasse conmie très mau- vaise.

Il se produit à cette époque, presque simultanément, deux courants de migrations : les Oiseaux qui se rendent dans l'extrême Nord passent les premiers; ceux qui restent dans la région viennent ensuite, et on voit apparaître successivement les Oies, les Cygnes, les Canards, puis les

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Ecliassiers de toute soile; eufiii les Passereaux forment comme rairière- gaide de ce monde de volatiles du Nord.

M. Ferrière, chef de poste au Congo français, dans une lettre écrite sur la Sanga, à bord du Thiriet. le -2 5 décembre i<^99, annonce sa piochaine arrive'e en France. Il rapporte quelques lu- sectes, Poissons, Reptiles, etc., qu'il remettra au" Muséum.

M. Bastard a envoyé de Madagascar une Genelte de Schlegel ( Viverricula Schlegeli) vivante.

M. LE COMTE Léontieff a déposé à la méjiagerie du Muséum un Guépard et un Caracal, qu'il a rapportés d'Abyssinie, et un (lyno- céphale Doguera provenant de même pays et donné au Muse'uiii par M'"' Marie Des|)lanches.

M. Bi^GER a fail don. à la ménagerie du Jardin des Plantes, d'une Antilo[)e [Cephalophus dorsalis) raj»porlée de Grand-Bassam par M. Dandy.

M. Weissenthaner a ofl'erl au niènu> établissement un Bdéogale à pieds noirs [Bdeogalus nii>rij/es) rapj)orté de la côte d'Ivoire par son fils.

M. Baron, agent du Service maritime postal, a rapporté du Congo et donné au Muséum deux Cercopithèques [Cercopilhectis Diana et C. Brazzœ) et un Cercocèhe [Cercocelnis coUaris).

M""" Etiennot a donné un autre Cercocèhe [Cercocebm avilis) cai lun'' dans la région de Soudima (Congo trançais).

8.

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M. Gekiroy Canada a oITerl deux Aiyrelles vivantes des AnliHes ( A rdea en n tluVissima ) .

Un Phacochère (y\\'n(\yn' (Phacorluerus ((fricaiiiis) cl deux Pélicans (TAiisIralie { Pclrcamis ronsplcillatus) ont élé ac(juis (hi Jardin Zoo- lo;;i(Hi(' (TAnveis.

Il est à la ménagerie un Lièvre de Vidnirome {Dolicholis pata-

P;irini les entrées les plus iinporlanles (jui oui eu lieu r(''cein- nieiil an laboratoire (rEiiloiuolojjic, M. le prolcssciir Bou\ ikk signale les suivajites :

He'niiplères , Urlho])(ères cL